L'OPA sur le Club Med à nouveau contrariée

Publié le 12/05/2014 à 16:40

L'OPA sur le Club Med à nouveau contrariée

Publié le 12/05/2014 à 16:40

Par AFP

Nouveau rebondissement dans le feuilleton de l'OPA sur le Club Med. Après avoir vu leur projet retardé de dix mois en justice, le groupe de tourisme français et ses actionnaires principaux Ardian et Fosun doivent désormais déjouer l'opposition d'un financier italien récemment monté au capital.

Le 29 avril, la cour d'appel de Paris avait finalement donné son feu vert à l'OPA, en déboutant les deux recours d'actionnaires minoritaires qui la bloquaient depuis des mois.

Mais une nouvelle ombre plane. En quelques semaines, Andrea Bonomi, entrepreneur milanais héritier d'une dynastie d'industriels et financiers italiens, a acquis via la société d'investissement Strategic Holdings 6,45% du capital du Club Med et 5,80% des droits de vote, selon une déclaration faite à l'Autorité des Marchés financiers (AMF) et rendue publique lundi.

Peu après, un porte-parole de Strategic Holding a déclaré à l'AFP que cette part avait encore monté depuis cette déclaration, illustrant l'appétit de M. Bonomi pour les actions du Club Med.

"Strategic Holdings confirme avoir augmenté sa part à 7,2% du capital du Club Med", a annoncé à l'AFP un porte-parole de la société d'investissement.

"Comme indiqué à l'AMF, Strategic Holdings entend poursuivre ses achats d'actions sous certaines conditions", a ajouté le porte-parole, qui a démenti en revanche qu'un "objectif d'acquisition" de 9 à 10% du capital du Club Med ait été "fixé", comme cela avait été avancé ces jours-ci par le quotidien italien Il Corriere della Sera.

M. Bonomi a par ailleurs qu'il n'apporterait pas ses titres à l'OPA que le français Ardian (ex-AXA Private Equity) et le chinois Fosun ont lancée au printemps 2013 avec le soutien du management du Club Med.

Le financier italien a les reins solides. Président du groupe financier de private equity Investindustrial, il préside depuis 2011 le conseil de gestion de la Banca Popolare di Milano (BPM).

L'objectif de cette montée au capital du Club Med n'est pas non plus de lancer une offre concurrente avant la clôture de la période d'offre, prévue le 23 mai, mais plutôt d'investir sur le long terme, d'après la déclaration à l'AMF.

En outre, selon une source proche de la société, "en cas d'échec de l'OPA Ardian-Fosun, il ne serait pas étonnant que l'entrepreneur italien s'engage dans une démarche constructive et à long-terme avec la direction du Club Med".

Le succès de l'OPA est en effet loin d'être garanti. Ensemble, les opposants à l'opération détiendraient environ 30% du capital. Et le cours de Bourse, actuellement supérieur aux 17,50 euros proposés, n'incite pas à adhérer au projet. Lundi, le titre a clôturé à 18,80 euros.

Fosun et Ardian, qui ont chacun autour de 9% du Club Med, ont mis en garde dès dimanche soir contre un échec de l'OPA.

Si l'offre ne réunissait pas les 50,01% nécessaires, "les actionnaires de Club Méditerranée n'auraient aucune certitude d'obtenir dans un futur proche une liquidité pour leurs titres dans les conditions de l'offre publique". En outre, Ardian et Fosun "pourraient être amenés à reconsidérer leurs positions au capital de la société".

Interrogé par Les Echos lundi, Dominique Gaillard, qui préside la société Gaillon Invest menant l'OPA pour Ardian-Fosun, a enfoncé le clou: "Un éventuel retrait de Fosun serait un vrai moins pour le développement du Club en Chine, un marché stratégique". Un point sur lequel s'accordent la plupart des experts du secteur.

"Fosun estime qu'il est ou trop gros ou trop petit dans l'actionnariat de Club Med. Il peut se désengager", remarque une source.

"L'avenir asiatique du Club Med dépend en bonne partie aujourd'hui de la volonté de Fosun", estime une autre.

Pour autant, le bloc Ardian-Fosun n'entend pas relever son offre -- pour l'instant au moins.

M. Gaillard a estimé que le prix proposé de 17,50 euros par action était "équitable". C'est "un prix plein", a-t-il dit.

Officiellement, les initiateurs de l'OPA s'affichent optimistes sur l'issue de celle-ci. "Les décisions d'apport nous donnent une perspective de l'ordre de 40%", a souligné M. Gaillard.

Les pessimistes rappellent eux qu'il manque plus de 10%, "ce qui est beaucoup à deux semaines de la clôture".

"Si l'OPA ne se fait pas, il y a un vrai risque que le cours se casse complètement la figure. C'est peut-être bien le pari de Bonomi, qui aurait alors un prix d'entrée bien plus intéressant pour racheter des titres", notait un courtier, en tablant toutefois plutôt sur un succès de l'OPA.

"L'offre n'est pas généreuse, mais elle n'est pas +unfair+ non plus", dit-il. "Le cours de Bourse actuel est élevé mais ce n'est pas vraiment représentatif car ce sont les opposants à l'offre, Moneta, Polygone et autre Strategic Holdings, qui ont fait monter le cours".

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