L'ex-pdg de Cambior n'est pas inquiet pour les mines canadiennes


Édition du 23 Janvier 2016

L'ex-pdg de Cambior n'est pas inquiet pour les mines canadiennes


Édition du 23 Janvier 2016

Louis P. Gignac.

L'industrie minière canadienne vient de saluer en grand la carrière de Louis P. Gignac, pdg de Cambior de 1986 à 2006, en l'intronisant à son temple de la renommée. M. Gignac rejoint des légendes du secteur, tels Edmund Horne, James Murdoch et les frères Timmins.

«C'est Brian Coates [président d'Osisko] qui a obtenu l'appui de plusieurs personnes de l'industrie et qui a préparé le dossier à mon insu, raconte M. Gignac. Quand je l'ai appris, ils m'ont simplement demandé si c'était possible, au cas où la soumission était acceptée, de ne pas refuser [mon intronisation].»

Au cours de ses 40 ans de carrière, M. Gignac a côtoyé beaucoup de ceux qu'il vient de rejoindre au panthéon : Bill James (Falconbridge), Norman B. Keevil et Robert E. Hallbauer (Teck), Pierre Lassonde (Franco-Nevada), etc.

Après avoir passé quelques années chez Falconbridge dans les années 1980, M. Gignac devient le premier pdg de la société Cambior, issue en 1986 de la privatisation des actifs d'exploitation de la SOQUEM et d'une opération de financement réussie sur les marchés.

La société située à Val-d'Or compte à l'époque des participations de 50 % dans les mines Doyon et Niobec, ainsi que dans 46 propriétés minières. M. Gignac et son équipe deviennent rapidement l'exemple le plus marquant d'une présence francophone dans l'industrie aurifère. Il y restera jusqu'à l'acquisition inattendue de Cambior par Iamgold en septembre 2006, qui crée alors une onde de choc dans le milieu minier québécois.

«Jusqu'en 1986, c'était des années préparatoires au reste de ma carrière, raconte M. Gignac. Ensuite, chez Cambior, il y a eu deux volets. Dans le premier, on développait en Abitibi une nouvelle mine tous les ans ou à peu près, sur des gisements qu'on avait trouvés ou acquis.» C'est le cas des mines Pierre-Beauchemin, Lucien-C.-Béliveau et Chimo (1989), Silidor (1990), Mouska (1991), Géant Dormant (1993) et ainsi de suite.

Parallèlement, Cambior se développe sur un deuxième volet : l'international. En 1990, elle prend une participation de 60 % dans le projet Omai, en Guyana. En 1993 et 1994, elle investit 10 millions de dollars par an dans des campagnes d'exploration en Amérique latine (Chili, Mexique, Suriname, Pérou). «Ça a été tout un défi, dit M. Gignac. Mais toute cette démarche sur 20 ans me remplit de bons souvenirs.»

Il conserve toutefois quelques mauvais souvenirs, le plus pénible étant la période 1999-2000. «On avait un programme de couverture sur le marché de l'or qui protégeait notre flux de trésorerie. À un moment, les banques ont décidé de réduire notre couverture. L'or était alors à 250 ou 300 $ US l'once, une période de survie.»

À cette époque, l'actif de la société fond comme neige au soleil, passant de près d'un milliard en 1995 à quelque 250 M$ en 2001. En 1999, ses pertes se sont élevées à plus de 350 M$.

Une industrie en mutation

L'industrie a connu quelques transformations majeures depuis le moment où M. Gignac était chef d'équipe à la mine Brunswick, dans les années 1970 : avènement d'une conscience environnementale et sociale, prolongation des délais de développement, agrandissement des exploitations, etc.

«Mais le changement le plus important, c'est sans aucun doute l'arrivée de la Chine sur le marché des matières premières, note-t-il. En devenant la consommatrice de 40 à 50 % de plusieurs métaux, elle a complètement changé la donne en initiant un supercycle de 10 ans, qui s'est terminé il y a deux ans. Cela a touché la stratégie de croissance de la plupart des industries, qui agissaient comme si la Chine allait continuer à consommer indéfiniment tout ce qu'on produisait.»

Au cours des décennies précédentes, les acteurs étaient essentiellement les mêmes : États-Unis, Europe, Japon. «Une fois que tu savais ce qui se passait dans ces trois régions-là, tu avais une bonne vision de ce que le marché ferait, dit-il. Aujourd'hui, la Chine est aussi importante que ces trois régions réunies, mais on n'a aucune donnée économique fiable, les statistiques sur la consommation sont inexistantes ou imparfaites. Faire des prévisions est devenu plus risqué.»

M. Gignac juge que le prix plancher de l'or se trouve à environ 1 000 $ US l'once et qu'il devrait se maintenir à 1 100 ou 1 200 $ US. «Je ne suis pas pessimiste, mais je n'entrevois rien non plus qui permettra d'assister à une remontée à court ou à moyen terme. Le dollar américain est trop fort.»

Pourtant, il ne s'inquiète pas pour les exploitations moyennes du nord du Québec et de l'Ontario, qui produisent de 40 000 à 100 000 onces d'or par année. «Au taux de change actuel, ce sont des mines qui performent très bien côté rentabilité, dit-il. L'inflation des coûts de la main-d'oeuvre et des équipements n'a pas été considérable, et les flux de trésorerie se sont beaucoup appréciés au cours des 12 derniers mois, ce que le marché ne voit pas.»

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