Photon etc. scrute le coeur de la matière


Édition du 31 Octobre 2015

Photon etc. scrute le coeur de la matière


Édition du 31 Octobre 2015

Par Pierre Théroux

«Il y a un monde infini de possibilités pour nos instruments. » – Sébastien Blais-Ouellette, président-fondateur de Photon etc.

Sébastien Blais-Ouellette est bardé de diplômes. Le président-fondateur de Photon etc. possède un baccalauréat et une maîtrise en physique de l'Université de Montréal, obtenue en collaboration avec le réputé laboratoire suisse CERN, où il côtoyait quotidiennement des lauréats du prix Nobel. « La science me fascine depuis toujours. À neuf ans, je voulais devenir physicien nucléaire », dit le détenteur d'un doctorat en astronomie de l'Université de Montréal ainsi que de l'Université d'Aix-Marseille en France.

Ses connaissances dans le domaine de l'astronomie extragalactique l'amènent à travailler comme chercheur au prestigieux California Institute of Technology (Caltech). « Je travaillais sur la prochaine génération de télescopes, et plus particulièrement sur les instruments nécessaires à leur fabrication », précise-t-il.

C'est là qu'il met au point une technologie favorisant l'utilisation d'une caméra spectrale. Jumelé à un télescope, cet instrument permet de voir la composition chimique de la galaxie. Mais aussi, par extension, celle des objets.

« C'était clair qu'il y avait beaucoup d'autres champs d'application que l'astronomie pour lesquels cette technologie pouvait avoir un impact important », explique-t-il.

Un ami lui suggère de lancer une entreprise qui mettrait à profit cette nouvelle technologie. En 2004, la jeune pousse spécialisée dans l'instrumentation optique et photonique s'installe au Pavillon J.-Armand-Bombardier, de Polytechnique et de l'Université de Montréal, qui abrite des laboratoires consacrés aux nanotechnologies.

Chercher les difficultés

La PME montréalaise fait d'abord sa marque auprès des laboratoires de recherche et des milieux de l'astronomie partout dans le monde. « On a d'abord bâti un portefeuille de nouveaux instruments d'imagerie spectrale sur mesure, plus performants pour les chercheurs qui voulaient aller encore plus loin dans leurs travaux. »

Ce marché lui permet de faire ses premières ventes, de financer ses activités et d'embaucher graduellement du personnel. Il est néanmoins restreint. Sans compter que le cycle de vente est très long. Mais pour Photon etc., sky is the limit.

« Il y a un monde infini de possibilités pour nos instruments, dans de nombreux secteurs d'activité qui nous sont même encore inconnus. On cherche les difficultés et on apporte les solutions », souligne l'entrepreneur de 44 ans.

Photon etc. a ainsi étendu ses activités dans les domaines biomédical et minier. En ophtalmologie, sa caméra rétinienne permet d'établir un diagnostic précoce de la dégénérescence maculaire causée par l'âge. L'imagerie hyper-spectrale permet aussi d'améliorer les activités de cartographie dans l'industrie minière : la technologie de Photon etc. permettrait d'analyser des carottes de forage avec une résolution spatiale 900 fois supérieure.

Des applications qui font des petits

Ces avancées technologiques ont amené la création de deux spin-off : Optina Diagnostics, établie dans l'arrondissement Saint-Laurent, et Photonic Knowledge, de Rosemère, dans les Basses-Laurentides. De plus, une troisième entreprise issue d'un essaimage, Nüvü Caméras, installée à Montréal, se spécialise dans le développement de caméras conçues pour le comptage de photons.

« Nous ne sommes pas des spécialistes de l'ophtalmologie ou du secteur des mines, et nous n'aurions pas les moyens d'embaucher des équipes dans ces domaines ou de créer plusieurs unités d'affaires. Nous cherchons donc des partenaires qui bâtiront une entreprise à partir de notre technologie », explique Sébastien Blais-Ouellette.

Photon etc. cible d'autres secteurs prometteurs, notamment l'agroalimentaire, l'aéronautique et l'environnement. L'entreprise réalise la moitié de son chiffre d'affaires au Canada. Les États-Unis et la Chine fournissent plus de 40 % de ses revenus. On la retrouve également sur les marchés de l'Europe, du Japon et du Brésil. Son expansion l'a amenée en 2008 à déménager sur le Campus des technologies de la santé, dans le quartier Rosemont, où elle emploie 23 personnes, dont une quinzaine d'ingénieurs.

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