«C'est le combat de notre génération» - Alexandre Joyce, conseiller en écoconception à l'Institut de développement de produits


Édition du 15 Février 2014

«C'est le combat de notre génération» - Alexandre Joyce, conseiller en écoconception à l'Institut de développement de produits


Édition du 15 Février 2014

Par Suzanne Dansereau

Le designer industriel Alexandre Joyce aide les manufacturiers à prendre en compte les impacts environnementaux et sociaux de leurs produits dès la conception. Il prépare un doctorat sur la conception et la transformation des modèles d'affaires d'entreprises manufacturières pour augmenter leurs bénéfices financiers et sociaux, tout en réduisant la consommation.

Les Affaires - Est-ce que le développement durable est le nouveau paradigme en design ?

Alexandre Joyce - C'est certainement le combat de ma génération de designers. C'est comme cela que nous voulons changer le monde. Dans le passé, les designers industriels concevaient des produits pour faciliter la capacité de production. Aujourd'hui, il s'agit d'avoir en tête l'expérience de l'usager et l'avenir de la planète. Mais déjà, on parle moins de développement durable, une notion qui s'applique à un monde stable, que de résilience : c'est-à-dire qu'il nous faut concevoir des produits qui résistent à un usage abusif (entre autres pour mieux lutter contre les changements climatiques) ou qui réduisent notre empreinte écologique, en consommant moins d'énergie, par exemple. L'écoconception, c'est cela.

L.A. - Quelles sont les questions qu'on se pose lorsqu'on fait de l'écoconception ?

A.J. - Comme dans toute démarche de design, on doit d'abord examiner en profondeur les besoins du client. Cela a l'air simple, mais bien des écoproduits ont été un flop parce que leurs fabricants n'ont pas poussé assez loin leur réflexion. Je pense entre autres au bioéthanol, aux États-Unis : on voulait réduire la consommation de pétrole, mais ça a fait grimper le prix du maïs et de l'essence ! Ou à la barquette BioXo de Cascades, qui réduisait le volume de déchets mais les rendait plus difficiles à éliminer. Ce fut une leçon pour Cascades, mais ça a contribué à en faire un champion de l'écoconception aujourd'hui. Deuxièmement, il faut regarder le cycle de vie complet du produit. Le design peut même amener le consommateur à modifier ses comportements : je pense à un pommeau de douche auquel on a ajouté la fonction brumisateur ou une minuterie, qui amène l'usager à consommer moins d'eau. De plus, l'impact peut être social : un de mes clients, Vortex [de Pointe-Claire], révolutionne l'ère des pataugeoires avec des jeux aquatiques qui sont aussi utilisés par les adolescents et les personnes à mobilité réduite. Ces jeux aquatiques vendus aux municipalités réunissent les familles et encouragent les liens sociaux.

L.A. - Comment les fabricants québécois se situent-ils dans ce courant ?

A.J. - Au Québec, le message du consommateur n'est pas haut et clair. Et il n'y a pas de grands manufacturiers de produits qui sont aussi détaillants, comme Ikea. On est fort dans la conception de produits de loisir, mais la réflexion sur le développement durable est en retard. Chez Bombardier Produits récréatifs, on commence à se poser des questions sur l'impact des véhicules sur la qualité de vie des utilisateurs et des non-utilisateurs. Bref, on peut encore faire mieux. Les fabricants n'osent pas se remettre en question. Oui, la démarche nécessite plus de recherche et de développement. Mais on évite ainsi l'échec et on augmente les ventes.

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