Facture salée pour les serriculteurs


Édition du 01 Février 2014

Facture salée pour les serriculteurs


Édition du 01 Février 2014

Par Pierre Théroux

Photo: LUFA

La facture énergétique sera salée pour les producteurs en serre du Québec touchés par les froids intenses qui sévissent depuis un mois. D'autant que les nouveaux tarifs d'électricité dont ils peuvent bénéficier depuis l'automne dernier ne se révèlent pas aussi avantageux que prévu.

«Ce n'est pas un hiver facile. Les grands froids nous obligent à chauffer davantage, et ça va coûter très cher», constate Marie Gosselin, pdg de l'entreprise Les Serres du St-Laurent, qui commercialise les tomates Savoura.

Même son de cloche de la part du pdg de Les Serres Nouvelles Cultures, Stéphane Roy. «En 18 ans de production, c'est sûrement un des hivers les plus rigoureux qu'on ait connus», dit ce producteur des tomates de marques Sagami et Biologico.

De fait, «les serriculteurs devront assumer une hausse d'au moins 30 % de leurs coûts en énergie pour les mois de décembre et janvier», estime Louis Dionne, directeur général du Syndicat des producteurs en serre du Québec (SPSQ), qui regroupe 600 membres.

La société Les Fermes Lufa s'en tire beaucoup mieux. «Comme nos serres sont sur des toits, elles nécessitent beaucoup moins d'énergie que des installations au sol», indique la porte-parole Laurence Deschamps-Léger.

Lufa, comme la plupart des grands serriculteurs, utilise le gaz naturel pour chauffer ses serres.

Une politique incitative

Les coûts de chauffage et d'éclairage peuvent représenter jusqu'à 30 % des coûts d'exploitation des serres. En raison des coûts élevés de l'énergie, seule une dizaine de serriculteurs exploitent leurs serres tout au long de l'année. Mais ils sont parmi les plus importants, puisqu'ils fournissent 70 % de la production de légumes en serre.

L'an dernier, Les Serres du St-Laurent a même envisagé de cesser sa production pendant les mois d'hiver. Mais la baisse des tarifs d'électricité pour les serriculteurs, annoncée en mai 2013 dans le cadre du dévoilement de la Politique de souveraineté alimentaire du gouvernement québécois, «nous a incités à replanter pour l'hiver».

L'automne dernier, l'industrie serricole s'est réjouie de la décision de la Régie de l'énergie d'autoriser et même de devancer la baisse des tarifs d'électricité pour les entreprises en serriculture. La baisse, qui avait auparavant été annoncée pour le 1er avril 2014, est en vigueur depuis le 1er novembre.

Bien que les producteurs en serre ne soient pas entièrement satisfaits des modifications apportées aux tarifs, «ça nous donnera un coup de main pour être plus concurrentiels par rapport à l'Ontario», souligne M. Dionne.

Tarif interruptible

Les producteurs en serre bénéficient ainsi de deux nouvelles mesures concernant les tarifs d'électricité. L'une touche le chauffage biénergie. L'autre porte sur l'éclairage de photosynthèse, qui permet de suppléer au faible taux d'ensoleillement durant la période hivernale et dont la seule source d'énergie possible est l'électricité.

Le hic, c'est que le tarif à l'usage exclusif de l'éclairage de photosynthèse est interruptible. Les producteurs, à la demande d'Hydro-Québec, doivent éteindre les lumières quand la demande d'électricité dans l'ensemble de la province est trop grande.

Or, comble de malchance, les grands froids des dernières semaines ont poussé la consommation d'électricité à des pointes historiques plus souvent qu'à l'habitude.

Selon Hydro-Québec, la somme des interruptions était en moyenne d'une trentaine d'heures par année, un niveau «acceptable pour l'exploitation d'une serre», estime M. Dionne. Sauf qu'on «en est déjà à pas loin de 100 heures, et l'hiver n'est pas fini», déplore Mme Gosselin.

Résultats : Les Serres du Saint-Laurent et Les Serres Nouvelles Cultures s'attendent à des pertes de rendement. «On ne le saura pas avant six à huit semaines, mais il y aura sûrement des pertes», dit M. Roy, dont les propos font écho à ceux de Mme Gosselin.

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