Colarome, à la rescousse des Goliath alimentaires


Édition du 25 Janvier 2014

Colarome, à la rescousse des Goliath alimentaires


Édition du 25 Janvier 2014

«Notre grand défi technologique a été de rendre les pigments naturels insolubles pour pouvoir enrober des bonbons ou pour fabriquer des glaçages à gâteau» - Robin Côté, président et fondateur de Colarome

Au moment où des milliers de parents du Canada et des États-Unis s'inquiètent des effets nuisibles sur la santé du jaune no 5, le colorant alimentaire utilisé notamment dans le Kraft Dinner dont leurs enfants raffolent, une petite entreprise québécoise pourrait bien venir à la rescousse des Goliath alimentaires de la planète.

Grands utilisateurs des colorants synthétiques, les fabricants de plats préparés, de jujubes ou de vitamines devront tenir compte des inquiétudes des consommateurs et des nouvelles règles gouvernementales en Europe et bientôt en Amérique du Nord s'ils ne veulent pas voir leurs produits mis au ban.

«Tout a commencé au Royaume-Uni par la publication, en 2009, d'une étude scientifique très sérieuse de l'université de Southampton, qui concluait que six colorants alimentaires artificiels augmentaient l'hyperactivité et le déficit d'attention chez les enfants», dit Robin Côté, président et fondateur de Colarome.

Fondée en 1998, la petite entreprise de Saint-Hubert fabrique des colorants naturels à partir de plantes qui proviennent des quatre coins du monde : chou rouge du Québec, curcuma de l'Inde, rocou du Brésil... Elle en extrait des pigments naturels pour fabriquer une palette d'une dizaine de couleurs vives capables de remplacer les colorants artificiels les plus utilisés dans l'industrie alimentaire.

Le fer de lance Vivapigments

«Notre grand défi technologique a été de rendre les pigments naturels insolubles pour pouvoir enrober des bonbons ou pour fabriquer des glaçages à gâteau», explique Robin Côté. Il aura fallu cinq ans de recherche pour encapsuler ces pigments naturels dans une petite enveloppe de protéine de riz. Et c'est sur cette technologie unique d'enrobage appelée Vivapigments, aujourd'hui brevetée, que la société a amorcé son décollage commercial, d'abord en Europe en 2010, puis maintenant aux États-Unis, marché où ses produits sont distribués par l'américaine Food Ingredients Solution. C'est aussi sur la technologie Vivapigments qu'elle compte pour se démarquer de la concurrence, comme la danoise Chr. Hansen, la hollandaise GNT Growing Colours ou encore l'américaine Sensient. Ces multinationales, productrices de colorants naturels et artificiels, réalisent des «chiffres d'affaires de plusieurs centaines de millions de dollars». Colarome ne divulgue pas son propre chiffre d'affaires.

«Les autorités européennes obligent déjà les fabricants alimentaires à apposer un avertissement relativement à l'hyperactivité et au déficit d'attention sur l'emballage de leurs produits, comme sont obligés de le faire les manufacturiers de tabac sur les paquets de cigarettes», poursuit Robin Côté. Et ces mêmes autorités vont limiter l'utilisation des colorants synthétiques dès le mois d'août 2014. Aux États-Unis, la puissante Food and Drug Administration (FDA) envisage aussi de changer sa réglementation sur les colorants alimentaires artificiels, mais «elle se heurte à de puissants lobbies», soutient M. Côté.

Toutefois, selon l'homme d'affaires, la tendance à l'utilisation de colorants naturels dans la transformation alimentaire est irréversible. «Plus que les lois, c'est la perception des consommateurs à l'égard des colorants naturels et des colorants artificiels qui dictera le marché», pense-t-il. Agronome de formation et détenteur d'un MBA, Robin Côté s'est lancé dans les colorants naturels après avoir vendu un commerce de café. Il semble qu'il ait eu du flair. Selon ses sources, le marché des colorants naturels augmente à raison de 10 % par année. Il s'est chiffré à près d'un milliard de dollars en 2013, tandis que le marché des colorants artificiels stagnait.

Colarome négocie des aides gouvernementales pour financer un programme de R-D. «Elle est coeur de ma stratégie d'affaires. C'est ce qui nous place en avant du peloton», dit-il.

«Les ventes de Colarome augmentent de 30 % par année, tant en Europe qu'aux États-Unis», indique d'ailleurs Marc Beaudoin, le vice-président au développement des affaires.

Depuis peu, M. Beaudoin dit recevoir plusieurs appels de grands manufacturiers canadiens préoccupés par la tendance du marché. Colarome compte une quinzaine d'employés, mais son président envisage de gonfler son effectif en fonction du développement des affaires. «Nous avons des objectifs ambitieux», dit-il, sans donner plus de détails.

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