D'importantes économies pour les parcs automobiles d'entreprises


Édition du 01 Octobre 2016

D'importantes économies pour les parcs automobiles d'entreprises


Édition du 01 Octobre 2016

Par Pierre Théroux

En 2011, Martin Tiernan décidait de remplacer un des véhicules de livraison de son restaurant St-Hubert de Boucherville par une Mitsubishi i-Miev. Trois ans plus tard, le franchisé récidivait avec l'achat d'une Nissan Leaf pour sa rôtisserie de Sorel-Tracy.

«Au départ, c'était un choix économique. Mais c'est aussi devenu un geste environnemental», dit Martin Tiernan qui souhaite que tout son parc de 10 véhicules soit électrique. D'autant que ses deux véhicules électriques lui permettent d'économiser de 5 000 à 7 000 $ par année, selon le prix de l'essence. «Le coût d'achat est plus cher que celui d'un véhicule traditionnel, mais l'investissement en vaut la peine», souligne-t-il.

La chaîne de restaurants St-Hubert, qui a été la première du pays à mettre sur pied un service de livraison à domicile gratuit dans les années 1960, est aussi aujourd'hui l'une des pionnières en matière de virage électrique. Tout d'abord, en tant que l'un des membres fondateurs du Circuit électrique. La centaine de rôtisseries St-Hubert qui disposent d'un stationnement offrent maintenant des bornes de recharge publiques à ses clients.

Mais aussi comme utilisateur d'une dizaine de véhicules électriques dans son parc de plus de 400 voitures de livraison. «L'objectif est d'avoir au moins un véhicule pour chaque rôtisserie», indique Josée Vaillancourt, conseillère principale, communications, du Groupe St-Hubert.

Un réseau de bornes en croissance

Hydro-Québec, l'instigatrice du Circuit électrique qui déploie un réseau de bornes de recharge publiques depuis plus de quatre ans, compte 172 automobiles de type berline, dont 104 sont à propulsion électrique ou hybride, dans son parc d'environ 4 000 véhicules.

Elles sont principalement utilisées en milieu urbain, notamment pour le déplacement d'employés entre divers bâtiments de l'entreprise. «Notre objectif est d'abord de réduire le nombre d'autos de notre parc et de les remplacer par des véhicules rechargeables», indique France Lampron, directrice, électrification des transports, d'Hydro-Québec.

Le parc automobile de Téo Taxi comprend une soixantaine de véhicules 100 % électriques. Taxi Diamond avait pour sa part annoncé le printemps dernier le remplacement progressif de son parc de véhicules par des voitures hybrides ou électriques. L'entreprise, l'une des plus importantes du genre au Québec et acquise l'été dernier par l'exploitant de Téo Taxi, Taxelco, comprend une centaine de véhicules hybrides et prévoit que la majorité de ses quelque 1 100 voitures qui parcourent les rues de Montréal sera hybride ou électrique d'ici 2020. La Ville de Montréal ambitionne aussi d'acquérir 42 voitures 100 % électriques au cours des deux prochaines années. 

Encore peu répandu

Cela dit, rares sont les entreprises ou organisations exploitant un parc de véhicules à avoir fait ce virage. Pourtant, «il y a d'importantes économies à réaliser», affirme Alissa André, responsable du marketing et du développement durable chez Pièces d'auto Simon André.

Ce détaillant de pièces automobiles de Trois-Rivières, qui répare et revend aussi des véhicules électriques légèrement accidentés, dépensait près de 70 000 $ d'essence annuellement pour ses véhicules de livraison, qui parcourent chacun environ 250 km par jour.

L'an dernier, l'entreprise familiale a investi 270 000 $ dans l'achat de neuf Chevrolet Spark électrique et d'une borne de recharge rapide. «L'investissement devrait être rentabilisé d'ici trois ou quatre ans», précise Alissa André, qui a même fait des présentations à des entreprises qui voulaient en savoir plus. «Certaines d'entre elles nous ont dit qu'elles attendaient de pouvoir acheter des véhicules ayant une plus grande autonomie», dit-elle.

Robert Dupuy, porte-parole et directeur pour la région de Montréal de l'Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), pense que de plus en plus d'entreprises feront l'acquisition de véhicules électriques.

«Pour une entreprise, il y a d'énormes avantages à électrifier un parc de véhicules. Il y a évidemment l'économie d'argent, sur l'essence et l'entretien, mais aussi l'impact sur l'environnement qui n'est pas négligeable et peut s'avérer une stratégie marketing profitable», fait-il valoir.

10 000 voitures électriques

Le Québec compte plus de 10 000 voitures électriques, soit la moitié de celles qui circulent au Canada. «C'est sans doute une question de culture», indique Robert Dupuy, en précisant qu'il y a aussi un engouement pour les véhicules électriques en Ontario et en Colombie- Britannique.

L'expansion du Circuit électrique a aussi contribué à cet engouement. Le réseau devrait totaliser quelque 800 bornes de recharge publiques d'ici la fin de l'année, dont une soixantaine de bornes rapides, qui sont déployées dans 16 régions du Québec. Il y a maintenant un corridor de recharge rapide sur l'autoroute 20, de Montréal à Mont-Joli. De plus, le déploiement de 11 bornes de recharge rapide dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie l'été dernier permet de parcourir tout l'est du Québec. «Nous prévoyons avoir 2 500 bornes d'ici 2020 et couvrir l'ensemble des réseaux autoroutiers», indique France Lampron.

Il y aura également une percée en Ontario avec la mise en service, au cours des prochains mois, d'un corridor de recharge rapide qui reliera le Québec et la région d'Ottawa.

Des concessionnaires prennent le pari

Mais pour accélérer davantage l'adoption de véhicules électriques, les concessionnaires automobiles devront démontrer plus d'intérêt. «Ils sont encore très peu engagés à en vendre, entre autres parce que les vendeurs ne les connaissent pas», note Robert Dupuy.

C'est loin d'être le cas chez Bourgeois Chevrolet, un concessionnaire de Rawdon qui a fait le pari inverse. Le détaillant s'attend à vendre 400 véhicules électriques cette année, comparativement à 300 l'an dernier. «On a commencé à se spécialiser il y a environ quatre ans. Aujourd'hui, les véhicules électriques représentent la moitié de nos ventes», souligne Hugo Jeanson, copropriétaire de ce concessionnaire qui est le champion de la vente de véhicules électriques au pays.

Néanmoins, le potentiel de croissance est grand. «Au début, ça intéressait surtout les early adopters. Maintenant, c'est Monsieur et Madame Tout-le-Monde qui s'y intéressent», note le concessionnaire.

→ 9 763 : Nombre de voitures électriques au Québec (mars 2016)

→ 20 000 : Nombre de voitures électriques au Canada (avril 2016)

→ 1 016 : Nombre total de bornes des différents réseaux au Québec (mars 2016)

Sources : Association des véhicules électriques du Québec, Société de l'assurance automobile du Québec

Proportion de véhicules électriques au Québec (avril 2016)

→ HYBRIDES RECHARGEABLES 55 %

→ VOITURES ENTIÈREMENT ÉLECTRIQUES 45 %

Véhicules les plus populaires (avril 2016) 

→ Chevrolet Volt 42 %

→ Nissan Leaf 20 %

→ Tesla Model S 11 %

Sources : Association des véhicules électriques du Québec, Société de l'assurance automobile du Québec

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