Aluminium: le Québec pourrait profiter de la plainte contre la Chine à l'OMC

Publié le 12/01/2017 à 10:06

Aluminium: le Québec pourrait profiter de la plainte contre la Chine à l'OMC

Publié le 12/01/2017 à 10:06

Par François Normand

Lingots d'aluminium (source photo 123rf.com)

Les alumineries québécoises pourraient profiter de la plainte que les États-Unis viennent de déposer contre la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le dossier de l'aluminium.

L'administration Obama a déposé ce jeudi une plainte formelle à l'OMC contre le gouvernement chinois qu'elle accuse de subventionner ses grandes alumineries. Une pratique qui garde les prix mondiaux de l'aluminium bas, car la Chine compte pour plus de 50% de la production mondiale du métal blanc.

«Cette plainte n'aura pas à court terme d'impact sur notre industrie. Cela dit, nos alumineries pourraient en profiter si une éventuelle décision de l'OMC ou une entente entre les États-Unis et la Chine contribuent à faire remonter les prix de l'aluminium», dit Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l'Aluminium du Canada (ACC).

Depuis la récession mondiale de 2008-2009, le prix de l'aluminum au London metal Exchange a chuté de près de 50% pour s'établir à 1 750 $US la tonne, selon Bloomberg.

Les États-Unis accusent la Chine d'être principalement responsable de cette situation. Pourquoi? Parce que la Chine produit plus de 50% de l'aluminium dans le monde et exporte ses surplus dans le monde -mais très peu aux États-Unis.

Résultat, l'offre excédentaire du métal blanc tire les prix vers le bas, ce qui affecte tous les producteurs dans les pays développés, au premier chef aux États-Unis, où plusieurs alumineries ont cessé leur production depuis trois ans.

L'OMC pourrait prendre de 3 à 4 ans avant de prendre une décision à propos de la plainte que les Américains s'apprêtent à déposer, selon Jean Simard. Cela dit, il est possible que la Chine et les États-Unis arrivent à s'entendre en marge de ce processus afin de permettre aux prix de revenir à des cours plus normaux.

Les alumineries du Québec s'adaptent aux faibles prix

Au Canada, les producteurs d'aluminium résistent mieux à la tempête principalement en raison de la faiblesse du dollar canadien par rapport au dollar américain.

Pour résister à la baisse des prix de l'aluminium, les alumineries québécoises réduisent aussi leurs coûts et augmentent leur productivité, révélait en mai Les Affaires. Lisez notre article Nos alumineries face à la crise mondiale.

Par exemple, chez Alouette, l'entreprise mise sur l'amélioration continue de ses employés, en plus de bonifier sans cesse le rendement de ses cuves.

Alcoa mise, elle, sur l'automatisation pour réduire ses coûts. Et pour augmenter ses revenus, le producteur d'aluminium développe de nouveaux alliages, entre autres pour l'industrie automobile.

Pour s'adapter, Rio Tinto a pour sa part amorcé en février 2016 une restructuration (licenciements de cadres) et elle optimise également ses procédés pour accroître sa productivité.

Depuis 40 ans, la production d'aluminium migre des pays développés vers des économies émergentes (Chine, Brésil, Russie, Moyen-Orient, Inde, etc.), selon une étude publiée en 2013 par l'International Aluminium InstituteThe Global Aluminium Industry : 40 years from 1972»).

La demande d'aluminium croît rapidement (environ 4% par année). Pour répondre à cette demande d'ici 2030, le monde aura besoin de 40 à 50 nouvelles alumineries (d'une capacité de 500 000 tonnes), selon les estimations de l'IAI.

Reste à savoir si le Québec pourra avoir sa part du gâteau. L'industrie québécoise a confiance de pouvoir accroître sa production dans les prochaines années pour répondre à cette demande, selon l'AAC. Mais à la condition que les prix du marché le permettent.

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