Restructurer le Québec en quatre mois, de la magie?

Publié le 19/02/2018 à 15:10

Restructurer le Québec en quatre mois, de la magie?

Publié le 19/02/2018 à 15:10

Par Catherine Charron

123rf.com

Le mandat du groupe de travail sur l’économie collaborative mis en place par la ministre Anglade le 9 février dernier est de taille. Il devra donner les outils nécessaires pour que les autorités, publiques comme privées, puissent ultimement maximiser les retombées positives et tempérer les négatives engendrées par ce nouveau système économique. Le chemin jusqu’au dépôt de ce rapport sera toutefois fastidieux.

Rappelons quelques principes de base concernant cette structure économique auquel Airbnb et Uber appartiennent. Alors que le capitalisme assure l’accès à la propriété, elle assure plutôt celui au service. Elle maximise le rendement de ce que l’on possède déjà, et elle facilite l’entrée sur le marché, de la vente d’espace d’entreposage à l’utilisation de machinerie lourde par exemple. «Ça transforme les rapports, car la promesse de l’économie collaborative c’est d’avoir une économie plus productive, plus durable, entrepreneuriale, et l’énorme défi c’est qu’elle soit plus juste», explique à Les Affaires Guillaume Lavoie, qui présidera le groupe de travail.

«Ce n’est plus la surconsommation qui serait profitable. […] Ça bouleverse les modèles d’affaires», ajoute Agathe Lehel, du groupe de réflexion sur l’économie collaborative Ouishare. Dans un tel système par exemple, des industries comme celle de l’automobile auront intérêt à ce que leurs produits aient une durée de vie beaucoup plus longue, pour offrir un service de déplacement peu dispendieux en entretien.

Cette nouvelle formule gagne en popularité au Québec, mais se heurte actuellement à plusieurs obstacles législatifs aussi bien financiers qu’organisationnels. « On le voit au sein des entreprises, les initiatives collaboratives entrent difficilement dans l’écosystème existants de lois et règlements, parce qu’ils ne reposent pas sur les mêmes fondamentaux », souligne le chargé de cours spécialisé en économie collaborative, Guillaume Lavoie.

« Encadrer pour mieux permettre »

Le groupe de travail mandaté par la ministre Anglade devra trouver des principes généraux qui, dans le doute, permettront de prendre des décisions qui engendreront des retombées positives. C’est à partir des impacts de chacune des activités actuellement observables que la table devra émettre ses recommandations. Le défi : Elles touchent plus d’un secteur en même temps. «Ça ne cadre pas dans un seul ministère. On parle de revenus, de zonage, du commerce, de la construction de bâtiment», énumère Guillaume Lavoie. Il devra réfléchir à visière relevée pour éviter toute tache aveugle sur des réalités qui seraient passées sous leur radar.

Cet encadrement est primordial pour éviter les dérives observées ces dernières années selon Agathe Lehel : « Les gros joueurs, comme Uber et Airbnb, monopolisent le marché et empêchent les plus petits de l’intégrer. » Cette meilleure gestion passerait notamment par des lois fiscales plus serrées.

Les membres de la table de consultation devront ratisser large. Trop large ? «Au contraire, c’est très intéressant. Ils pourront envisager toutes les solutions possibles à l’émergence de nouvelles manières de travailler, d’échanger, de consommer », se réjouit Agathe Lehel. Puisque les logiques de marchés englobées sous l’économie collaborative sont toutes différentes, «il ne peut y avoir une seule règle pour la régir», souligne le président du groupe de travail.

Le temps disponible pourrait toutefois jouer en leur défaveur. «Ils n’ont que 4 mois entre le début des procédures et le dépôt du rapport pour rencontrer tous les intervenants», s’inquiète Agathe Lehel. Guillaume Lavoie concède que le mandat est «extraordinairement ambitieux», mais rappelle qu’ils ne partent pas de 0. Lui-même un pionnier au Québec dans le domaine de l’économie collaborative — il a donné plus de 150 conférences en 2 ans à ce sujet — il sera accompagné de Christine Fréchette, président directrice générale de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, et de Nolywé Delannon, professeur assistance en responsabilité sociale des entreprises de l’Université Laval. Le retard accusé par le Québec en la matière n’est pas que négatif, ça leur servira de tremplin. Ils pourront se baser sur les erreurs des autres pays pour écarter des avenues moins efficaces.

 

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