Une percée technologique qui rapporte à GéoMégA


Édition du 19 Avril 2014

Une percée technologique qui rapporte à GéoMégA


Édition du 19 Avril 2014

Par Suzanne Dansereau

Pouya Hajiani, doctorant à l’Université Laval, a travaillé sur le procédé qui a recours à l’électricité pour séparer les éléments de terres rares, comme l’europium, l’ytterbium et le lanthane (photo du bas).

La R-D dans le secteur minier, ça paie ! Depuis le début de l'année, la valeur de l'action de la petite société minière GéoMégA, qui explore un gisement de terres rares à la Baie-James (Eeyou Istchee), a grimpé de 540 % après l'annonce d'une percée technologique.

Au moment d'écrire ces lignes, l'entreprise de Saint-Lambert attendait les résultats d'un troisième test, fait à partir d'un concentré commercial de terres rares. Les résultats pourraient démontrer qu'elle est capable de séparer les éléments de terres rares grâce à un nouveau procédé, sans utiliser de solvant chimique polluant. Et de le faire à moindres frais.

GéoMégA est entrée en Bourse en septembre 2010. Cinq mois plus tard, elle découvrait un important gisement de terres rares à Montviel, sur le territoire de la première nation crie de Waswanipi.

Son défi : trouver une façon de séparer les 16 différents éléments de terres rares du minerai extrait. En Chine, on sait comment le faire, mais le procédé est très polluant, car il utilise de puissants solvants chimiques. De plus, il exige l'investissement de capitaux importants destinés à la construction d'usines chimiques.

Recourir à l'électricité

GéoMégA a d'abord travaillé avec des chercheurs de l'École Polytechnique de Montréal sur un procédé magnétique. Mais la mise à l'échelle du procédé se révélait problématique, raconte le président de la société, Simon Britt.

Par l'intermédiaire de la firme d'ingénierie G Services Miniers, avec laquelle GéoMégA travaille, Simon Britt a ensuite rencontré Pouya Hajiani, doctorant à l'Université Laval. M. Hajiani s'est intéressé à un autre procédé, l'électrophorèse à circulation libre, qui recourt à l'électricité pour séparer les éléments de terres rares. Le procédé a été jugé prometteur. Un an plus tard, après le dépôt de brevets, GéoMégA s'est associée à une sommité mondiale en électrophorèse, le Dr Gerhard Weber, président de la société allemande FFE Service GmbH. Ensemble, ils ont poursuivi les tests sur le procédé.

«Au début, on voulait juste valider notre procédé et montrer au marché que notre démarche était sérieuse, mais rapidement on a décidé de conclure un partenariat, indique M. Britt. Depuis, on optimise le procédé pour augmenter la concentration.»

Rupture technologique

Les deux partenaires ont fait trois essais à la suite desquels tous les éléments se sont séparés simultanément et non de façon séquentielle, tandis que le niveau de pureté s'est élevé à 100 %.

En janvier, GéoMégA a annoncé la réussite de la séparation physique de trois éléments de terres rares (europium, ytterbium, lanthane) et en a augmenté considérablement la concentration. En février, elle a annoncé qu'elle arrivait aussi à séparer les éléments voisins, ce qui a représenté une deuxième percée, encore plus importante que la première. «Certaines séparations sont plus difficiles à atteindre que d'autres», explique M. Britt.

Si les résultats des derniers tests sont concluants, GéoMégA aura démontré que son procédé peut aussi séparer les éléments et éliminer les impuretés contenues dans un concentré commercial - ce qui ne représenterait rien de moins qu'une rupture technologique.

Forte de cette technologie dont elle est l'unique propriétaire, GéoMégA pourra alors séparer les terres rares de Montviel à moins cher et plus proprement.

«Il reste beaucoup de travail à faire et d'étapes à franchir pour confirmer la mise à l'échelle, indique Simon Britt. Si on se permet de rêver, notre procédé nous permettra subséquemment de fabriquer les aimants à haute puissance, nécessaires à l'électrification des transports.»

Les terres rares sont utilisées dans la défense, les télécommunications et les technologies vertes. La Chine détient 95 % du marché, mais elle impose des quotas et sa technologie pollue. Le Canada a pour objectif de concurrencer la Chine et d'obtenir 20 % du marché mondial d'ici 2020.

La nation crie et le gouvernement régional Eeyou Istchee Baie-James détiennent des actions de GéoMégA. Le gisement est situé près d'infrastructures. Le projet de Montviel est à l'étape de l'étude économique préliminaire.

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