Dynacor : produire de l'or sans mine


Édition du 22 Avril 2017

Dynacor : produire de l'or sans mine


Édition du 22 Avril 2017

Dynacor vient de mettre en service une toute nouvelle usine à ­Chala, dans le sud du Pérou, qu’elle a construite au coût de 16,5 M$.

Vingt ans après avoir mis les pieds au Pérou, la société d'exploration montréalaise Mines d'or Dynacor est l'une des rares à produire de l'or avant même d'en avoir trouvé. La société a produit 73 476 oz d'or en 2016, qui lui permettront de financer à même son fonds de trésorerie ses activités d'exploration à Tumipampa, à 500 km au sud-est de la capitale Lima. Comment ? En faisant affaire avec des centaines de mineurs artisanaux qui, à l'inverse, ont du minerai... mais pas d'usine.

Dans bien des pays où les données géologiques sont mauvaises ou carrément inexistantes, il est commun pour les sociétés aurifères de se servir des mineurs artisanaux comme «limiers», s'installant dans les mêmes zones qu'eux en se disant qu'il n'y a pas de fumée sans feu.

Rares sont celles toutefois qui, comme Dynacor, ont poussé cette logique un cran plus loin : pourquoi ne pas carrément acheter la production de minerai de tous ces mineurs ?

«En 1997, on a acheté une propriété sur laquelle les gens avaient commencé à construire une petite usine, évoque Jean Martineau, président et chef de direction de Dynacor. On a pensé qu'on devrait la terminer et faire du traitement pour les mineurs autour ; il y en avait beaucoup. Certains traînaient leur minerai assez loin pour le faire usiner, d'autres le traitaient eux-mêmes au mercure, avec des taux de récupération d'à peine 50 %.»

La stratégie a finalement fonctionné, puisque Dynacor vient de mettre en service une toute nouvelle usine à Chala, dans le sud du pays, qu'elle a construite au coût de 16,5 millions de dollars (M $).

Entrée en opération en septembre, celle-ci devrait arriver à sa pleine capacité de 300 tonnes par jour (t/j) d'ici le troisième trimestre de 2017. Dynacor estime que sa production pourrait atteindre de 88 000 à 92 000 oz d'or en 2017 - une augmentation de 16 à 20 %.

Au troisième trimestre de 2016, l'entreprise a enregistré son 22e trimestre de profits d'affilée, avec un résultat net de 1,3 M $ (ou 0,03 $ par action) comparé à 0,7 M $ (0,02 $ par action) pour la même période en 2015. Tout ça alors que sa propriété phare de Tumipampa en est encore à l'estimation des ressources !

Les mineurs artisanaux, partenaires ou rivaux ?

Il faut dire que le contexte du Pérou est particulièrement propice à ce modèle d'affaires. Afin d'en finir avec l'usage extrêmement destructeur du mercure, le travail des enfants, les pertes fiscales et l'empiètement des propriétés minières, le pays s'efforce depuis des années de régulariser la situation de ses 200 000 à 300 000 mineurs informels ou illégaux, qui ont traditionnellement échappé à toute forme de contrôle.

Le nouveau gouvernement de Pedro Pablo Kuczynski a donné un second souffle à ce programme de régularisation. Près de 40 000 mineurs font actuellement les démarches requises et doivent dorénavant renoncer à leurs moulins au mercure. «Nous faisons affaire avec ces gens-là», dit M. Martineau.

Dynacor a tissé des relations avec quelque 300 mineurs, qui livrent leur minerai à l'usine. Celui-ci est pesé et analysé, en échange de quoi la société leur signe un chèque. Comme le taux de récupération de l'usine est bien supérieur à celui du moulin au mercure, ils obtiennent un meilleur rendement, affirme Jean Martineau.

C'est là tout le défi de Dynacor, d'ailleurs. Comment maintenir une teneur égale à la sortie de l'usine si les minerais à l'entrée viennent de 300 lieux différents ? «On mélange tous ces minerais et on obtient une teneur supérieure à 93 %, dit le pdg. Cependant, la courbe d'apprentissage est longue. Il faut savoir quels minerais on peut acheter et comment on peut les mélanger. Nous, ça nous a pris 10, 12, 15 ans... Ça a été difficile. Plusieurs entreprises se sont cassé les dents parce qu'elles ont voulu aller trop vite.»

Des perspectives prometteuses

Les revenus de l'usine Veta Dorada ont permis à Dynacor de poursuivre l'exploration de sa propriété de Tumipampa, nichée à plus de 4 200 m d'altitude dans le sud du pays, sur une formation appelée Andahuaylas-Yauri. Outre les veines à haute teneur en or observées en surface, la société a découvert un immense skarn de 8 km de long, un porphyre de 1,7 km de long qui serait la source de la minéralisation cuivre-or, ainsi qu'un disséminé en surface.

Dynacor a déposé en novembre 2016 une mise à jour de son rapport technique 43-101. Une estimation des ressources devrait suivre sous peu. «On évalue comment on va continuer, déclare M. Martineau. Est-ce qu'on va prendre un partenaire ? Il y a différents scénarios possibles.» La région compte déjà nombre de gros joueurs, dont MMG, Bear Creek Mining, First Quantum et Hudbay Minerals.

Les choses sont mieux définies du côté de l'usine Veta Dorada. Dynacor prévoit déjà augmenter sa capacité à 360 t/j au quatrième trimestre de 2017, puis à 450 et à 600 t/j lorsqu'elle obtiendra son permis. «Le gouvernement a rouvert les inscriptions à son programme pour les mineurs qui ne l'avaient pas fait, explique M. Martineau. Ça ouvre de nouvelles perspectives pour Dynacor.»

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