Les entrepreneurs du véhicule électrique se multiplient au Québec


Édition du 20 Février 2016

Les entrepreneurs du véhicule électrique se multiplient au Québec


Édition du 20 Février 2016

Mike Kakogiannakis, cofondateur, directeur de l’exploitation et directeur du marketing de Dubuc Motors, et Mario Dubuc, cofondateur, pdg et directeur de l’ingénierie du constructeur.

L'industrie automobile n'a jamais véritablement pris racine au Québec. Grâce au véhicule électrique, qui est en train de redistribuer les cartes dans l'industrie, cela pourrait bientôt changer. C'est du moins l'espoir qu'entretiennent une poignée d'entrepreneurs, pour qui la présence d'Hydro-Québec et de fournisseurs spécialisés prédispose la province à la production de véhicules électriques.

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«Traditionnellement, la grosse barrière à l'entrée dans le monde automobile, c'était le coût de développement d'un moteur à combustion qui respecte les normes EPA, un obstacle qui ne s'applique pas aux voitures électriques», affirme Sylvain Castonguay, pdg de Nordresa, qui vient d'obtenir un financement d'amorçage de 350 000 $ pour développer un camion électrique. L'ingénieur, qui a été directeur général du Centre national du transport avancé, travaille au développement d'un camion commercial propulsé par un moteur électrique fabriqué à Boucherville par TM4, une société appartenant à Hydro-Québec. Un prototype devrait être dévoilé en août 2016.

Depuis que Tesla a prouvé qu'il était possible pour un nouvel entrant de lancer un véhicule électrique avec succès, de nombreux entrepreneurs comme Sylvain Castonguay sont passés à l'action.

«Tesla nous a ouvert une autoroute, car maintenant tout le monde s'intéresse aux voitures électriques», déclare Mario Dubuc, un autre entrepreneur québécois qui a pour ambition de construire un véhicule électrique au Québec. En janvier dernier, il a lancé une campagne de financement participatif en capital sur le site Web américain Startengine avec l'objectif d'amasser 25 millions de dollars américains. Même avec une somme aussi modeste, le président de Dubuc Motors soutient qu'il sera en mesure de commercialiser une voiture électrique de haute performance dès 2017.

Comme il compte commercialiser une voiture haut de gamme construite à la main, Mario Dubuc n'aura pas besoin d'investir dans l'équipement. De plus, il fait valoir que la plupart des composants de la voiture, y compris l'aluminium de son châssis, seront issus du Québec : «On a plein de fabricants de composants automobiles au Québec, mais personne ne veut les assembler ici, indique Mario Dubuc. Il faut arrêter de se dire qu'on est né pour un petit pain.»

Alexandre Taillefer, associé principal du fonds XPND Capital, estime lui aussi que les astres sont alignés pour les constructeurs de véhicules électriques au Québec. L'investisseur en capital de risque, qui souhaite investir des dizaines de millions dans l'électrification des transports au cours des prochaines années, ne croit toutefois pas que le prochain Tesla sera québécois.

«Selon moi, il y a une occasion au Québec pour des gens qui vont développer des véhicules électriques destinés aux marchés de niche, précise Alexandre Taillefer. Construire de 500 à 1 000 véhicules, c'est de l'artisanat dans un certain sens, mais ça comporte l'avantage de ne pas attirer les gros joueurs.»

Le fonds d'Alexandre Taillefer, qui est derrière le service de taxis électriques Téo, a également investi dans Autobus Lion, une entreprise de Saint-Jérôme qui construit déjà des autobus scolaires électriques. Comme Nordresa compte le faire, la société utilise des moteurs fabriqués par TM4 pour propulser ses autobus électriques. Alexandre Taillefer révèle aussi être en pourparlers avec un constructeur automobile international, afin d'assembler des véhicules électriques adaptés à l'industrie du taxi au Québec. Le projet, quoique prometteur, est encore embryonnaire.

Une Peugeot made in Québec ?

Pour l'instant, toutefois, le meilleur espoir d'attirer un constructeur international au Québec semble reposer sur les épaules de Luc Marchetti, pdg d'Exagon Motors. Il est possible que l'entreprise française, qui a l'avantage d'être appuyée par le constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën et le gouvernement du Québec, puisse assembler des voitures électriques de haute performance dans la province.

Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, car ce qui a été annoncé en grande pompe en janvier est l'établissement d'une coentreprise ayant pour mandat de réaliser une étude de marché de 30,8 millions de dollars portant sur la fabrication de composants destinés à des voitures électriques très performantes. Investissement Québec a injecté 16 M$ dans la coentreprise, et Hydro-Québec, 4 M$. Sans surprise, c'est TM4, la filiale d'Hydro-Québec, qui devrait développer le moteur de l'éventuelle voiture électrique construite au Québec.

Même si c'est l'objectif ultime, rien ne dit si l'étude de marché annoncée débouchera sur la construction d'une voiture électrique de haute performance. Ce serait toutefois un dénouement auquel Luc Marchetti, un ancien ingénieur spécialisé en véhicules de Formule 1, est bien préparé. En effet, Exagon Motors a déjà développé un bolide électrique qui n'a rien à envier au modèle S de Tesla, la Furtive-eGT. Ce bolide n'a toutefois pas dépassé le stade du prototype.

Selon Luc Marchetti, le tour de force accompli par Tesla alors que les grands constructeurs regardaient ailleurs serait difficile à reproduire aujourd'hui. Ne serait-ce que parce que les grands constructeurs ont tous des ambitions en matière de véhicules électriques. «Si on n'est pas constructeur automobile, il faut avoir un portefeuille vraiment énorme pour entrer dans le marché, lance Luc Marchetti. Aujourd'hui, par contre, nous avons la chance de travailler avec un grand constructeur.»

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