Cadeau de la Chine à Trump: l'ouverture de son secteur bancaire

Publié le 10/11/2017 à 08:16

Cadeau de la Chine à Trump: l'ouverture de son secteur bancaire

Publié le 10/11/2017 à 08:16

Par AFP

Photo: Shutterstock

La Chine va autoriser les entreprises étrangères à contrôler des banques et autres sociétés financières, a-t-elle annoncé vendredi à l’issue d’une visite à Pékin de Donald Trump, mais cette ouverture pourrait mettre du temps à porter réellement ses fruits.

Les restrictions qui encadrent le secteur financier chinois sont critiquées par Bruxelles et Washington, et l’hôte de la Maison Blanche, qui a fait du déficit commercial américain un cheval de bataille, avait justement appelé jeudi Pékin, lors d’un sommet avec son homologue Xi Jinping, à offrir un environnement «plus équitable» aux firmes américaines.

Or, le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao, a annoncé vendredi un assouplissement tous azimuts du secteur financier, fruit d’un «consensus» obtenu la veille entre les deux chefs d’Etat.

Désormais, les entreprises étrangères pourront contrôler jusqu’à 51% des coentreprises actives en Chine dans le courtage, la gestion d’actifs ou le négoce de contrats à terme, contre une participation maximale de 49% actuellement, a précisé M. Zhu.

Ce plafond sera supprimé d’ici trois ans, a-t-il ajouté. Dans l’assurance-vie, la limite sera étendue à 51% d’ici trois ans.

Surtout, les règlements qui empêchent actuellement des acteurs étrangers de posséder des participations majoritaires dans les banques «seront supprimés», a insisté le vice-ministre, sans fournir de calendrier.

A présent, un investisseur étranger ne peut posséder plus de 20% du capital d’une banque chinoise, et un établissement bancaire ne peut avoir au total qu’un quart de son capital aux mains d’acteurs étrangers.

En conséquence, les banques étrangères sont condamnées à ne jouer qu’un rôle marginal: leur part de marché en Chine était estimée à 1,4% fin 2015 contre 2,2% en 2008, selon la Chambre de commerce de l’Union européenne à Pékin.

Les restrictions ont poussé la plupart d’entre elles, à l’exception notable de HSBC, à réduire drastiquement leurs participations dans le pays.

Alors qu’a contrario, les firmes financières chinoises (Haitong, ICBC, Anbang...) enchaînent à l’international les investissements dans la finance et l’assurance, notamment en Europe.

«Concurrence acérée»

«J’ai hâte de voir les détails, car l’ouverture du secteur financier pourrait améliorer drastiquement l’allocation des ressources financières», se réjouit William Zarit, président de la Chambre de commerce américaine à Pékin, fustigeant des restrictions qui «entravent l’activité depuis bien trop longtemps».

Tout en reconnaissant «un progrès encourageant», la Chambre de commerce de l’UE se montrait, elle, plus circonspecte sur la mise en oeuvre effective et les marges de manoeuvre véritables des groupes étrangers.

«Nous attendons de voir combien de banques étrangères prendront des participations majoritaires (...) s’il leur faudra des permis supplémentaires, si elles ne seront pas confrontées à d’autres restrictions », s’inquiète-t-elle, dans une déclaration à l’AFP.

De plus, «cette ouverture intervient tardivement», ce qui complique la tâche des firmes étrangères pour s’imposer face à des rivaux chinois bien établis, avec notamment la concurrence de banques étatiques.

Même prudence chez Raymond Yeung, analyste de la banque ANZ: les investisseurs étrangers n’ignorent pas le potentiel du marché, mais sont « conscients de la concurrence acérée dans le secteur financier chinois », de quoi modérer leur enthousiasme, note-t-il.

D’autant que le plafond des participations « n’est qu’un des multiples facteurs d’accès au marché ». Les acteurs étrangers « resteront soumis à de nombreux feux verts officiels » et aux exigences réglementaires, prévient M. Yeung.

«Jalon historique»

Ce qui n’empêche pas Larry Hu, analyste de Macquarie cité par Bloomberg, d’y voir un « jalon historique » et la marque du climat de « coopération » entre Pékin et Washington.

Autre signe de bonne volonté: la Chine va « graduellement, à un rythme approprié, réduire les droits de douane » sur les importations d’automobiles, a promis Zhu Guangyao, sans fournir de chiffres ni de calendrier.

De même, le vice-Premier ministre Wang Yang a rappelé vendredi que les entreprises étrangères « ne doivent pas être forcées » à partager leurs technologies pour accéder au marché chinois --ce dont l’accuse Washington, qui a lancé une enquête sur le sujet.

Dans le secteur financier, le régime communiste avait déjà commencé ces dernières années à entrouvrir ses marchés.

Depuis 2014 ont été lancées deux plateformes de transaction connectant les Bourses de Shanghai et de Shenzhen à celle de Hong Kong, offrant aux investisseurs étrangers un accès limité à certains titres cotés en Chine continentale. Et en juillet dernier, la Chine avait déverrouillé son gigantesque marché obligataire en yuans.

 

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