«J'avais trop de crédibilité à la SEC», a affirmé Bernard Madoff. Photo : Bloomberg
En arrivant en prison, Bernard Madoff était assez fier d'avoir trompé ses pairs, découvre-t-on dans les minutes de son premier interrogatoire après son arrestation.
"J'avais trop de crédibilité à la SEC", la commission américaine des opérations de Bourse, se vante ainsi l'ancien patron du Nasdaq, ajoutant: "ils ont écarté l'idée" que je puisse flouer des investisseurs de milliards de dollars.
"Il n'est jamais venu à l'esprit de la SEC que c'était une fraude pyramidale" (de Ponzi) dit encore le financier, d'après le compte-rendu de son interrogatoire en prison mené le 17 juin par un inspecteur de la même Securities & Exchange Commission.
Madoff était convaincu que la SEC ne pouvait pas le soupçonner, malgré les nombreuses investigations de la commission sur le fonctionnement de son affaire. Les inspecteurs n'ont "jamais demandé" à voir les livres de comptes qui auraient du corroborer ses dires, affirme-t-il.
L'escroc de haut vol était si sûr de lui qu'il dit ne pas avoir amené d'avocat-conseil, quand il a du témoigner devant la SEC, parce qu'il essayait justement de faire croire aux enquêteurs qu'il n'avait rien à cacher.
Pourtant, plus loin, il déclare s'être rongé les sangs à cause de ces enquêtes répétées, redoutant à tout moment d'être pris : "C'était un cauchemar pour moi, j'aurais voulu qu'ils m'attrapent six ou huit ans plus tôt", dit l'homme, âgé de 71 ans, qui a dépouillé plusieurs organisations charitables.
Les détails de l'entretien avec l'inspecteur général David Kotz au centre correctionnel de New York ont été publiés avec des centaines d'autres pièces relatives à l'enquête de la SEC, qui n'est pas parvenu à voir ce qui clochait dans la construction de Bernard Madoff pendant près de 16 ans.
La SEC s'efforce de détruire l'affirmation selon laquelle l'escroc avait "une relation proche" avec le président de la SEC, Mary Schapiro, qui présidait auparavant l'autorité autorégulatrice de l'industrie financière. Madoff ne craint pas de l'appeler "ma chère amie", tout en se disant convaincu qu'elle préférerait ne jamais l'avoir rencontré.
LE DOCUMENT DE L'ENTREVUE:Interview With Bernie Madoff on June 17, 2009
