60 secondes avec: Michel A. Bouchard, Université de Montréal et Centre McGill-PNUE


Édition du 07 Juin 2014

60 secondes avec: Michel A. Bouchard, Université de Montréal et Centre McGill-PNUE


Édition du 07 Juin 2014

Par Suzanne Dansereau

«Il y aura un marché pour l'uranium» - Michel A. Bouchard, Université de Montréal et Centre McGill-PNUE

Les audiences publiques que tient actuellement le BAPE sur l'uranium sont-elles utiles ?

Ces audiences sont tout à fait dans le mandat du BAPE. Mais sur le plan technique, je doute qu'elles apportent un nouvel éclairage sur cette filière. Les impacts de l'exploration et l'exploitation de mines d'uranium sont très bien connus. On mine de l'uranium depuis plus de 20 ans en Saskatchewan. La province a d'ailleurs tenu le même genre d'évaluation environnementale générique - on les appelait alors des études d'impacts cumulatifs - dans les années 1990 sur le sujet et on a fait le tour du dossier. Mais ce que vont apporter les audiences du BAPE, ce sera une mesure du niveau d'acceptabilité sociale de cette filière au Québec.

Selon vous, où se situent les risques réels ?

Il faut faire la différence entre l'accident au Japon, qui s'est produit dans les réacteurs d'une centrale d'énergie nucléaire, et l'exploration et l'exploitation de mines d'uranium. Les risques à ces étapes concernent les résidus miniers, qui demeurent radioactifs, et qu'il faut réussir à isoler complètement [car ils sont toxiques]. Les solutions à ces risques existent et ils sont gérables. Je crois que le débat n'est pas là. Il s'agit plutôt de décider si on veut s'opposer au nucléaire parce qu'on refuse les fins qu'il sert - l'armement, par exemple, ou l'énergie nucléaire qui pose des dangers - ou si on veut soutenir cette filière parce qu'elle permet de lutter contre le réchauffement climatique.

À l'heure actuelle, plusieurs projets miniers sont mis en veilleuse, au Canada ou en Afrique. Comment voyez-vous l'avenir de l'uranium ?

La chute du prix de l'uranium rend plusieurs projets non viables sur le plan économique. Il en coûte au moins 50 $ la livre pour produire de l'uranium, et son prix ces temps-ci frôle les 30 $ la livre. Il ne faut pas s'attendre non plus à ce que de nouvelles centrales soient construites en Occident. Comme source d'énergie, le gaz de schiste livre une grande concurrence à l'uranium, car il est moins coûteux à produire. L'émergence de cette industrie de même que les retards dans le redémarrage de centrales nucléaires après Fukushima expliquent la baisse du prix de l'uranium. Mais je crois qu'à moyen et à long terme, vers 2020-2025, la demande augmentera en Inde, en Chine et même au Japon. Il y aura un marché pour l'uranium.

Que pensez-vous de la situation particulière des actionnaires de la québécoise Ressources Strateco ?

Ils auront peut-être été floués. Lorsque le gouvernement du Québec concède à une entreprise le droit d'explorer le territoire pour trouver de l'uranium, on présume qu'il concédera le droit de l'exploiter si les conditions environnementales du projet sont jugées acceptables. Si cette entreprise a dépensé des dizaines de millions de bonne foi pour ensuite se faire fermer la porte, je crois que les actionnaires devraient être dédommagés.

Michel A. Bouchard, Professeur titulaire, Université de Montréal et Polytechnique, et chercheur associé, Centre McGill-PNUE
Ce géologue, rattaché au centre McGill-PNUE en évaluation environnementale, est un expert international reconnu en gestion de l'environnement. Dans la filière uranifère, il a notamment conseillé le Congo et le Tadjikistan sur les mesures de protection des déchets nucléaires.

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