Industrie du ski: La guerre des forfaits, une arme à double tranchant

Publié le 09/11/2013 à 00:00

Industrie du ski: La guerre des forfaits, une arme à double tranchant

Publié le 09/11/2013 à 00:00

Par Claudine Hébert

Grâce à leurs nombreux forfaits, notamment en soirée, les gestionnaires de centres de ski veulent susciter un fort achalandage sur les pentes.

Depuis 10 ans, les stations font fondre, comme neige au soleil, le prix de leurs abonnements pour garder les skieurs sur leurs pistes. Un choix rentable ?

Abonnement trois jours semaines à 69 $ au Mont Saint-Bruno, formule à 75 $ pour les enfants de moins de 12 ans à Tremblant, forfait mardi-mercredi-jeudi à 80 $ à Bromont, passe valable en tout temps à 199 $ au Mont Gabriel... «C'est la loi de l'offre et de la demande. Les stations qui développeront les stratégies les plus originales et les plus créatives sont celles qui réussiront à fidéliser leurs clientèles», soulève Michel Archambault, professeur émérite de la Chaire de tourisme Transat de l'UQAM et auteur de l'étude financière et économique du ski au Québec.

«L'objectif est de susciter un fort achalandage. Il faut créer du volume», rapporte Michel Couture de Ski Mont Saint-Bruno. Près de 75 % de tous les abonnements vendus au sein de la plus urbaine des stations de la province sont justement d'alléchants forfaits en soirée. La clientèle cible : les citadins qui veulent skier après les heures de bureau. «Ce n'est pas aux clients de s'adapter aux stations, mais à nous de créer des forfaits pour faciliter leurs visites», dit le gestionnaire.

Conséquence de la guerre des prix que se livrent les stations, le coût du billet de ski stagne depuis cinq ans. «Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond», s'inquiète Christian Dufour, président de l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ).

D'un côté, toutes ces promotions permettent de lutter contre la perception que le ski coûte cher. «Mais, d'un autre point de vue, ce n'est pas normal qu'un billet de ski vaille le même prix qu'un billet de cinéma. Même une place de stationnement en ville coûte plus cher», dit M. Dufour qui est aussi directeur expérience client pour le groupe Mont Saint-Sauveur International (MSSI).

Ski Montcalm, dans Lanaudière, refuse justement de participer à cette «guerre» de prix. «On n'en a pas les moyens», avoue John Barnowski, directeur général de la station lanaudoise. Comment alors s'en sortir élégamment ? La direction mise sur sa localisation et son statut de station familiale.

Plutôt que de baisser ses prix, la station doit annoncer ces jours-ci un investissement majeur d'un million de dollars pour diversifier son produit hivernal dès l'hiver prochain. Des glissades sur tubes et des sentiers de raquette s'ajouteront aux pentes de ski. «La station se trouve à moins de 25 minutes du grand Terrebonne, un secteur qui connaît l'une des plus fortes poussées démographiques au Québec. À nous de bonifier notre offre en conséquence pour demeurer attrayants», dit-il.

Éduquer les nouveaux arrivants

Christian Dufour croit, lui aussi, que les stations doivent miser sur la valeur de leur produit au lieu de se cannibaliser entre elles. «Plutôt que de se battre pour se partager la clientèle actuelle, il faudrait développer des stratégies pour attirer de nouveaux skieurs», souligne le président de l'ASSQ.

Depuis 10 ans, dit-il, la population du Québec s'est enrichie de nombreux nouveaux arrivants qui n'ont pas la culture de l'hiver. «C'est à notre industrie de multiplier les initiatives pour les éduquer, en proposant par exemple un accès plus abordable aux leçons de ski», souligne M. Dufour.

Le groupe MSSI a justement remporté lors du dernier gala de l'ASSQ le prix d'excellence pour le développement de nouveaux skieurs, grâce, entre autres, à son concours Initie-toi au ski. Une journée à 5 $ qui incluait une location d'équipement, un billet de remontée, sans oublier une leçon de ski...

30 000
L'industrie du ski génère 30 000 emplois directs et indirects, dont 12 000 dans les stations.

 4 $ à 6 $
Chaque dollar dépensé pour un billet de ski par un skieur qui vient de l'extérieur du Québec produit des retombées économiques de 4 $ à 6 $ (hébergement et restauration).

8,5 %
Les 6,5 millions de jours-ski des skieurs québécois représentent 8,5 % des 79 millions jours-ski enregistrés en Amérique du Nord.

Source : Association des stations de ski du Québec

 

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