Éloge des bas bruns

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Éloge des bas bruns

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Il y a les petits bonhommes verts qui nous collent des contraventions, et il y a les bas bruns qui viennent évaluer nos maisons au nom de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, mieux connue sous le nom de "SCHL". Ces fonctionnaires estiment généralement votre maison aux trois quarts de la valeur que vous lui accordiez. Mais ne vous en plaignez pas : ce sont eux qui ont protégé l'économie canadienne contre le dérapage que connaissent nos voisins du Sud.

Si vous avez acheté votre première propriété avec une mise de fonds de seulement 5 %, vous avez dû payer une prime à la SCHL pour obtenir une garantie de vos paiements à la banque. En raison de la taille et du statut d'organisme gouvernemental dont jouit la SCHL, les banques ont du mal à la concurrencer dans le marché des consommateurs moins fortunés. Autrement dit, contrairement aux banques américaines très présentes dans ce marché, les banques canadiennes ne peuvent y accéder que si elles sont appuyées par une garantie gouvernementale.

Du fait qu'elle est la propriété du gouvernement, la SCHL a comme autre avantage de ne pas être soumise aux contraintes liées à la Bourse. Ce n'est pas le cas de Fannie Mae et de Freddy Mac, les deux soeurs américaines de la SCHL. En fait, la première, créée par Roosevelt au moment de son New Deal en 1938, a été privatisée en 1968. La deuxième, Freddy Mac, a été fondée en 1970 dans le but de faire concurrence à Fannie Mae. Cotées en Bourse, Fannie Mae et Freddy Mac étaient vulnérables à une éventuelle crise de confiance dans l'immobilier. C'est exactement ce qui s'est produit : après avoir perdu confiance dans ce marché, les actionnaires de Fannie Mae et de Freddy Mac ont massivement vendu leurs actions, entraînant alors une très forte baisse de la valeur de ces entreprises. Le gouvernement étant le seul et unique actionnaire de la SCHL, cet organisme n'est pas soumis aux états d'âme des spéculateurs.

Vous me direz que le gouvernement américain a finalement pris le contrôle de Fannie Mae et de Freddy Mac. En fait, il s'est placé en garantie et a changé les patrons de ces sociétés au début de septembre, mais les hypothèques dans les portefeuilles n'appartiennent pas au gouvernement. Ces entreprises demeurent en Bourse, malgré l'intervention massive de l'État. Autrement dit, le gouvernement s'en porte garant, mais ne profite pas du potentiel de gains, qui appartient aux détenteurs d'actions.

Nos économistes, qui chantent habituellement les vertus du marché, ont dû se raviser. Ils acceptent maintenant de parler d'un nécessaire renforcement de la réglementation. L'expérience canadienne devrait les pousser à favoriser l'intervention du gouvernement. Elle nous enseigne que dans certains marchés, comme celui des prêts aux moins nantis, le gouvernement doit lui-même être en affaires pour éviter de fragiliser toute l'économie.

Il y a aussi un autre avantage à ce que le gouvernement finance les maisons des plus démunis : ceux-ci ne seront plus exploités par les banques. N'oublions pas que les institutions bancaires américaines ont prêté de l'argent à ces pauvres gens à des taux abusifs, et que c'est cette pratique qui a créé la bulle immobilière. À bien y penser, nous devons nous compter chanceux d'avoir nos "bas bruns" de la SCHL.

FRANÇOIS REBELLO est consultant sur les questions éthiques et d'investissement responsable pour plusieurs grandes sociétés québécoises.

frebello@videotron.ca

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