La responsabilité sociale, nouveau défi des CA


Édition du 30 Mai 2015

La responsabilité sociale, nouveau défi des CA


Édition du 30 Mai 2015

[Illustration : Louise Rouleau]

Développement durable, rapports avec les communautés, choix des fournisseurs, pratiques éthiques... La responsabilité sociale est une notion de plus en plus importante au sein des organisations publiques ou privées qui s'aperçoivent que, si elle est mal gérée, peut constituer un risque. Comment intégrer cette préoccupation au coeur de la gouvernance ?

À lire aussi:
L'éthique au coeur des préoccupations des CA
L'évaluation du CA, un aspect incontournable
Les femmes doivent faire valoir leurs compétences
Des CA plus à l'écoute des enjeux liés aux RH

Si les enjeux sociétaux avaient tendance à être observés de près par les organisations publiques, les entreprises privées ont elles aussi pris conscience de l'impact de leurs actions sur la société : «Dans une économie ouverte sur le monde, où les médias sociaux amplifient l'humeur du public, l'acceptabilité sociale d'un projet est par exemple devenue une notion importante, qui n'existait pas auparavant», remarque Florent Gagné, administrateur de sociétés à Revenu Québec et délégué principal lors de la mise sous tutelle de la Ville de Laval en 2013. Les entreprises ne peuvent plus être indifférentes à ce qui se passe en dehors de leur mission, que ce soit leur empreinte carbone sur le milieu, le choix de leurs fournisseurs ou leurs propres pratiques vis-à-vis de la santé et de la sécurité de leurs salariés. Denis Leclerc, président d'Écotech Québec et du conseil d'International Cleantech Network, affirme qu'en tant qu'ex-vice-président Environnement et Développement durable chez AbitibiBowater, il a «rapidement vu croître la notion de responsabilité sociétale, non seulement au niveau des actionnaires, mais aussi des employés, des communautés, de l'environnement et des clients», résume-t-il.

Bien choisir ses administrateurs

Pour s'assurer que cette pratique ne soit pas étudiée qu'une fois par an au sein du conseil, la sélection des administrateurs doit être faite en évaluant leur sensibilité aux questions sociétales. «On ne peut pas s'attendre à ce que tout dans les documents fournis au sein du CA soit annoté et soupesé. Il faut que ça devienne un réflexe des administrateurs, qui doivent pouvoir dire : attention, si l'on prend cette direction, il pourrait y avoir un impact social», met de l'avant M. Gagné.

Bien qu'une formation en gouvernance assure un bon socle de connaissances, «il faut choisir des gens dont la provenance, l'expérience, la formation et la culture générale les ont sensibilisés à ces questions», estime-t-il. Idéalement, les personnes les plus concernées par ces enjeux pourront être recrutées pour former un comité, consacré à la gouvernance, à l'éthique ou à tout autre enjeu, qui se réunira à la même fréquence que le conseil.

À Revenu Québec, un comité de services aux particuliers et aux entreprises a par exemple été mis en place pour réfléchir à l'impact que les politiques engagées pouvaient avoir sur le public. «L'objectif étant de maintenir la relation de confiance entre Revenu Québec et les citoyens», rappelle M. Gagné, qui ajoute que ce comité se réunissait de 6 à 10 fois par année.

Planification stratégique et gestion des risques

Si la responsabilité sociétale peut être vue comme un risque, à la fois réputationnel et économique, «elle peut aussi représenter une occasion d'attirer des talents grâce aux bonnes pratiques de l'organisation», souligne Denis Leclerc, qui mentionne à ce titre les efforts réalisés par l'entreprise Cascades pour susciter la fierté de ses employés - et du même coup un sentiment d'appartenance plus fort ainsi qu'une meilleure rétention. «Certaines organisations développent aussi des activités sociales, environnementales ou équitables permettant de réunir et de développer les relations entre les salariés», ajoute-t-il.

Pour ce faire, la première étape reste de déterminer les valeurs qui doivent guider la conduite de l'entreprise et de les inscrire dans une charte afin que toute l'organisation y soit opposable. Florent Gagné rappelle qu'il existe aussi des normes de gouvernance (telle la norme ISO 26000), mises en place par des organisations internationales, qui visent à encourager et à valoriser les bonnes pratiques. «On voit arriver de nouvelles préoccupations, comme les liens tissés entre l'entreprise et sa communauté, ses fournisseurs ou son empreinte carbone», souligne Denis Leclerc, qui estime que les entreprises ne doivent pas hésiter à élargir leurs horizons. «Avec l'ouverture sur le monde, on doit prendre en compte non seulement son environnement immédiat, mais aussi la société dans son ensemble», rappelle M. Gagné. Pour cela, les administrateurs et le comité de gouvernance devront assurer une veille stratégique sur tous les enjeux qui pourraient concerner l'organisation.

Gouvernance

Série 3 de 5. Comment les conseils d'administration peuvent-ils se préparer à trouver des solutions aux principaux enjeux de gouvernance? Voici des conseils et des exemples de bonnes pratiques au sein des CA.

À lire aussi:
L'éthique au coeur des préoccupations des CA
L'évaluation du CA, un aspect incontournable
Les femmes doivent faire valoir leurs compétences
Des CA plus à l'écoute des enjeux liés aux RH

À la une

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

La SAQ rapporte une autre baisse de son bénéfice net

La SAQ n’a pas caché que la «légère décroissance» observée lors des trois derniers trimestres pourrait se poursuivre.

BRP a connu une baisse de ses revenus et de ses profits au quatrième trimestre

Le fabricant de Ski-Doo et Sea-Doo a rapporté jeudi un bénéfice de 188,2 M$, ou 2,46 $ par action.