Gahcho Kué, le rêve fou d'une mine de diamants devenue réalité

Publié le 22/09/2016 à 13:28

Gahcho Kué, le rêve fou d'une mine de diamants devenue réalité

Publié le 22/09/2016 à 13:28

Par AFP

En pleine toundra canadienne, près du cercle arctique, l'immense mine de diamants de Gahcho Kué n'est accessible que par avion ou, quelques semaines en hiver, par une route de glace.

Ce n'est que l'un des nombreux paradoxes de cette mine du groupe anglais De Beers dont les retombées sont tout aussi attendues qu'appréhendées par les communautés autochtones avoisinantes.

Près de 20 ans de travaux de préparation et un milliard de dollars américains engloutis ont précédé la mise en exploitation de la plus grande mine de diamants à ouvrir dans le monde depuis plus d'une décennie, selon De Beers.

Outre la mine et son trou béant où s'activent jour et nuit des engins surdimensionnés, une cité industrielle a été érigée dans cette région isolée: usine de traitement du minerai, atelier de réparation mécanique, réservoirs de carburants, etc.

Sans oublier le camps où logent les employés de la mine, avec ses centaines de chambres, sa cafétéria, son gymnase, sa salle de jeux et tout le confort de la vie moderne.

«Sans la route d'hiver, cette mine n'aurait jamais existé», raconte Rob Coolen, un responsable du groupe De Beers, à propos de cette infrastructure vitale mettant à profit les températures glaciales (jusqu'à -40 degrés) et l'abondance de grandes étendues lacustres dans la région.

La piste aménagée sur les lacs gelés l'hiver s'étire sur plus de 400 km à partir de Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest, et donne accès aux sites des compagnies minières installées dans la région. La mine Gahcho Kué («lieu où se trouvent de gros lapins» dans la langue des Chipewyans) est la plus éloignée de Yellowknife.

Chaque hiver, la remise en état de la piste prend au moins 40 jours de travail, afin de pomper en surface l'eau des lacs pour obtenir une épaisseur de glace d'un bon mètre capable de supporter le passage de chargements de 55 tonnes.

54 millions de carats

Plus de 3800 chargements de matériel et d'équipements miniers, de matériaux de construction, de diesel et d'aliments ont été acheminés au cours des deux derniers hivers.

Sans cette route praticable pendant six à huit semaines l'hiver, semblable à un cordon ombilical, la mine ne serait encore qu'un rêve dans les cartons des ingénieurs.

Après avoir asséché le lac Kennady, l'exploitation a démarré par une première cheminée de kimberlites, la pierre d'où sont extraits les diamants. Avec deux autres cheminées adjacentes, De Beers espère produire 54 millions de carats de diamants bruts d'ici 2028.

Sur la durée de vie de la mine, De Beers calcule d'injecter 5,7 milliards de dollars canadiens (3,9 mds d'euros) dans l'économie des Territoires du Nord-Ouest, dont plus de la moitié du PIB est tirée de l'activité minière.



Bruce Cleaver, PDG de la multinationale, explique que les communautés autochtones et leurs quelques milliers de membres ont touché 4 millions de dollars en redevances l'an dernier.

La mine géante et son pactole ne sont pas sans risques. Les autochtones préfèrent souvent le travail de la mine à la chasse aux caribous, à la base de la subsistance, ou au maintien du mode de vie traditionnel.

«Maintenant qu'il y a la mine, nous y passons notre temps plutôt que d'aller chasser le caribou. Et le caribou, c'était l'une de nos préoccupations» avant de s'associer à De Beers, confie à l'AFP le Grand chef de la Première nation Tlicho, Edward Erasmus.

«Mais nous voulons comme tout le monde travailler. Nos citoyens sont heureux, et c'est ce que nous voulons», ajoute-t-il philosophiquement.

Les redevances minières financent aussi de coûteux programmes sociaux, ou des bourses d'études pour quelques jeunes dans les grandes universités, loin au sud.

Les responsables locaux s'alarment aussi de l'acculturation pour les jeunes adultes, habitués à l'argent facile et en proie aux abus d'alcool et de drogues.

«Nous avons eu récemment une tragédie, un jeune gars s'est enlevé la vie», dit pudiquement Eddy Sangris, chef de la Première nation Dénès de Yellowknife. «Il travaillait dans une autre mine, il avait beaucoup d'argent et il l'a gaspillé».

Photos: DeBeer Group

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