Eva, la coopérative qui montre à quel point les plateformes collaboratives coincent


Édition du 13 Octobre 2018

Eva, la coopérative qui montre à quel point les plateformes collaboratives coincent


Édition du 13 Octobre 2018

Par Diane Bérard

[Photo : 123RF]

Je vous présente Eva, une application coopérative québécoise de covoiturage basée sur la chaîne de blocs (blockchain). Eva a des membres passagers et des membres conducteurs. Puisqu'il s'agit d'une coopérative, les profits sont redistribués aux membres. Les conducteurs devraient recevoir 85 % du prix de la course. L'application est prête, mais Eva n'a pas le droit d'offrir ses services aux Québécois. Au moment de publier cet article, la réglementation québécoise ne le permet pas.

Eva pourrait démarrer ailleurs. Dans son plan d'affaires, elle prévoit s'implanter, entre autres, à Toronto, Alger, Mexico et Houston. Mais les fondateurs sont Québécois et ils souhaiteraient démarrer chez eux. On se souvient de la révolte que l'arrivée de la plateforme Uber a provoquée dans l'industrie du taxi québécoise. La réponse du gouvernement à cette grogne fut d'autoriser la présence d'Uber sur la base d'un projet-pilote d'un an, à partir de l'automne 2017. Cette permission fut accordée à Uber seulement.

Cet imbroglio est symptomatique du retard du Québec en matière de plateformes collaboratives, comme on peut le lire dans le rapport du Groupe de travail sur l'économie collaborative (avril 2018). Pendant ce temps, les plateformes étrangères s'installent au Québec et leurs profits, eux, s'envolent à l'étranger.

«C'est arrivé vite, reconnaît Gaston Bédard, PDG du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. Et il faut le reconnaître, ces plateformes sont plus rapides que les coopératives.» Il cite de nombreux obstacles à surmonter pour qu'il y ait des Airbnb, des Uber ou des Amazon québécois et coopératifs : il faut trouver du financement taillé pour ce type d'entreprises ; que les consommateurs déplacent leurs achats vers des plateformes locales ; et que les coopératives s'intéressent aux plateformes et à la technologie que celle-ci exige. Or, les consommateurs ne déplaceront pas leurs achats tant que l'offre des plateformes locales ne sera pas à la hauteur de l'offre étrangère. Et les coopératives n'investiront pas massivement dans l'économie de plateforme tant que la réglementation et la fiscalité ne l'encourageront pas.

Pendant ce temps, chez Eva, on a décidé de lancer le service en novembre, peu importe ce qu'en dit la réglementation.

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