De l'énergie sans panne ni entretien


Édition du 19 Avril 2014

De l'énergie sans panne ni entretien


Édition du 19 Avril 2014

Par Suzanne Dansereau

Une nouvelle unité de production d'énergie mobile révolutionnaire sillonne les sites miniers du Nord québécois. Contrairement aux génératrices diesel, l'unité ne consomme pas d'essence et ne nécessite aucun entretien. Cela permet d'éviter d'envoyer un technicien faire des réparations au milieu de nulle part à - 40 degrés Celsius en hiver, et cela contribue à réduire les coûts. Les batteries de cette unité ont jusqu'à trois semaines d'autonomie, et le système n'a jamais connu de panne.

Ce nouvel appareil, l'AMU-900, fonctionne à l'énergie solaire et éolienne. Il est fabriqué par une PME de Drummondville, LYKO, cofondée par trois jeunes ingénieurs qui oeuvraient auparavant dans l'industrie minière.

«L'appareil a été créé pour répondre aux besoins spécifiques de cette industrie», précise Rémy Boucher, l'un des trois associés. En 2008, M. Boucher travaillait comme ingénieur en automatisation pour IOC (Rio Tinto) lorsqu'il a perçu un besoin : IOC voulait un appareil mobile pour alimenter le réseau de communications sans fil à sa mine de fer au Labrador, mais rien sur le marché n'offrait toutes les caractéristiques voulues.

«De plus en plus de données circulent dans les réseaux sans fil des mines à ciel ouvert, relate M. Boucher. Comme la topographie change, il faut développer des appareils d'alimentation électrique mobiles. Les solutions habituelles coûtent cher en diesel et en entretien.»

L'appel de l'entrepreneuriat

Peu après, Rémy Boucher a été joint par Éric l'Heureux, un ingénieur en télécommunications, qui était aussi à la recherche d'un produit fiable et robuste pour la minière Cliffs Natural Resources (qui exploite une mine de fer au Labrador et une autre près de Fermont, au Québec). Quelques mois plus tard, les deux hommes créaient LYKO avec un troisième ingénieur, Martin Rivard.

Rémy Boucher a choisi de quitter un confortable emploi chez IOC pour répondre à l'appel de l'entrepreneuriat. «On entrevoyait déjà une commande de 14 unités Cliffs, à laquelle se sont ajoutées celles d'ArcelorMittal Mines Canada pour sa mine de Mont-Wright», mentionne-t-il. L'innovation n'a pas été brevetée. «Il s'agit davantage d'intégration de technologies et de composants existants que d'une rupture technologique», signale à ce sujet Éric L'Heureux.

Mais cela n'a pas été facile : «Il fallait trouver les bons composants à l'épreuve du climat froid et de l'environnement difficile des mines». Il s'en est suivi une période intense d'essais et d'erreurs. L'éolienne, notamment, a été dénichée en Allemagne, tandis que certaines parties mécaniques et électriques ont dû être conçues d'après les normes de l'industrie automobile.

Un marché en développement

LYKO est maintenant en pourparlers avec plusieurs autres minières, notamment sur l'île de Baffin, où l'AMU-900 pourrait servir non seulement aux télécommunications, mais aussi à l'éclairage sur le site minier - un aspect important au Nunavut, où les périodes de clarté sont courtes en hiver.

Ainsi, la firme a fait des démarches dans l'Ouest canadien pour desservir le marché des sables bitumineux et celui des pipelines.

En outre, elle travaille avec une grande entreprise de télécommunications sur un projet visant à alimenter la connexion Internet haute vitesse des 14 villages inuits du Nunavik. L'appareil, inspiré de l'AMU-900 mais différent et beaucoup plus gros, pourrait régler les problèmes d'accès à la haute vitesse dans les régions éloignées en remplacement du satellite, affirme Éric L'Heureux.

«Nous sommes à un point de croisement entre les équipements de télécommunication qui consomment de moins en moins d'énergie et les énergies renouvelables qui deviennent de plus en plus performantes», constate-t-il.

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