Un autre tunnel pour la Rive-Sud?

Publié le 30/11/2011 à 10:05, mis à jour le 30/11/2011 à 15:17

Un autre tunnel pour la Rive-Sud?

Publié le 30/11/2011 à 10:05, mis à jour le 30/11/2011 à 15:17

La nouvelle marotte de Luc Poirier: construire un nouveau tunnel privé entre Montréal et la Rive-Sud, entre les ponts Jacques-Cartier et Victoria, sans aucuns fonds publics.

En conférence de presse le 30 novembre, le «millionnaire» de l’émission de téléréalité Occupation Double en 2008 a dit vouloir construire un nouveau lien pour désengorger les ponts et tunnels métropolitains, entre la 132 et l’île Notre-Dame.

L’objectif est de réaliser le projet en deux ans, à compter de la réception des autorisations gouvernementales. Il n'a cependant annoncé ses intentions aux autorités municipales et gouvernementales que la veille de l'annonce.

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L'homme d'affaires prévoit instaurer un système de péage électronique, qui épargnerait les véhicules de transport en commun et d’urgence. Le coût du passage serait d'environ deux dollars.

«Le projet répond à de réels besoins. Vous êtes tous conscients des problèmes de circulation que vivent les automobilistes entre la Rive-Sud et Montréal, dit Luc Poirier. Ils s’amplifiera pour de nombreuses raisons. D’abord, à cause des travaux qui s’en viennent sur l’échangeur Turcot, l’autoroute Bonaventure, le pont Champlain… Ensuite, à cause de l’accroissement de la population dans la région.»

Luc Poirier n'a pas voulu dire combien coûterait le nouveau lien qu'il compte construire pour ne pas compromettre l'appel d'offres qu'il compte lancer. Mais c'est un projet «de plusieurs centaines de millions», dit-il.

Les ingénieurs de la firme de génie-conseil Dessau ont réalisé une étude de préfaisabilité sur ce nouveau lien routier entre les deux rives. Le document évoque un débit de 25 000 automobilistes par jour, dans les deux sens.

À l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal, le professeur Paul Lewis est sceptique. «Je doute que les gouvernements se laissent ainsi dicter leurs priorités», dit-il.

Il ajoute que le gouvernement a déjà étudié la possibilité de faire un autre pont ou tunnel entre Montréal et la Rive-Sud. «Le rapport est un peu oublié, mais il semble y avoir un consensus depuis cette époque: il ne faut pas de nouveaux liens. Que ce soit un projet privé ne change pas grand-chose au débat», pense le professeur. 

Luc Poirier se défend de vouloir augmenter le nombre de voitures au centre-ville. Pour lui, son projet provoquerait plutôt un «déplacement» des automobilistes. «Je les prends sur d'autres ponts et les désengorge, dit-il. Ça augmentera la fluidité entre les deux rives.»

À plusieurs reprises en conférence de presse, l'homme d'affaires a pourtant vanté l'augmentation du débit entre Montréal et la Rive-Sud que permettrait son projet.

Les plans incluent des voies réservées pour les autobus, mais aucun lien ferroviaire n’est prévu dans le tunnel. «L’augmentation de l’utilisation du transport en commun est un objectif louable, mais il faut être réaliste et tenir compte du fait qu’une majorité de personnes devront continuer à utiliser une automobile pour circuler entre les deux rives», dit Luc Poirier.

Selon lui, Dessau lui a assuré que le tunnel ne serait pas assez long pour nécessiter des audiences publiques.

Luc Poirier dit pouvoir financer le projet lui-même, mais assure tout de même qu'il discute «avec deux fonds québécois» intéressés par les investissement à long terme, qui se seraient montrés ouverts à l'idée.

Entrepreneur récidiviste... et critiqué

Le personnage coloré n'en est pas à un coup fumant près. «Je sais qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, mais comme tous les projets que j’ai réalisés, je suis confiant qu’il suscitera l’adhésion de la population», a dit Luc Poirier en conférence de presse.

Gageons que cette déclaration ferait sursauter les écologistes et le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs. Car début octobre, Québec a payé 15 millions pour lui racheter son terrain de 20,6 hectares à l'Île-Charron, à côté du pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, entre Montréal et Longueuil. Le gouvernement a agi sous la pression publique pour soustraire le terrain au développement et l'annexer au parc national des Îles-de-Boucherville. Un profit de 250% pour le promoteur, qui l'avait acquis de Desjardins en 2007, pour six millions.

À l'époque, Luc Poirier souhaitait construire des tours d'habitation totalisant 2 650 logements sur ces terres, équivalant à une trentaine de terrains de soccer. Tout en planchant sur ce projet, il tentait sa chance à l'émission de téléréalité Occupation Double, édition 2008!

Mais sous la pression des écologistes, d'urbanistes et des 20 000 citoyens qui ont signé une pétition à cet effet, Québec a décidé d'imposer une réserve foncière sur le terrain.

Le promoteur a ensuite menacé le gouvernement de le poursuivre pour 40 millions. Selon lui, c'est le montant qu'il avait perdu avec la mise en réserve.

Puis, quelques semaines avant de finalement signer la vente du terrain, Luc Poirier a refusé une offre de 13 millions de Québec et menacé de démarrer son projet sans l'accord du gouvernement dans les pages de Les Affaires. «Je vais faire mes plans pour être prêt au printemps ; je compte réaliser les premières ventes en février ou mars, disait le promoteur. Plus personne ne pourra m'arrêter.»

L'homme d'affaires multiplie les grands projets de copropriété, notamment dans le quartier Griffintown, à Montréal, à Trois-Rivières, à Candiac et à Boisbriand. Il cumule les entreprises, faisant fortune aussi bien avec son restaurant William, à Longueuil, qu'avec une entreprise de climatisation.

En 2010, Luc Poirier a aussi négocié pour acheter la station de ski Sutton. Il voulait construire un vaste projet résidentiel au pied de ses pentes. Mais il n'a finalement jamais fait d'offre finale aux propriétaires, la famille Boulanger.

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