Moody's décote Bombardier, qui proteste

Publié le 23/06/2016 à 15:01

Moody's décote Bombardier, qui proteste

Publié le 23/06/2016 à 15:01

Par Denis Lalonde

Un appareil CS100 de Bombardier. (Photo: Bombardier)

L'agence Moody's a abaissé la note de crédit de Bombardier (Tor., BBD.B), soulevant l'ire de la haute direction du manufacturier québécois.

Moody's a en effet fait passer de B2 à B3 la note accordée aux billets de premier rang non garantis de Bombardier. Elle colle toutefois une perspective stable, plutôt que négative, à la note de l'ensemble des titres de dette de la multinationale.

Dans une note expliquant sa décision, l'analyste Jamie Koutsoukis soutient que Bombardier a dorénavant suffisamment de liquidités pour opérer jusqu'en 2018, alors que les récentes commandes de CSeries passées par Delta et Air Canada ont solidifié les fondements du programme.

L'analyste de Moody's dit avoir abaissé la note de crédit de Bombardier en raison du récent investissement de 1,5 milliard $US de la Caisse de dépôt dans Bombardier Transport. «La Caisse se place devant les autres créanciers de Bombardier Transport pour réclamer les actifs de la division, où l'entreprise réalise une part importante de ses liquidités», écrit Mme Koutsoukis.

Moody's souligne toutefois les progrès réalisés ces derniers mois chez Bombardier, qui vient de finaliser un financement de 1 milliard $US avec le gouvernement du Québec en plus de l'entente signée à la fin de 2015 avec la Caisse de dépôt.

Une éventuelle aide du gouvernement fédéral n'est pas incluse dans ces calculs. Moody's soutient qu'une aide d'Ottawa permettrait à Bombardier d'avoir assez de liquidités pour opérer au-delà de 2018. «L'aide fédérale aurait un effet positif sur la note de crédit de la société si sa structure ne nuit pas à ses autres créanciers», écrit l'analyste.

Bombardier en désaccord

La direction de Bombardier s'est dit «fortement en désaccord» avec l'analyse. «Moody's ne reconnaît pas et ne tient pas pleinement compte des progrès importants que l'entreprise a réalisés au cours de la dernière année pour améliorer son profil de risque, reflétés par la révision à la hausse de la perspective de la note que l'agence de notation accorde à l'ensemble de l'entreprise, laquelle passe de négative à stable», affirme l'entreprise dans un communiqué.

Bombardier ajoute que les financements signés avec Québec et la Caisse de dépôt ont significativement amélioré la solvabilité de l'entreprise. «Ce progrès a été reconnu par Moody's dans son rapport du 19 novembre 2015, qui discutait de la structure de l'investissement de la Caisse et déclarait que cet investissement était une 'dose de stimulant' à Bombardier, concluant qu'un changement de cote n'était pas justifié», argue la société.

Le fabricant d'avions et de trains se demande pourquoi Moody's réagit si tardivement à l'entente signée en 2015 avec la Caisse de dépôt, estimant qu'elle avait pleinement divulgué les modalités de l'entente sur laquelle s'appuie le changement de cote d'aujourd'hui. 

Le titre de Bombardier n'a pas vraiment réagi à l'annonce de Moody's, lui qui monte de 0,02$, ou de 1,3%, à 1,98$ à la Bourse de Toronto en milieu d'après-midi.

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