Le prof Mintzberg persiste et signe


Édition du 01 Mars 2014

Le prof Mintzberg persiste et signe


Édition du 01 Mars 2014

Par Diane Bérard

Henry Mintzberg

Voilà 41 ans que le professeur Henry Mintzberg jette son regard critique sur les organisations, leurs stratégies et leurs leaders. Son 17e livre, sorti le 1er mars, est un fait un e-pamphlet, ou brochure électronique. Sous le titre Rebalancing Society, Mintzberg tourne cette fois son regard inquiet sur la société. Mais qu'est-ce qui trouble ainsi le sommeil du plus international des professeurs québécois de gestion ?

Ce qui cloche dans la société

1 - On a confondu la mort du communisme et le triomphe du capitalisme. «Lorsque le mur de Berlin s'est écroulé, on a conclu, à tort, que l'échec du communisme sonnait la victoire du capitalisme, déplore le professeur. Or, ce qui a tué le communisme, et qui est en train de tuer le capitalisme, c'est le déséquilibre entre les trois piliers de la société.» Toute société repose sur le secteur public, le secteur privé et la société civile. Le communisme a assis la domination du secteur public sur les deux autres. Le capitalisme, lui, celle du secteur privé. «Dans les deux cas, cette emprise ne peut pas durer. La preuve est faite pour le communisme. C'est maintenant au tour du capitalisme de dévoiler les failles associées à ses excès.»

2 - Les entreprises socialement responsables ne peuvent compenser celles qui se conduisent de manière socialement irresponsable. «Je connais beaucoup de pdg droits et honnêtes, insiste Henry Mintzberg. Et je veux bien que le capitalisme adopte un visage plus humain. Mais ajouter les mots "conscient" et "durable" au capitalisme ne suffira pas à le réparer. Il faut qu'on ramène l'équilibre. Que le gouvernement reprenne le pouvoir qu'il a cédé aux organisations. Et que les citoyens se fassent entendre et respecter.»

Que faire ?

1 - Il faut réduire l'importance de la Bourse. «Nous n'éliminerons pas la Bourse, reconnaît le professeur. Mais inspirons-nous de l'une des plus grandes sociétés indiennes, le groupe Tata. C'est une entreprise à capital ouvert. Toutefois, elle est gérée par une fondation familiale qui contrôle les actions avec droit de vote. Cette formule enlève la pression du court terme et crée une atmosphère complètement différente dans l'organisation.»

2 - Inspirons-nous du Brésil. Le Brésil n'est pas parfait, tant s'en faut. Pourtant, c'est un pays dynamique et créatif. Une sorte de «laboratoire de l'équilibre» entre les trois piliers de la société, qui y sont de force à peu près égale. «Les Brésiliens ont une attitude "pourquoi pas ?" au lieu de "pourquoi ?"», souligne Henry Mintzberg. Le pouvoir politique (gouvernement) y défend son territoire face au pouvoir économique (secteur privé). Il cite la crise du SIDA au début des années 1990. Incapable de convaincre les multinationales pharmaceutiques de réduire le prix de leurs traitements, Brasilia commande des versions génériques locales. Les pharmas contestent cette concurrence devant les tribunaux. Le gouvernement réplique devant les Nations-Unies en invoquant le fait que le traitement du SIDA est un droit humain. Il gagne.

«Les entreprises détestent que le gouvernement se mêle de leurs affaires. Moi, je déteste qu'elles se mêlent des affaires de mon gouvernement. Mais mon gouvernement doit se rappeler qu'il est le gouvernement de tous. En fait, tous les dirigeants doivent redevenir les leaders de leur communauté, pas d'un lobby en particulier. Alors, la société pourra peut-être s'en sortir.»

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