Le Nord est multidimensionnel tout autant que savoureux


Édition du 25 Janvier 2014

Le Nord est multidimensionnel tout autant que savoureux


Édition du 25 Janvier 2014

Dans les faits, malgré tout ce qu'on a pu dire d'eux, ils ont confectionné un super beau reportage, ces journalistes français qui ont raconté à leur façon l'hiver québécois durant le temps des fêtes.

Rappel des faits. Le 27 décembre, la chaîne TF1 présente un reportage sur le Québec, «le pays des caribous», axé sur la ville de Québec et ses environs. Sympathique même si excessif, on y amplifie la froidure, le recours aux chiens de traîneaux et la longueur de l'hiver. En même temps, le ton, lui, est chaleureux et souligne le côté coriace des Québécois avec leur capacité à s'adapter aux conditions les plus rigoureuses.

Des commentateurs d'ici se sont indignés et leur ont tapé dessus. Oui, le reportage parlait d'un hiver qui dure huit mois (enfin, à Québec). Mais ne disons-nous pas souvent nous-mêmes que nous avons deux saisons, l'hiver et le mois de juillet ?

C'est toujours pareil. On n'aime pas que les autres viennent amplifier nos misères ou nos comportements. Nous avons le droit de nous plaindre de l'hiver, mais en famille.

D'accord, ces journalistes de TF1 ont exagéré avec ces huit mois hivernaux, mais vous savez quoi ? C'est probablement un Québécois de souche qui leur a mis la puce à l'oreille en grognant lors de ce décembre 2013 glacial. Il reste qu'ils sont venus célébrer ici ce qui nous distingue à la face de la planète : notre nordicité. Et elle est à la mode ces temps-ci. Un peu partout, le regard se tourne vers le Nord.

Samedi dernier, par exemple, The Globe and Mail a fait de la découverte du Nord canadien un thème récurrent dans chacune de ses sections, autant politique, culturelle que sportive. On y notamment évoqué le chantier routier entre Inuvik et Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui prolongerait la route Dempster de 140 kilomètres jusqu'à l'océan Arctique. La fameuse Dempster Highway est la plus boréale du Canada et s'étend déjà bien au-delà du cercle polaire. Son prolongement permettrait de désenclaver une vaste superficie, et les différentes parties prenantes, particulièrement les communautés autochtones, sont bien d'accord.

Un territoire au potentiel immense

Quand on pense au chichi qu'a provoqué, ici, le prolongement de la route 167, au nord de Chibougamau, jusqu'à la mine de diamants Renard, de Stornoway... En limitant la discussion à la seule mine, on a oublié que la route permettra l'ouverture d'un territoire au potentiel immense, à commencer par l'imposant parc Albanel-Témiscamie-Otish.

La région de Chibougamau est d'ailleurs en train de se mettre sur la carte pour bien autre chose que ses réserves forestières et minières. Elle commence à se présenter comme le haut lieu des PFNL, c'est-à-dire les produits forestiers non ligneux. En clair, ce qui pousse dans le milieu forestier à part les arbres : fruits, champignons et végétaux de toutes sortes. On y trouve des délices comme le thé du Labrador, une infusion savoureuse qui se déguste à petites gorgées, mais aussi une variété impressionnante de champignons sauvages, morilles, bolets, chanterelles et autres merveilles qu'on n'associait pas au Nord québécois autrefois. Aujourd'hui, l'organisme FaunENord (sans but lucratif) travaille à les mettre en valeur dans un esprit de développement durable.

Cet engouement naissant pour les produits du Nord a même inspiré le journaliste Yanick Villedieu. Récemment, il a consacré à ce sujet un blogue sur le site Web du magazine L'actualité, dans lequel il annonce qu'en 2014 nous allons «manger boréal», avec un menu allant du gibier aux petits fruits. Appétissant. Mais, surtout, révélateur de cet intérêt nouveau pour le Nord.

L'évolution est bienvenue. Ces derniers temps, quand on abordait la question du développement au-delà du 49e parallèle (alias le Plan Nord), la discussion bloquait sur les mines, le pour et le contre, avec d'interminables empoignades sur les redevances et autres comptabilités.

On se rend compte maintenant que le sens de l'expression «exploitation des ressources» est beaucoup plus large que le seul secteur minier, et que le Nord est tout sauf unidimensionnel. Mais il faudra accepter cette vision et inclure dans ce vaste projet les communautés locales.

Nous, à Les Affaires, allons y retourner vers la fin de mars pour la quatrième édition de notre Mission Grand Nord. Ce ne sera pas encore le printemps... mais nous y verrons à l'oeuvre des hommes et des femmes qui savent mieux que quiconque que le Nord n'est pas que l'avenir du Québec : c'est d'ores et déjà son présent.

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