L'option maritime pour le gaz naturel sur la Côte-Nord


Édition du 17 Mai 2014

L'option maritime pour le gaz naturel sur la Côte-Nord


Édition du 17 Mai 2014

Par Suzanne Dansereau

Devant l'entrée en scène du gouvernement libéral de Philippe Couillard, la Côte-Nord du Québec se mobilise à nouveau pour obtenir l'accès au gaz naturel. Cette fois, sachant que le projet de gazoduc ne se réalisera pas à court terme, on envisage du gaz naturel liquéfié (GNL), acheminé par bateau sur la voie maritime.

Les Affaires a appris que les industriels de la région sont actuellement courtisés par au moins deux promoteurs de desserte maritime : Tugliq Énergie, de Québec, et Stolt LNGaz, une coentreprise norvégienne qui a récemment annoncé son intention de bâtir une usine de liquéfaction de gaz naturel à Bécancour.

Ce scénario s'ajoute au projet de transporter du GNL par camion à partir de Montréal, une solution temporaire que Gaz Métro propose aux industriels de la Côte-Nord, après avoir gelé le projet d'un gazoduc, l'an dernier, faute d'engagements suffisants.

Navires méthaniers

L'option de la desserte maritime implique une usine de liquéfaction du gaz naturel située à proximité du gazoduc de Gaz Métro, qui l'alimenterait. L'usine liquéfierait le gaz en le refroidissant jusqu'à - 162 degrés Celsius - ce qui a pour effet de réduire de 600 fois son volume. Le GNL serait ensuite chargé au port, et transporté sur la voie maritime par de petits navires méthaniers (155 mètres). Au port de destination, le «micro GNL» serait entreposé dans de petits réservoirs de stockage et expédié par camion réfrigéré ou par tuyau vers les clients équipés d'installations de reconversion au gaz naturel gazeux.

L'avantage de la voie maritime sur le camion est qu'elle fournit «un approvisionnement prévisible et stable, plaide le porte-parole de Stolt LNGaz, Richard Brosseau. On sait que la route 138 est déjà très achalandée, et parfois risquée». En outre, le bateau pourrait desservir non seulement la Côte-Nord, mais aussi d'autres régions comme le Labrador et le Nord-du-Québec, la Gaspésie, les Provinces maritimes - ce qui n'est pas envisagé avec le pipeline. De plus, le GNL pourrait être chargé sur le train jusqu'à Schefferville, au centre sud de la Fosse du Labrador, un autre endroit non accessible par pipeline.

Pierre Rivard, le porte-parole de Tugliq, calcule que le bateau permet de «doubler, voire tripler» le marché du gaz naturel. Un facteur important car l'an dernier, lorsque Gaz Métro a gelé l'option du pipeline, c'est parce qu'elle n'arrivait pas à obtenir suffisamment d'engagements fermes des clients existants, au prix demandé et sur une longue période.

«L'option bateau, par sa flexibilité et sa modularité, permet de régler ce problème», plaide encore M. Rivard, qui croit que le Québec a bien des années de retard sur le reste du monde quant à l'utilisation du GNL. Juste sur la côte ouest canadienne, il y a présentement 13 projets de gaz liquéfié maritimes, mentionne-t-il. En Scandinavie, notamment en Finlande et en Norvège, c'est ainsi qu'on alimente les usines en région éloignée, parce que la morphologie du territoire (fjords, rivières, etc.) disqualifie l'option du pipeline. Et c'est ce modèle scandinave qui pourrait être repris au Québec. La desserte maritime permettrait aussi d'éviter la nécessité de nouer des ententes avec les communautés autochtones affectées par le passage du pipeline.

Forces et faiblesses

Chez Stolt LNGaz, l'usine serait située à Bécancour, où Stolt a réservé un site dans le parc industriel desservi par le gazoduc.

Chez Tugliq, le lieu de liquéfaction n'est pas arrêté : on parle de Québec ou du fjord du Saguenay. Mais contrairement à Stolt LNGaz, qui serait le seul propriétaire de toutes les installations, Tugliq entend fonctionner avec d'autres partenaires - un pour l'usine de liquéfaction et l'autre pour le bateau. (NDLR : Nous avons appris que le port de Saguenay examine présentement un projet d'usine de liquéfaction venant d'un promoteur américain, mais qui serait destiné à l'exportation. Et le promoteur n'aurait pas encore communiqué avec les industriels de la Côte-Nord à ce sujet.)

Chacun des promoteurs a ses forces et ses faiblesses. Tugliq est en pourparlers avec les industriels québécois depuis plus longtemps que Stolt et a déjà conclu une entente avec Glencore Mine Raglan au Nunavik pour son approvisionnement en énergie. Chez Stolt LNGaz, un des partenaires exploite depuis 8 ans une usine de liquéfaction à Stavanger, en Norvège. En outre, Stolt LNGaz se targue d'avoir déjà bouclé son financement en capital.

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