Financement politique: des lobbyistes moins généreux

Publié le 06/09/2012 à 13:28, mis à jour le 06/09/2012 à 15:04

Financement politique: des lobbyistes moins généreux

Publié le 06/09/2012 à 13:28, mis à jour le 06/09/2012 à 15:04

NATIONAL

« Je suis bien content que le plafond de dons autorisés aux partis politiques ait baissé ! » dit Luc Ouellet, associé directeur au cabinet de relations publiques et gouvernementales National de Québec. En mai 2011, Jean Charest a fait passer de 3 000 à 1 000 $ le montant maximal de dons permis par parti autorisé pour chaque personne. « Un, ça me coûte moins cher. Deux, ça me met à l’abri de critiques », pense l’influent lobbyiste.

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Il explique que des candidats le sollicitent régulièrement pour faire acte de présence à l’occasion d’événements politiques.

« Comme je ne peux plus donner au-delà de 1 000 $, je pourrai répondre : “J’aimerais bien ça, y aller, mais je ne peux pas !” Ils comprendront que j’ai atteint ma limite de dons. Moi, je ne demande pas mieux que ça ! » affirme Luc Ouellet.

Le lobbyiste, très proche de Jean Charest, s’est retrouvé à la une des quotidiens à plusieurs reprises ces derniers mois. Son bureau cumule les services de relations publiques pour des agences gouvernementales et de lobbying auprès de Québec pour des clients privés.

Un plafond qui aide à dire non

Plusieurs autres lobbyistes interrogés par Les Affaires tiennent à peu près le même discours. En 2012, André Légaré a donné 1 000 $ à la Coalition avenir Québec, 400 $ au Parti québécois et 250 $ au Parti libéral du Québec. Avant la baisse du plafond des dons, l’année 2007 lui aura coûté autrement plus cher. Selon le registre des contributions du Directeur général des élections, ses dons aux trois principaux partis politiques ont totalisé cette année-là 4 255 $.

« En 23 ans de lobbying, j’ai participé à pas mal de cocktails, dit-il. Avec un plafond de 1 000 $, je vais moins m’y présenter. J’irai dans les soupers spaghettis à 5 $ ! » Sans limites plus contraignantes, les invitations sont difficiles à refuser pour les lobbyistes.

« On ne se fait pas tordre le bras, mais on se sent quelque peu sollicités, dit-il. On se demande un peu comment ça va être perçu si on ne donne pas. » Il dit militer pour un financement public depuis des années. « Dans ce cas-là, personne ne pourra être taxé de soudoyer qui que ce soit. »

Prudence

Au Groupe Capital Hill, à Montréal, le lobbyiste Philippe Gervais a diminué considérablement ses dons aux partis politiques. Contrairement à son habitude, il n’a encore rien envoyé au Parti libéral du Québec en 2012. « On fait plus attention à ce qu’on donne, dit-il. Il y a un intérêt accru des journalistes pour ça, et l’éthique, c’est aussi une question d’apparence. »

Alain Lemieux, également associé aux libéraux, a pris la même décision. « Moi, ça ne m’intéresse pas de recevoir régulièrement des appels de journalistes à ce sujet », dit-il.

Il convient que parfois, c’est difficile de dire non. « C’est eux qui nous sollicitent, dit l’ancien haut fonctionnaire fédéral. Quand je donne, je le fais de façon très personnelle, parce que j’ai des amis en politique, de tous les côtés. »

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