Bois d'oeuvre : l'industrie a besoin d'oxygène pour se battre


Édition du 03 Décembre 2016

Bois d'oeuvre : l'industrie a besoin d'oxygène pour se battre


Édition du 03 Décembre 2016

Par François Normand

Comme les quatre précédents, le cinquième conflit du bois d'oeuvre qui s'amorce sera long et coûteux. C'est pourquoi le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) demande de l'«oxygène» à Ottawa et à Québec pour résister à la crise, et ce, sous la forme de garanties de prêt.

Le 25 novembre, la U.S. Lumber Coalition a déposé une requête auprès du ministère américain du Commerce afin qu'il enquête sur la présumée concurrence déloyale des producteurs du Canada. Leurs expéditions représentent 34 % de la consommation de bois aux États-Unis.

La coalition américaine dénonce plusieurs éléments qui avantageraient indûment l'industrie canadienne, comme le système de mise aux enchères du bois d'oeuvre, les tarifs préférentiels d'électricité et les programmes d'aménagement des chemins forestiers.

Au cours des prochains mois, l'industrie canadienne s'attend donc à l'imposition d'une taxe d'environ 20 % sur ses exportations sur le marché américain - la requête de la U.S. Lumber Coalition n'était pas précise à ce sujet. Pour les producteurs québécois, cela représenterait des coûts supplémentaires de 100 $ le 1 000 pieds-planche ou 225 millions de dollars par année pour l'ensemble de l'industrie au Québec, selon le CIFQ.

«Il nous faut de l'oxygène pour nous permettre d'aller jusqu'au bout de ce processus», dit le président du CIFQ, André Tremblay, dans un entretien avec Les Affaires. Ces coûts supplémentaires feront très mal à l'industrie, dit-il. «Ils grugent les flux de trésorerie des entreprises, surtout si le conflit dure deux, trois ou quatre ans.»

L'industrie ne demande aucune subvention, uniquement des garanties de prêt. Et selon André Tremblay, Ottawa et Québec pourront se rembourser à même les taxes perçues sur les importations de bois d'oeuvre canadien, et dont une grande partie sera payée au Canada à la fin du conflit, dans quelques années.

Quatre batailles, quatre victoires du Canada

Sur le fond, l'industrie canadienne a toujours gagné et elle devrait encore y arriver aujourd'hui, estiment la plupart des analystes.

Depuis 1982, Washington a mené quatre enquêtes pour examiner si les exportations du Canada étaient déloyales (subventions, dumping, dommages à l'industrie américaine). Mais l'Organisation mondiale du commerce et le tribunal d'arbitrage de l'Accord de libre-échange nord-américain ont toujours donné raison au Canada.

La jurisprudence est donc favorable aux Canadiens. Le noeud du problème, c'est que les producteurs du Canada doivent se battre durant des années et payer des taxes à l'exportation. De 2006 à 2015, à elle seule, l'industrie québécoise a perdu des milliers d'emplois en raison des droits et des quotas imposés par les Américains. La récession américaine de 2007 à 2009 a également fait mal aux producteurs québécois.

Malgré ce nouveau conflit du bois d'oeuvre, André Tremblay reste néanmoins optimiste à long terme en ce qui concerne les exportateurs de bois d'oeuvre sur le marché américain. «Dans les prochaines années, il manquera de bois en Amérique du Nord afin de répondre à la demande dans le secteur non résidentiel», dit-il. Par exemple, à New York, on commence à voir des immeubles d'une vingtaine d'étages construits en bois. Ainsi, l'industrie américaine - qui n'arrive déjà pas à répondre à la demande en bois d'oeuvre aux États-Unis - pourrait accepter davantage les importations en provenance du Canada, estime André Tremblay. Enfin, l'intégration accrue de l'industrie en Amérique du Nord - Produits forestiers Résolu a des usines au Canada aux États-Unis, par exemple - réduirait les risques de conflits à l'avenir, selon le CIFQ.

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