Ça brasse en Abitibi : Integra à la rescousse d'Eastmain Resources


Édition du 23 Avril 2016

Ça brasse en Abitibi : Integra à la rescousse d'Eastmain Resources


Édition du 23 Avril 2016

[Photo : Bloomberg]

Après des années d'attente, d'importants travaux pourraient bientôt avoir lieu sur la propriété Eau Claire d'Eastmain Resources (ER, 0,46 $), un territoire situé à la Baie-James, non loin de la propriété Éléonore de Goldcorp.

Le 8 avril, Integra Gold annonçait un investissement stratégique de six millions de dollars dans Eastmain Resources. Le placement privé reste conditionnel à l'élection, lors de l'assemblée générale annuelle des actionnaires du 29 avril, d'une liste de sept administrateurs soumise par Integra. Cette intervention soudaine met fin à la crise que traversait Eastmain depuis la bruyante dissidence d'une partie de ses actionnaires à la fin de mars.

Le 28 mars, un communiqué de presse inattendu ébranlait le conseil d'administration d'Eastmain Resources jusque dans ses fondations. La société dissidente Columbus Gold (CGT, 0,46 $), qui détient environ 2 % des actions d'Eastmain, lançait une course aux procurations avec l'objectif de remplacer tous les membres du CA par une nouvelle équipe, dont deux directeurs de Columbus, lors de l'assemblée annuelle du 29 avril. Le seul qui trouvait grâce aux yeux de Columbus était Laurence Curtis, nommé président du conseil d'Eastmain en octobre 2015.

«Columbus voulait remplacer le conseil complètement, se débarrasser de toute la direction, prendre le contrôle et repartir à zéro, mais sans investir», explique Claude Lemasson, qui était alors membre du conseil depuis à peine cinq mois. «Ce n'est pas une bonne stratégie de juste se débarrasser de tout le monde puis de dire : "On verra".»

Les administrateurs d'Eastmain étaient d'autant plus frustrés qu'ils étaient eux-mêmes en voie d'opérer «une transition» en vue de développer le projet vedette d'Eau Claire. Outre MM. Lemasson et Curtis, Michael Hoffman venait tout juste de se joindre à l'équipe, et une «revue stratégique et technique» était en cours.

Une frustration accumulée

Trop peu, trop tard ? Pour plusieurs, la dissidence de Columbus était non seulement légitime, mais nécessaire pour la petite société de Toronto, qui a commencé à forer sur la propriété Eau Claire en 1997. «Il y avait de la frustration par rapport à la cadence des travaux», dit Éric Lemieux, analyste à PearTree Securities.

Il rappelle que, sous la direction de Donald Robinson, la société a produit pas moins de six estimations de ressources depuis 2002, mais aucune étude économique. «J'ai toujours laissé entendre qu'il fallait accélérer le processus pour déterminer si le site pouvait être exploité», indique M. Lemieux.

L'annonce d'une première étude économique préliminaire en juillet 2015 a certes été bien reçue, mais là encore, l'échéancier visé par M. Robinson - le deuxième trimestre 2016 - semblait «un peu long», selon l'analyste. Avec la refonte du CA, cet échéancier ne tient d'ailleurs manifestement plus.

Dans un tel contexte, même si la proposition dissidente de Columbus ne lui paraissait pas «substantiellement meilleure», M. Lemieux l'a perçue à tout le moins comme une occasion de «brasser la cage».

Donald Robinson remercié

Les relations entre les administrateurs et les actionnaires dissidents se seraient sans doute détériorées davantage si Integra Gold n'avait pas pris tout le monde de court avec sa proposition surprise du 8 avril : garder MM. Lemasson, Curtis et Hoffman et ajouter quatre nouveaux membres, dont deux issus d'Integra - le président du conseil Georges Salamis et le pdg Steve de Jong. Pour M. Lemieux, le résultat final, c'est que «Don Robinson n'est plus là».

«Nous partageons l'opinion que les choses pourraient aller plus vite», dit M. de Jong. «Don Robinson et son équipe ont fait un travail phénoménal pour faire avancer le projet, mais il semble qu'il y ait une déconnexion avec ce que le marché aurait aimé voir.»

Integra n'était pas elle-même actionnaire d'Eastmain, mais elle a tout de même vu dans le mouvement de dissidence de la fin de mars une «occasion». «Columbus a été l'agent du changement. Nous n'y serions jamais arrivés sans ça», dit M. de Jong. Selon lui, nul doute que l'appui d'Integra pourrait faire passer le projet Eau Claire en quatrième vitesse.

Si la proposition d'Integra est adoptée, Claude Lemasson deviendra pdg par intérim d'Eastmain. Au moment où il était directeur général de projets chez Goldcorp, M. Lemasson a travaillé avec deux membres de l'équipe d'Integra, soit Jacques Simoneau et Hervé Thiboutot, sur le projet Éléonore.

Et pour la suite ? M. Lemasson souhaite d'abord terminer la revue stratégique et technique en cours avant d'établir un plan de match. «Cette revue définira le plan d'action pour l'avenir, dit-il. Si on veut poursuivre les occasions de forage déjà ciblées, on intégrera d'abord ces résultats dans une nouvelle estimation de ressources. Après ça, on pourra compléter l'étude économique. C'est certain qu'elle sera déplacée de beaucoup, en 2016 ou en 2017.»

David Sadowski, analyste chez Raymond James, suit le titre d'Integra. Il estime que l'arrivée de la société au capital amène une solide expertise et s'attend à «une approche agressive en exploration pour diminuer le risque associé à la propriété».

Depuis la mi-mars, le titre d'Eastmain Resources (ER, 0,46 $) a bondi de près de 50 %.

› Le titre d'Eastmain Resources a progressé de 9 % depuis un an. Source : Bloomberg 

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