Entrevue: Yancey Strickler, fondateur de Kickstarter.com

Publié le 04/06/2011 à 00:00

Entrevue: Yancey Strickler, fondateur de Kickstarter.com

Publié le 04/06/2011 à 00:00

Par Diane Bérard

Yancey Strickler, fondateur de Kickstarter.com

Yancey Strickler et Perry Chen se sont connus dans un café de Brooklyn. Le premier était client. Le second, serveur. Et tous deux, artistes. Kickstarter.com, leur entreprise, est née de leurs échanges sur les limites du financement traditionnel des arts. La solution ? Une plateforme en ligne de financement par la foule. Charles Adler, un designer Web, complète ce trio de trentenaires.

DIANE BÉRARD - Depuis deux ans, près de 600 000 personnes ont financé de leur poche des projets proposés sur votre site, kickstarter.com. Pourquoi ces gens ont-ils donné leur argent sans aucun retour ?

YANCEY STRICKLER - D'abord, ce ne sont pas des dons. Chaque personne qui contribue reçoit quelque chose : un DVD de l'oeuvre, des billets pour le spectacle, etc. Ensuite, notre univers se situe bien en marge de celui de la finance traditionnelle. Le " rendement " de votre contribution, c'est votre rapport émotif avec le projet. En le finançant, il devient aussi le vôtre, vous faites partie de son histoire. C'est ce qui fait courir les mécènes de kickstarter.com.

D.B. - Pourquoi vous et moi devrions-nous financer des projets ? N'est-ce pas le rôle des banques et du capital de risque ?

Y.S. - Le système financier traditionnel est centré sur lui-même et ses propres besoins. Il ne se soucie que du rendement de l'investissement, il veut faire de l'argent. Les projets qui ne visent pas ce but n'existent pas à ses yeux. Or, les critères du système financier ne sont pas nécessairement ceux de tous. Certains d'entre nous favorisent plutôt les projets orientés vers la créativité et la passion.

D.B. - Certains diront que, si ces projets ne peuvent se financer par les voies traditionnelles, c'est peut-être qu'ils ne devraient pas voir le jour. Qu'en pensez-vous ?

Y.S. - La finance traditionnelle est loin d'avoir une feuille de route impeccable. Sinon, nous ne serions pas dans le pétrin comme nous le sommes actuellement. Je crois plus à la sagesse des individus qu'à celle du système financier traditionnel.

D.B. - Comment fait-on pour afficher un projet sur votre site ?

Y.S. - Vous répondez en ligne à cinq questions et, dans les 24 à 48 heures, vous obtenez une réponse ou une demande d'information supplémentaire. Nous recevons 300 propositions par jour. Elles sont toutes analysées par notre équipe de suivi.

D.B. - Certains projets sont-ils exclus d'office ?

Y.S. - Oui. Nous avons établi certaines règles. Règle no 1 : n'effectuer aucune campagne de financement pour défendre une cause. Règle no 2 : le projet doit être assorti d'un début et d'une fin, et se conclure par une réalisation tangible. Nous avons aussi une règle voulant que les projets émanant d'entreprises soient écartés, car, au départ, nous ne voulions accepter que ceux provenant d'individus. Mais cette règle est peut-être trop générale, nous allons la revoir.

D.B. - Tous les projets arrivent-ils à amasser le financement requis ?

Y.S. - À ce jour, 43 % des projets affichés sur notre site ont recueilli tout le financement voulu.

D.B. - Comment vous financez-vous ?

Y.S. - Nous encaissons 5 % du montant total de chaque projet pour lequel le budget est bouclé. Par contre, si un projet n'amasse pas la somme demandée, il n'y a aucun frais pour le créateur.

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