Le géant des bâtonnets de bois s'attaque au marché de la saucisse enrobée


Édition du 20 Février 2016

Le géant des bâtonnets de bois s'attaque au marché de la saucisse enrobée


Édition du 20 Février 2016

Les Industries John Lewis fournissent la majorité des fabricants de sucettes glacées que l’on trouve au Québec, telles que Nestlé et Good Humor Breyers. [Photo : Guillaume Roy]

Industries John Lewis fabrique plus de 7 milliards de bâtonnets de crème glacée par an. Le géant mondial des bâtonnets en bois établi en Mauricie envisage maintenant de conquérir le marché des saucisses enrobées (les pogos). Incursion au coeur d'une entreprise qui a su innover pour distancer la concurrence chinoise.

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Après avoir été découpés dans une feuille de bouleau déroulée, des bâtonnets de bois sont séchés en moins de 20 minutes avant d'être redistribués vers les trieuses qui peuvent traiter jusqu'à 100 000 unités par heure. «On souhaite améliorer la productivité pour atteindre 105 000 ou même 110 000 unités en gagnant des millisecondes à différents endroits de la chaîne de production», explique Frédéric Tremblay, directeur manufacturier de l'usine d'Industries John Lewis, propriété de Rémabec depuis 1997.

Même si le procédé roule déjà à un train d'enfer, l'entreprise doit constamment s'améliorer, car la marge bénéficiaire se compte en fraction de cent pour chaque bâtonnet produit. «Il faut que tu en fasses beaucoup pour que ça devienne intéressant. Même si c'est un marché de niche, on travaille avec de gros acheteurs qui ont un certain pouvoir», affirme Éric Bouchard, vice-président des opérations manufacturières et du développement corporatif chez Rémabec.

Aujourd'hui, Rémabec fait beaucoup plus d'argent avec les bâtonnets qu'avec le bois d'oeuvre. «C'est peut-être 100 fois plus rentable, mais c'est parce qu'on ne fait pas d'argent avec le bois d'oeuvre», souligne M. Bouchard.

Le gros avantage du marché du bâtonnet réside dans le fait que les prix sont négociés longtemps à l'avance, assurant ainsi une meilleure stabilité. Les défis demeurent toutefois importants, surtout depuis l'instauration du nouveau régime forestier qui a fait hausser les coûts de planification et celui de la fibre. «Les marges de profit sont de plus en plus minces», ajoute-t-il.

Partenaire japonais

Au début des années 2000, la concurrence chinoise a fait mal à Industries John Lewis, qui aurait pu disparaître de l'échiquier. «Le gouvernement chinois avait créé des zones détaxées et offert des subventions aux entreprises pour développer une zone industrielle», explique M. Bouchard. Des producteurs de bâtonnets en bois en ont profité pour assaillir le secteur en réduisant le prix de moitié, mais avec un produit d'une qualité très variable. À partir de ce moment, les clients américains ont commencé à demander des bâtonnets de qualité nord-américaine au prix des bâtonnets chinois.

Rémabec décide alors de créer une coentreprise avec un partenaire japonais et de lancer une usine de bâtonnets en Chine, pour apprendre les techniques chinoises. En même temps, de 2004 à 2006, l'entreprise investit 2,5 millions de dollars pour améliorer la compétitivité de son usine afin de réduire des pertes. «C'était ça ou on fermait», soutient Éric Bouchard. Cette concurrence a forcé Industries John Lewis à améliorer sa productivité, faisant passer sa production annuelle de 5 à 7 milliards de bâtonnets.

Les producteurs chinois ont augmenté progressivement leurs prix lorsque les subventions ont cessé. Puis, le gouvernement a instauré une taxe destinée aux produits à usage unique. À partir de ce moment, les producteurs chinois se sont tournés vers des produits à plus forte valeur ajoutée que les bâtonnets.

Percer un nouveau marché

Avec une production de 7 milliards de bâtonnets de crème glacée, Industries John Lewis a atteint une certaine maturité dans ce secteur, admet Éric Bouchard. Pour croître et diversifier ses activités, l'entreprise développe depuis deux ans un partenariat avec un gros acteur de l'industrie en vue de mettre en marché des bâtonnets pour les saucisses enrobées. «On commence la phase de commercialisation du produit, et plusieurs groupes nous appellent pour nous inviter à travailler avec eux. C'est de bon augure», note M. Bouchard.

Au début de 2015, Rémabec a investi 2,3 M$ pour construire un nouveau bâtiment consacré à la production de bâtonnets à saucisses. Pour l'instant, deux lignes de traitement ont été installées dans le but de produire 650 millions de bâtonnets par an. «On est capable de doubler notre production rapidement, car il y a de la place pour quatre machines et le bâtiment a été conçu pour être agrandi», mentionne M. Bouchard. D'ici un an ou deux, Industries John Lewis compte s'implanter de manière définitive sur ce marché qui tourne autour de trois milliards d'unités annuellement.

INDUSTRIES JOHN LEWIS EN CHIFFRES

Effectif :

135 employés

Production annuelle :

> 7,2 milliards de bâtonnets pour sucettes glacées

> 700 millions de bâtonnets pour le café et le bricolage

> 650 millions de bâtonnets pour les saucisses enrobées

De 50 000 à 55 000 m3 de bois transformé par an

Un site de partage de la ressource unique au Québec

Avec des partenaires comme WestRock (pâtes et papiers), Commonwealth Plywood (déroulage) et Boiserie Savco (palette), Rémabec exploite un site de partage de la ressource forestière unique au Québec : le site Vallières, établi en 2003. Les différents utilisateurs mettent en commun leur approvisionnement forestier et utilisent les arbres dont ils ont besoin. Par exemple, les arbres de plus belle qualité prennent le chemin du déroulage, alors que les arbres de moindre qualité et les têtes d'arbres sont transformés en pâte. «Ça nous permet de maximiser la ressource forestière et de réduire le gaspillage», dit Éric Bouchard, vice-président de Rémabec.

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