L'espoir renaît dans le secteur du fer au Québec


Édition du 11 Mars 2017

L'espoir renaît dans le secteur du fer au Québec


Édition du 11 Mars 2017

Par François Normand

À Sept-Îles, on est raisonnablement optimiste quant aux perspectives de l’industrie du fer.

La hausse du prix du fer depuis un an fait renaître l'espoir sur la Côte-Nord. Les principaux acteurs de l'industrie demeurent toutefois prudents, croisant les doigts pour que les cours actuels se maintiennent.

Depuis son creux du 29 janvier 2016 à 41,72 $ US la tonne, le prix du fer a plus que doublé pour atteindre 91 $ US à la mi-février. Un rebond qui s'explique par la hausse de la demande en Chine, une production mondiale plus faible que prévu et la spéculation sur la valeur des contrats à terme sur le fer.

Les prix actuels sont toujours loin de leur sommet de janvier 2011, alors qu'ils avaient atteint 183 $ US la tonne.

La remontée est une bonne nouvelle pour les fournisseurs, dit Guy Simard, directeur du développement industriel au CLD Innovation et développement Manicouagan. «Ça ne peut pas être mauvais que les donneurs d'ordres aient un peu plus de business à offrir.»

Depuis le printemps 2014, la dégringolade du prix des ressources a miné le développement minier au Québec. De 2013 à 2015, les investissements ont fondu de 4,6 à 2,5 milliards de dollars, selon l'Institut de la Statistique du Québec (ISQ).

Sur la Côte-Nord, cela s'est traduit par des pertes d'emplois, la suspension du projet de la Mine Arnaud (apatite) à Sept-Îles, l'abandon du projet d'usine de silicium de Ferro Atlantica à Port-Cartier, sans parler de la fermeture de la mine de fer de Cliffs ressources naturelles à Fermont.

Les exportations de minerai de fer du Québec ont aussi reculé de 14 % en 2015, à 2,3 G$ par rapport au sommet historique de 2014 (2,7 G$).

C'est pourquoi le rebond depuis un an est vu comme une bouffée d'air frais.

Un nouvel espoir (prudent)

«Cette remontée nous redonne espoir, car ces dernières années ont été très difficiles», confie Russel Tremblay, directeur adjoint et commissaire aux infrastructures stratégiques à Développement économique Sept-Îles.

«On ne constate pas de relance dans l'industrie du fer, mais l'optimisme est en hausse», souligne pour sa part la directrice générale de la Chambre de commerce de Sept-Îles, Emilie Paquet.

À l'Association minière du Québec (AMQ), on sent aussi que la conjoncture s'améliore. «Le message que je reçois, c'est que 2017 va marquer un tournant, mais pas tout de suite», dit la pdg, Josée Méthot.

Même s'ils saluent la hausse du prix du fer, les producteurs demeurent très prudents. En effet, si le prix spot avoisine actuellement les 90 $ US la tonne, des analystes miniers le voient redescendre dans les prochains trimestres.

Par exemple, Credit Suisse table sur une tonne de fer qui s'établira à 55 $ US en 2017 et à 53 $ US en 2018, tandis que Barclays prévoit un cours moyen de 55 $ US cette année.

N'empêche, Champion Iron Limited croit pouvoir relancer sa mine de fer du lac Bloom à Fermont, car une récente étude montre qu'elle serait toujours rentable avec un prix du fer oscillant de 50 à 60 $ US la tonne.

«Notre étude de faisabilité montre que notre projet de mine est plus que rentable dans le marché actuel», dit David Cataford, vice-président ingénierie. L'étude montre que le coût d'exploitation moyen de la mine (jusqu'au chargement du navire) serait de 44,62 $ la tonne (34,10 $ US).

Pour se relancer, Champion a toutefois besoin d'une nouvelle ronde de financement de 326,8 M $. Québec détient déjà une participation de 36,8 % dans la mine.

De son côté, Rio Tinto augmentera cette année la production de la mine de fer IOC, à Havre-Saint-Pierre, tout en gardant les yeux rivés sur le marché. «Le prix du fer est actuellement très volatil, et les indicateurs de performance du marché mondial sont en changement. Nous sommes et demeurerons très prudents», insiste la porte- parole Claudine Gagnon.

Tata Steel Minerals Canada, qui a un projet de mine de fer à enfournement direct à Schefferville, fait aussi preuve de prudence, malgré la remontée des prix. «C'est un bon signe que la situation s'améliore, souligne son président et chef de la direction, Rajesh Sharma. Est-ce que ces prix sont soutenables ? C'est la question.»

Actuellement, son projet, évalué à 1,5 G $ -dans lequel Québec a pris une participation de 125 M $ et détient un intérêt de 8 % - produit à petite échelle. Tata veut augmenter la production en 2017, tout en surveillant l'évolution de l'offre et la demande de fer dans le monde, insiste Rajesh Sharma. «Nous allons continuer à investir, mais selon les conditions du marché.»

ArcelorMittal continuera aussi d'investir cette année. La minière exploite deux mines de fer (Fire Lake et Mont Wright), en plus d'une usine de bouletage à Port-Cartier (qui pourrait augmenter sa production de 5 % au cours des deux prochaines années).

En janvier, la minière a annoncé de nouveaux investissements de 500 M $ dans la foulée du programme de rabais d'électricité du tarif d'Hydro-Québec, investissements qui seront étalés sur quatre ans par tranches de 60 M $.

«Nous avons récemment annoncé le projet d'expansion à Fire Lake [de 7,5 à 15 millions de tonnes d'ici la fin de 2017]. Nous continuons de considérer toutes les occasions pour augmenter la production de concentré à notre mine de Mont Wright», précise Pierre Laporte, président et chef de la direction, ArcelorMittal Exploitation minière Canada.

Pour sa part, la Société du Plan Nord, qui coordonne le développement du Nord québécois, garde le cap et continue de faire en sorte que les infrastructures soient accessibles pour le prochain cycle haussier. «Nous travaillons dans cette perspective-là», dit son pdg, Robert Sauvé.

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