L'arrivée de Las Vegas marque un changement dans le modèle de la LNH

Publié le 22/06/2016 à 16:26

L'arrivée de Las Vegas marque un changement dans le modèle de la LNH

Publié le 22/06/2016 à 16:26

Par Marc Gosselin

Las Vegas accueillera une équipe de la LNH en 2017. (Photo: Bloomberg)

L’admission des Black Knights de Las Vegas dans la Ligue nationale de hockey (LNH) marque un tournant dans l’évolution du modèle d’exploitation du circuit Bettman, estime André Richelieu, professeur titulaire de l’ESG UQAM et expert en marketing du sport.

Invité à commenter la décision du conseil des gouverneurs de la LNH, qui a été rendue publique cet après-midi et qui laissera Québec sur la touche, M. Richelieu affirme que la 31e équipe de la LNH – qui jouera son premier match lors de la saison 2017-2018 – sera un laboratoire du modèle de la diffusion en continu (streaming). «Comme les autres circuits professionnels, la LNH passera progressivement d’un modèle de télédiffusion [broadcasting] à un modèle de diffusion en continu [streaming]. C’est un modèle dans l’air du temps. Par exemple, la Ligue nationale de football s’est entendue avec Twitter pour diffuser ses matchs du jeudi soir sur le réseau social dès la saison prochaine. L’accès au Web permet d’aller chercher des partisans partout dans le monde et d’internationaliser son produit. C’est ce que vise la LNH.»

Comme il l’affirmait à lesaffaires.com en décembre dernier, M. Richelieu continue de douter de la viabilité à long terme d’une franchise de la LNH à Québec. Les tendances lourdes de la financiarisation du sport – qui consiste à maximiser les revenus et les bénéfices de la LNH – et du sportainment (contraction de sport et d’entertainment) favorisaient la candidature de Las Vegas, explique-t-il.

Un des enjeux majeurs concerne la masse de sièges sociaux à Québec et le soutien des entreprises par l’intermédiaire de loges et de billets de saison, soutient M. Richelieu. Par exemple, il avance que 75% des billets de saison du Canadien appartiennent à des entreprises, tandis que cette proportion grimpe à 90% à Toronto. «Or, la base corporative est mince à Québec. En fait, je dirais que la ville de Québec d’aujourd’hui est en mesure de soutenir les Nordiques de 1995, mais pas une équipe d’expansion de 2016. Même pas avec les droits actuels de télédiffusion : n’oublions pas que Québécor verse 100 M$ par année, jusqu’à la fin de la saison 2025-2026, pour diffuser les matchs de la LNH. En résumé, une équipe de Québec serait probablement bénéficiaire du système de partage des revenus afin de survivre à long terme, ce qui n’aiderait pas la LNH à accroître ses revenus.»

Le professeur estime que la LNH a eu plusieurs occasions de ramener le hockey professionnel à Québec, mais qu’elle a toujours ignoré la Capitale. «Ce n’est jamais la première option, mais la deuxième. La LNH a d’autres plans. Dans un prochain processus visant à faire passer les cadres de la ligue à 32 équipes, Québec pourrait être opposée à Seattle et à Houston. Dans le cas de Houston, c’est une des villes les plus importantes des États-Unis qui n’a pas d’équipe de la LNH. Une ville qui aurait une rivalité naturelle avec Dallas, au Texas. Bref, le commissaire Bettman a une volonté de nord-américaniser son circuit.»

À lire, également, le blogue de François Pouliot sur le retour des Nordiques. 

Tout n’est pas perdu

Économiste et vice-président principal du Conference Board du Canada, Glen Hodgson estime que tout n’est pas perdu pour Québec. «Québec est un grand marché qui a toujours tous les atouts pour réussir. La LNH a prix une décision d’affaires qui vise à protéger le prix de ses franchises», commente-t-il.

L’économiste rappelle que le taux de change du dollar canadien par rapport à la devise américaine était de 0,95 $ US quand le processus d’expansion a été lancé. Aujourd’hui, il est aux alentours de 0,78 $ US. Dans la pratique, cela signifie que la facture pour Québecor est passée d’un peu plus de 500 M$ CA à 700 M$ CA en deux ans. «C’est beaucoup d’argent à investir de la part d’un propriétaire», dit l’auteur de Power Play: The Business Economics of Pro Sports.

La décision d’octroyer une franchise à Las Vegas n’est pas sans risque, soutient M. Hodgson. «On peut se questionner sur la base et le soutien des partisans. Il s’agit d’un marché qui n’est pas traditionnel. En contrepartie, le principal risque de Québec concerne le taux de change. Cette ville ne voudra jamais perdre son équipe une deuxième fois, donc le soutien des partisans sera là.»

Glen Hodgson continue de croire que la Capitale pourrait accueillir une franchise par l’intermédiaire un transfert. «Il y a des franchises qui vivent des difficultés. C’est le cas des Hurricanes de la Caroline, des Panthers de la Floride et même des Islanders de Brooklyn, dit-il. Dans le cas des Islanders, ils ont attiré en moyenne seulement 13 000 spectateurs par match lors de la dernière saison régulière. À l’heure actuelle, Québec se trouve au milieu d’une grande stratégie de négociation avec la LNH.»

D'autres circuits suivent Vegas de près

La LNH n'est pas le seul circuit professionnel qui s'intéresse à Las Vegas. Les Ligues majeures de baseball et la NBA aimeraient bien y installer une franchise. Dans un texte publié le 21 juin sur SportingNews.com, le commissaire du baseball majeur, Rob Manfred, a qualifié Las Vegas d'option viable pour y accueillir une franchise, et ce, malgré la culture du pari sportif. La dernière expansion du baseball majeur remonte à 1998, avec l'ajout des Rays de Tampa Bay et des Diamondbacks de l'Arizona. En avril, Rob Manfred avait affirmé que le passage de 30 à 32 équipes n'était pas si éloigné dans le temps. Quant à la NBA, elle a suivi de près l'accession des Black Knights à la LNH. Enfin, la Ligue nationale de football s'intéresse également à la Cité du Vice : le propriétaire des Raiders d'Oakland, Mark Davis, a eu certaines discussions avec des intervenants de Vegas. Mais le déménagement des Raiders exigerait la construction d'un stade de plus d'un milliard de dollars américains et l'approbation de 24 des 32 propriétaires de la NFL.

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