Montréal n'aura jamais été aussi «facile à vendre»


Édition du 23 Septembre 2017

Montréal n'aura jamais été aussi «facile à vendre»


Édition du 23 Septembre 2017

Par Alain McKenna

Montréal séduit plus que jamais. À tel point que Montréal International peine à combler les nouveaux postes visant à mieux cibler les marchés connus et à en dénicher de nouveaux.

«Il y a vraiment un buzz autour de Montréal, et il n'est pas momentané», assure Stéphane Paquet, vice-président Investissement Grand Montréal chez Montréal International. Son unité, centrée sur l'investissement direct étranger, vient de connaître deux bonnes années successives, attirant un montant record d'investissement étranger dans la ville. La somme de 1,347 milliard de dollars (G $) de 2016 représentait une hausse de 35 % par rapport à l'année précédente. Et à ce jour, en 2017, M. Paquet estime être «sensiblement en avance» sur la même période l'an dernier.

En d'autres mots, Montréal séduit plus que jamais. À tel point que Montréal International peine à combler les nouveaux postes visant à mieux cibler les marchés connus et à en dénicher de nouveaux. «Les États-Unis et la France sont toujours nos deux plus gros marchés. L'Europe francophone pense à Montréal en premier quand elle regarde vers l'Amérique du Nord. Cependant, on aimerait aussi développer l'Espagne, l'Italie, Israël...» dit le vice-président.

Surfer sur la vague de l'intelligence artificielle

Une raison simple explique pourquoi Montréal n'a pas autant besoin de présentation qu'il y a 5 ou 10 ans : l'intelligence artificielle. Le pôle de recherche créé ces deux dernières années par les universités, les fonds spécialisés et les entreprises a eu tout un effet. Cela dit, attirer l'investissement étranger est un processus qui prend en moyenne un an et demi, alors la bonne performance actuelle n'est pas nécessairement liée à ce seul phénomène.

En fait, les fameuses grappes industrielles montréalaises, qui datent tout de même d'une vingtaine d'années, continuent de définir la personnalité économique de la grande région métropolitaine. Les TI, l'aéronautique, les sciences de la vie et l'agroalimentaire sont les principaux secteurs d'investissement étranger à l'heure actuelle.

Si on ajoute l'intelligence artificielle à ces spécialisations, l'économie de la région pourrait continuer de voir de nouveaux investissements arriver au fil des années. Appelée à transformer les modèles d'entreprises dans de nombreux secteurs d'activité économique, l'IA n'intéresse pas que les sociétés technologiques, même si Stéphane Paquet confirme que «tous les grands groupes directement impliqués veulent investir à Montréal». La métropole compte déjà sur Google, Microsoft et désormais Facebook. Il ne manque plus qu'Amazon...

Investir ou acquérir ?

Il y a un bémol au magnétisme de l'économie locale : combinée à la faible valeur de la devise canadienne, elle facilite davantage l'acquisition d'entreprises par les étrangers que la création de nouvelles unités d'affaires. Ça peut devenir un enjeu dans certains secteurs où la clé du succès n'est pas tant le produit ou le service que la propriété intellectuelle développée à l'interne.

Au cours des six premiers mois de 2017, la valeur des acquisitions faites au Canada a bondi de 55 % par rapport à l'année dernière pour atteindre 14,6 G $, selon un rapport publié par Thomson Reuters à la fin de l'été. Les acquisitions faites par des entreprises étrangères représentaient 38 % de ce total, une hausse de 40 % par rapport à 2016.

De l'ensemble de l'économie canadienne, les firmes technologiques - notamment celles qui sont spécialisées en intelligence artificielle et en technologies financières - sont celles qui attirent le plus, toujours selon cette étude. Et cette tendance est appelée à se poursuivre au moins jusqu'à la fin de l'année, avertit Thomson Reuters.

Montréal et le Québec comptent plusieurs entreprises dans ces deux secteurs. Ça risque donc de bouger beaucoup au fil des prochains mois. Ça peut être perçu positivement, nuance Stéphane Paquet. «On fait déjà beaucoup d'accompagnement pour établir des filiales d'entreprises étrangères à Montréal. En ce moment, elles représentent 1 % de toutes les sociétés, mais elles comptent pour 10 % de l'emploi et 20 % du PIB. Ce sont aussi des sociétés qui exportent beaucoup, ce qui aide indirectement des entreprises d'ici, des fournisseurs ou des partenaires, à exporter leurs propres produits.»

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