Le Manitoba veut créer son «Plan Nord»


Édition du 12 Août 2017

Le Manitoba veut créer son «Plan Nord»


Édition du 12 Août 2017

Par François Normand

[Photo : 123RF]

Pour relancer l'économie du nord de la province, le Manitoba planche sur une stratégie ambitieuse baptisée Objectif Nord (Look North, en anglais), qui s'inspire en partie du Plan Nord du Québec. Les leaders économiques et politiques de la province ont créé en novembre un groupe de travail, composé de 11 personnes, qui a siégé pour la première fois en décembre.

Chuck Davidson, le PDG des chambres de commerce du Manitoba, et Christian Sinclair, un membre de la Nation crie d'Opaskwayak, codirigent ce comité sur les meilleures stratégies à déployer afin de dynamiser le nord de la province. «On cherche des solutions à long terme afin de voir comment on peut investir dans les secteurs porteurs», explique Chuck Davidson au téléphone.

Objectif Nord cible cinq secteurs prioritaires : l'exploitation et la prospection minières, la fabrication et la transformation, le transport, le tourisme, de même que la foresterie.

Une économie dynamique

L'économie du Manitoba se porte relativement bien. Le PIB réel de la province devrait progresser de 2,2 % en 2017, selon les plus récentes prévisions du Mouvement Desjardins. C'est plus élevé qu'au Québec (2 %), mais inférieur à la moyenne canadienne (2,6 %). «La diversification de la production fait en sorte que la croissance économique demeurera similaire à la moyenne nationale», soulignent les économistes de Desjardins.

Par contre, la conjoncture économique est plus difficile dans le nord de la province, admet Chuck Davidson. Comme dans certaines régions-ressources du Québec, on y trouve des villes mono-industrielles, notamment dans le secteur minier, qui ont pâti de la baisse du prix des ressources ces dernières années.

En mai, le géant brésilien Vale a annoncé qu'il fermerait d'ici octobre l'une de ses trois mines de nickel à Thompson (la mine Birchtree), dans le nord du Manitoba, en raison de la faiblesse du prix du nickel. Malgré la conjoncture, le nord de la province aurait un potentiel intéressant, selon le gouvernement manitobain, qui héberge le site Objectif Nord.

Le secteur minier et les autres industries primaires représentent 5 % du PIB de la province, selon Statistique Canada. Cela en fait un secteur plus important que celui de l'information, de la culture, des arts et du divertissement. Les minières reprennent du poil de la bête depuis quelques mois grâce à la remontée des prix de l'or et des métaux de base.

La province attire aussi de nouveaux investissements, sans parler des projets potentiels. En mars, des prospecteurs ont découvert pour la première fois des diamants au Manitoba, près de Knee Lake, à 600 kilomètres au nord-est de Winnipeg.

Deuxième juridiction la plus attrayante du monde

En 2016, le Manitoba était aussi la deuxième juridiction la plus attrayante dans le monde pour les investissements miniers (le Québec était au sixième rang), selon une étude de l'Institut Fraser. En 2015, la province arrivait au 19e rang.

Le Manitoba a notamment progressé de manière significative parce que le gouvernement a réduit l'incertitude en ce qui a trait à l'administration, à l'interprétation et à l'application des lois existantes, selon les minières sondées par l'Institut. Le régime fiscal est aussi «plus favorable» à l'industrie.

Il reste malgré tout beaucoup de travail à accomplir pour améliorer le climat d'affaires, affirme Chuck Davidson. «Il faut rendre la vie plus facile aux entreprises et aux investisseurs, par exemple pour obtenir des permis», dit-il.

La province doit aussi améliorer les infrastructures de transport, notamment pour moderniser le port de Churchill, sur la baie d'Hudson. Ce dernier pourrait bientôt changer de mains, de même que le chemin de fer qui fait le lien avec le sud du Manitoba.

S'inspirer du Québec

Objectif Nord compte s'inspirer du Québec dans son processus de consultations et de concertations entre les entreprises, les communautés locales et les Autochtones. «On regarde ce processus de près. On va déterminer ce qui marche bien et tenter de l'importer ici», dit M. Davidson.

Le Manitoba a déjà une approche de concertation très intéressante, affirme Marc-Urbain Proulx, professeur en économie régionale à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et spécialiste des milieux nordiques. «Le monde des affaires, les communautés locales, incluant des élus, et les Premières Nations sont déjà bien représentés. C'est un mouvement dont l'objectif est de créer une vision d'ensemble pour le nord du Manitoba. On ne veut pas imposer une vision par le haut», précise-t-il.

À ses yeux, cette approche est très différente de celle du Plan Nord, où c'est essentiellement le gouvernement du Québec qui dicte la marche à suivre. «Le leadership manitobain est original, mais cela ne veut pas dire que l'approche québécoise est inintéressante», nuance-t-il.

D'autres provinces sont plus attirantes

Même si Chuck Davidson souhaite attirer des entreprises et des investisseurs québécois dans le nord du Manitoba, la concurrence pourrait être vive avec d'autres régions-ressources du Canada.

L'organisme 48e Nord international, qui aide les entreprises de l'Abitibi-Témiscamingue à commercialiser leurs produits et à décrocher des contrats ailleurs au Canada et à l'étranger, a d'autres régions en priorité sur son écran radar. «Au Canada, nous mettons principalement l'accent sur l'Ontario, la Saskatchewan et l'Alberta», dit Éric Boucher, directeur général de l'organisme.

Certaines entreprises québécoises sont implantées au Manitoba, comme la firme d'ingénierie CIMA+, qui a un bureau à Winnipeg. Il n'a toutefois pas été possible d'avoir un entretien avec elle sur les occasions d'affaires dans cette province.

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