Réinventer les transports en commun


Édition du 15 Mars 2014

Réinventer les transports en commun


Édition du 15 Mars 2014

Mathias Glaus et Robert Hausler, professeurs de génie à l'École de technologie supérieure (ÉTS)

Imaginez un centre-ville sillonné par une série de petits véhicules collectifs, sans chauffeur et alimentés par un champ magnétique, qui peuvent circuler sur un trajet prédéterminé, mais aussi se transformer en voitures électriques pour les déplacements à l'extérieur des circuits. Cela peut sembler de la science-fiction, mais pour Mathias Glaus et Robert Hausler, professeurs de génie à l'École de technologie supérieure (ÉTS), ce système de transport est la clé pour désengorger les milieux urbains et rendre les transports plus efficaces et moins polluants.

Les deux ingénieurs d'origine suisse font partie des chercheurs de la Station expérimentale des procédés pilotes en environnement de l'ÉTS. La mission de la Station consiste à trouver des solutions novatrices aux problématiques environnementales des entreprises et des organismes publiques.

Ils n'ont pas inventé ce véhicule hybride nouveau genre, connu en Europe sous le nom de Serpentine. Mais ils trouvent l'idée tellement géniale qu'ils travaillent à élaborer autour d'elle de nouveaux modèles de transport urbain.

Ce système prend la forme de capsules de quatre places propulsées par l'énergie d'un ruban magnétique enfoui dans la chaussée. Il n'y a ni contact ni frottement. Les capsules peuvent être reliées à la manière d'un train ou se subdiviser en unités individuelles. Dans le premier cas, elles suivent un parcours établi et sont pilotées par un système informatique. Dans le second, elles deviennent des véhicules électriques individuels qui tirent leur énergie d'une batterie et qui peuvent rouler dans des secteurs non couverts par le champ magnétique.

«C'est un changement complet de paradigme, qui nécessite de penser autrement», dit Mathias Glaus qui, avant de s'installer au Québec, a travaillé à la conception de la Serpentine avec son inventeur, Bernard Saugy, aujourd'hui décédé. D'ailleurs, quand celui-ci a jeté les bases de sa technologie, dans les années 1980, il n'a pas été pris au sérieux, tant le concept était révolutionnaire. Depuis, la faisabilité technique a été prouvée, un véhicule de démonstration ayant été en fonction pendant trois ans à Lausanne, en Suisse, au début des années 2000.

Mais le projet s'est heurté à toutes sortes d'obstacles réglementaires et surtout à des résistances au changement. «Il y a un noeud chez les décideurs pour implanter cette technologie, admet Robert Hausler. Personne n'ose se mouiller. L'idée est encore trop innovatrice.»

Beaucoup de chemin à faire

Malgré tout, les deux collègues ingénieurs, eux, y croient. Ils s'inspirent notamment de la nature pour développer des concepts de réseaux de transport plus efficaces qui intègrent la Serpentine. «Les moisissures, par exemple, forment des réseaux complexes pour se tracer un chemin jusqu'à leur source de nourriture, explique Mathias Glaus. On peut les modéliser, puis les adapter pour améliorer la mobilité urbaine des personnes et des marchandises.»

Un autre atout de la Serpentine, c'est qu'elle peut aussi être utilisée pour transporter des marchandises et même faire la cueillette des déchets et des matières recyclables.

À titre d'exemple, les commerces pourraient se faire livrer leurs marchandises par ce moyen plutôt que par camion.

«On a aussi imaginé une capsule-déneigeuse qui déblaierait les trottoirs, poursuit l'ingénieur. Bref, on travaille sur toutes sortes de concepts de développement durable pour aménager des centres-villes piétonniers, diminuer la pollution, éliminer les embouteillages.»

Les chercheurs de l'ÉTS restent réalistes. Avant de s'implanter dans les réseaux de transport municipaux, la technologie devra vraisemblablement d'abord prendre vie dans un aéroport, un parc d'attractions ou encore un site commercial ou industriel aménagé sur une grande superficie. «Il faut un élément déclencheur pour commencer à changer les mentalités», constate Robert Hausler.

Ils sont toutefois convaincus que les systèmes collectifs de transport automatisé finiront par s'imposer. «On ne peut pas augmenter à l'infini le nombre de véhicules dans les villes, martèlent-ils. Et si ce n'est pas avec la Serpentine elle-même, on y arrivera avec la transformation graduelle de l'automobile.»

La voiture sans conducteur de Google avec pilotage automatique, la voiture électrique et les systèmes d'autopartage comme Communauto sont autant de pas vers le changement, selon eux.

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