Technosub souhaite explorer de nouvelles avenues


Édition du 26 Août 2017

Technosub souhaite explorer de nouvelles avenues


Édition du 26 Août 2017

Par Pierre Théroux

Technosub vient de mettre en marché un système souterrain de gestion des boues, appelé Mudwizard.

Les grands exportateurs
En complément de chaque Focus régional, découvrez le portrait d'une entreprise locale dont le chiffre d'affaires repose notamment sur l'exportation.

Début juillet, Éric Beaupré était en voyage d'affaires en Arizona. Le PDG de Technosub, un fabricant et distributeur de pompes industrielles, souhaite s'y implanter pour étendre ses activités au sud de la frontière. «On s'est toujours dit qu'il valait mieux être maître chez nous avant d'explorer de nouveaux marchés. On est maintenant prêts», déclare celui qui dirige cette entreprise de Rouyn-Noranda dont l'expertise est aujourd'hui reconnue partout au pays. De fait, les pompes submersibles de Technosub, conçues spécialement pour l'industrie minière, sont utilisées dans quelque 70 % des 160 mines du Canada. Ces pompes sont notamment employées à des centaines de pieds de profondeur au cours de forages ou pour le dénoyage de puits miniers remplis d'eau.

L'entreprise exporte déjà ses produits dans certains pays comme le Mexique et le Honduras, de même qu'en Afrique de l'Ouest. «Cependant, on le fait par l'entremise d'entreprises minières canadiennes. On veut maintenant faire notre propre développement de marché», dit M. Beaupré, en précisant que Technosub réalise environ 10 % de ses revenus de 50 millions de dollars (M$) à l'extérieur du Canada.

L'équipementier minier lorgne particulièrement l'Arizona en raison de son importante activité minière, de même que les États du Nouveau-Mexique et du Nevada, où on compte quelque 80 mines. De plus, «la ville de Tucson est à seulement 60 km du Mexique, où nous souhaitons aussi accroître nos activités», indique M. Beaupré.

Une percée dans les tunnels

Technosub entend par ailleurs miser sur le développement d'une nouvelle technologie qui lui permettra non seulement d'accentuer sa présence dans le secteur minier, mais aussi de lui ouvrir des portes dans d'autres secteurs d'activité.

L'entreprise vient en effet de mettre en marché un système souterrain de gestion des boues, appelé Mudwizard. Cette percée technologique permet de séparer les résidus solides de l'eau, qui est traitée et peut être réutilisée sous terre. L'invention, développée depuis cinq ans par l'équipe de recherche et développement de Technosub, réduit aussi considérablement la quantité de résidus qui doivent être remontés à la surface, puis transportés par camion.

«C'est un avantage considérable quand on creuse dans des centres-villes comme ceux de New York et de Paris», fait valoir Éric Beaupré. En effet, si le Mudwizard a initialement été conçu pour l'industrie minière, il est aussi en voie de faire sa marque auprès des foreurs de tunnels urbains. L'entreprise autrichienne de construction Strabag a fait appel à Technosub pour participer à la construction, sous la rivière Hudson, d'un tunnel qui permettra de fournir 50 % de l'eau potable de la ville de New York. De plus, Strabag «a réalisé qu'on avait aussi une expertise dans les systèmes de pompage et nous a acheté des équipements».

Le Mudwizard a également séduit le groupe de construction français Bouygues, qui participe au forage des tunnels pour le Grand Paris Express, ce projet de prolongement de quelque 200 km de lignes de métro sur le territoire de l'Île-de-France. «On a pu rencontrer le responsable de la construction de tunnels pour Bouygues lors d'un congrès à San Francisco. On avait 15 minutes pour faire notre pitch de vente, et notre présentation s'est finalement prolongée pendant deux heures et demie», souligne fièrement M. Beaupré.

Diversifier ses activités

Ces divers projets permettront non seulement à Technosub d'accroître sa présence à l'échelle internationale, mais aussi de diversifier ses activités et de se prémunir davantage contre les cycles de l'industrie minière. «La crise de 2008 a fait mal, mais on a réussi à passer au travers», souligne le dirigeant de cette entreprise qui connaissait jusqu'alors une croissance importante de ses revenus.

L'entreprise, fondée en 1983 par Yvan Blais, en a profité pour engager en 2009 un ingénieur pour la première fois de son histoire. Patrick Martel, aujourd'hui actionnaire de Technosub, dirige une équipe de 16 ingénieurs et techniciens qui permet à l'entreprise d'offrir des projets clé en main. «On se déplace pour visiter les mines et proposer les meilleures solutions de pompage selon les besoins», explique M. Beaupré.

L'entreprise a aussi pu compter sur sa gamme de pompes submersibles industrielles de fabrication japonaise Tsurumi, dont elle détient la distribution exclusive au Canada. Ces pompes, vendues à des détaillants qui en font la vente et la location, sont d'ailleurs utilisées actuellement dans les chantiers du nouveau pont Champlain et de l'échangeur Turcot, à Montréal. Elles ont aussi grandement servi lors des inondations du printemps dernier.

Technosub, qui emploie 150 personnes, dont 90 à Rouyn-Noranda, a profité en 2015 du soutien financier du Fonds de solidarité FTQ, qui est alors devenu actionnaire majoritaire. Il s'agissait d'un deuxième investissement du Fonds, après un octroi de 6 M$ en 2011, afin d'appuyer le transfert de propriété de Technosub et le développement de ses activités à l'étranger.

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