De la seringue sans aiguille au super moteur


Édition du 15 Mars 2014

De la seringue sans aiguille au super moteur


Édition du 15 Mars 2014

«C'est un canon miniature qui fonctionne à l'aide d'une réserve de gaz comprimé et qui projette à haute vitesse un vaccin en poudre dans la peau» - Martin Brouillette

Les écoulements à haute vitesse. Ce concept ne dit probablement pas grand-chose à Monsieur et à Madame Tout-le-Monde. Mais pour Martin Brouillette, ingénieur en aéronautique et professeur au département de génie mécanique de l'Université de Sherbrooke, c'est un domaine de recherche passionnant qui ouvre la voie à toutes sortes d'inventions.

Ainsi, il planche depuis quelques années sur une seringue sans aiguille (qu'il préfère appeler injecteur) qui permettrait d'administrer un vaccin sans que le patient ressente de la douleur.

«C'est un canon miniature qui fonctionne à l'aide d'une réserve de gaz comprimé et qui projette à haute vitesse un vaccin en poudre dans la peau», explique-t-il.

L'injecteur, qui est breveté, se décline en deux modèles : jetable à usage unique et multidose, avec embouts de plastique jetables pour la vaccination massive.

Plusieurs avantages

Cette invention présente plusieurs avantages par rapport à la seringue traditionnelle, selon l'ingénieur de 51 ans.

«L'injection est rapide et sans douleur. La sensation ressentie ressemble au fait de recevoir une pichenotte.»

Et il n'y a ni sang, ni risque que le personnel médical se blesse avec une aiguille, ni rebuts médicaux dangereux. Pour une même efficacité, la dose de vaccin requise est considérablement réduite. «Quand on veut se protéger d'une invasion, on place des soldats à la frontière, illustre Martin Brouillette.

«Dans le corps, c'est la même chose, ajoute-t-il. Les premiers répondants du système immunitaire se trouvent à une faible profondeur sous la peau, car c'est là où surviennent la plupart des invasions. Si le vaccin est administré à cet endroit, comme c'est le cas avec l'injecteur, une très petite dose suffit. Mais s'il est injecté dans le muscle avec une aiguille, il faut une dose beaucoup plus forte.»

En fait, avec la même quantité de vaccin utilisée pour une seule personne aujourd'hui, le nouvel injecteur pourrait permettre d'en immuniser de 100 à 1 000 fois plus.

Autre avantage : les vaccins en poudre sont stables à la température ambiante et n'ont donc pas besoin d'être réfrigérés, contrairement aux vaccins commercialisés sous forme de solution.

L'injecteur est soumis actuellement à des essais par quelques sociétés pharmaceutiques. Quand arrivera-t-il sur le marché ? D'ici quelques années, peut-être.

«Commercialiser un produit destiné à la santé humaine prend beaucoup de temps, constate l'ingénieur. Il faut faire des tests avec des animaux, des humains, et puis faire approuver le produit.»

Sans compter que le dispositif aura fort à faire pour déloger la seringue traditionnelle.

C'est que le modèle à dose unique, sans le médicament, coûte 1 $, soit quatre fois le prix d'une aiguille. «Les fabricants de vaccins voudraient bien l'avoir au même prix que l'aiguille, mais son coût de fabrication demeure plus élevé, malgré tous nos efforts pour l'abaisser», précise Martin Brouillette. À suivre, donc !

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