Via Rail veut tripler son trafic dans l'axe Toronto-Montréal

Publié le 14/12/2015 à 15:34

Via Rail veut tripler son trafic dans l'axe Toronto-Montréal

Publié le 14/12/2015 à 15:34

Par François Normand

PLAN DE MATCH - Via Rail Canada veut tripler le nombre de passagers qu'elle transporte entre Toronto et Montréal à près de 7 millions de personnes d'ici 2030. Et cela ne se fera pas en déclarant la guerre à Air Canada (Tor., AC) mais plutôt à l'automobile.

En entretien avec Les Affaires, le président et chef de la direction de la société d'État, Yves Desjardins-Siciliano, a expliqué que l'automobile compte pour 83% des déplacements entre Toronto et Montréal, comparativement à 6% pour le train et 8% pour l'avion.

«L'idée, c'est d'aller chercher un pourcentage de ce 83% à l'automobile, et de mettre [ces personnes] dans le train!», dit-il.

Pour illustrer son propos, il donne l'exemple du transport entre les villes en Europe, où l'automobile représente de 70 à 72% des déplacements et le train de 12 à 15%.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Yves Desjardins-Siciliano ne souhaite pas enlever des parts de marchés à Air Canada pour atteindre ses objectifs.

«Le seul intérêt que j'ai pour le trafic aérien, c'est d'ajouter des connexions au trafic aérien», assure-t-il.

Selon le patron de Via Rail, le réseau ferroviaire au Canada doit s'inspirer de celui en Europe, «où le train alimente le transport aérien».

Le train à grande vitesse reliant Cologne et Francfort, en Allemagne, est d'ailleurs une source d'inspiration à ses yeux, car 72% de son achalandage dessert uniquement les connexions à l'aéroport de Francfort.

«Cela signifie qu'un investissement a été fait strictement pour améliorer l'accès aux vols internationaux ou européens à cet aéroport.»

Un projet de 4G$

C'est pourquoi Yves Desjardins-Siciliano a pris son bâton de pèlerin ces derniers mois au Canada pour tenter de convaincre Ottawa et les investisseurs institutionnels d'investir quatre milliards de dollars canadiens pour améliorer le réseau de Via Rail.

L'objectif? Créer une voie dédiée pour le transport de passagers entre Toronto et Montréal.

Actuellement, les trains de Via Rail doivent circuler sur les chemins de fer du Canadien National (Tor., CNR) et du Canadien Pacifique (Tor., CP), ce qui retarde de plus en plus les déplacements des passagers dans cet axe.

Il y a 10 ans, un train prenait en moyenne quatre heures pour parcourir la distance entre Toronto et Montréal, selon Via Rail. Aujourd'hui, c'est 5 heures 18 minutes, soit un bond de 30%.

Cette situation représente une menace à terme pour Via Rail, selon Florence Junca-Adenot, spécialiste en transport de passagers à l'UQAM.

«Les gens prendront davantage l'avion si les délais pour circuler en train s'allongent», dit-elle

Selon elle, le coeur du problème réside dans le fait que le transport des marchandises au Canada (et du reste, aux États-Unis) a priorité sur le transport des personnes.

C'est l'inverse en Europe. C'est pourquoi Florence Junca-Adenot affirme qu'il est capital que le projet de voies dédiées de Via Rail aille de l'avant.

Pour sa part, Yves Desjardins-Siciliano se dit confiant que son projet se concrétisera.

Il fait remarquer que de grandes institutions canadiennes, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, Omers ou Teachers', investissent depuis années dans le rail passager aux quatre coins du monde.

Et le Canada commence à être sur leur écran radar, affirme le patron de Via Rail.

«Ils ont développé l'expertise pour évaluer ces plans d'affaires et prendre des décisions commercialement viables, dit-il. Donc, l'argent est disponible et l'intérêt est là pour investir dans l'infrastructure du rail passager au Canada.»

Yves Desjardins-Siciliano souhaite convaincre le privé d'injecter 3 G$ dans ce projet. L'autre milliard est la part que le gouvernement fédéral devra de toute manière investir pour renouveler la flotte de trains vieille de 30 à 40 ans.

Selon lui, le public et le privé ont tout à gagner avec ce projet. «On parle d'un projet qui maximise les actifs du gouvernement, qui amène des investisseurs aguerris, et qui s'autofinance.»

Et le plus point le plus important, dit-il, c'est que ce service (la ligne Toronto-Montréal) serait à terme trois fois plus utilisée par les passagers qu'il l'est aujourd'hui. «Pourquoi n’irait-on pas de l'avant?»

En 2014, les revenus de Via Rail ont progressé de 3,6% pour atteindre 280 millions de dollars, et ce, après trois années consécutives de déclin.

Or, l'an dernier, les charges d'exploitation de Via Rail ont progressé de 5,5% à 509 M$. Elles sont à la hausse depuis 2012.

À la une

Les profits d’Alphabet bondissent

Il y a 48 minutes | AFP

La maison mère de Google a été portée par la publicité, le cloud et l’IA.

Microsoft fait mieux que prévu au premier trimestre

Il y a 38 minutes | AFP

Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse, l’action Microsoft gagnait près de 5%.

Bourse: Wall Street plombée par Meta et la faible croissance américaine

Mis à jour il y a 58 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en baisse, jeudi.