Aluminium: le Canada compétitif malgré les restrictions américaines

Publié le 21/02/2018 à 12:16

Aluminium: le Canada compétitif malgré les restrictions américaines

Publié le 21/02/2018 à 12:16

Par François Normand

L’industrie canadienne de l’aluminium -concentrée au Québec- resterait compétitive aux États-Unis même si Washington imposait des tarifs ou des quotas sur les importations afin de protéger sa propre industrie.

«Notre position relative aux États-Unis ne changerait pas», affirme Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), qui représente des producteurs comme Rio Tinto Aluminium, Alcoa et Aluminerie Alouette.

En janvier, le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a remis un rapport au président Donald Trump à propos de mesures à envisager pour protéger les industries de l’aluminium et de l’acier aux États-Unis.

Ce rapport propose trois options pour soutenir ces deux industries qui pâtissent de la concurrence étrangère, comme le rapportait La Presse canadienne le 16 février :

1. Imposer des tarifs respectifs de 7,7% et de 24% sur les exportations d'aluminium et d'acier sur le marché américain pour tous les pays.

2. Imposer un tarif de 23,6% sur les importations d'aluminium en provenance de la Chine, de Hong Kong, de la Russie, du Venezuela et du Vietnam, ainsi qu’une taxe de 53% visant 12 pays. Dans les deux cas, les exportations des autres pays seraient plafonnées à leurs niveaux de 2017.

3. Imposer un quota pour tous les pays, limitant à 86,7% du niveau de 2017 la quantité d'aluminium que les pays pourraient exporter. Pour l'acier, ce plafond serait fixé à 63%.

En ce qui a trait à l’imposition d’un tarif de 7,7% sur les exportations d’aluminium, Jean Simard s’interroge d’emblée si une telle mesure respecte l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

«Est-ce qu’une telle mesure peut s’appliquer à un pays membre de l’ALÉNA, en l’occurrence le Canada?», dit-il.

Tarifs: le Canada partirait de zéro

Si jamais Washington allait quand même de l’avant, les producteurs canadiens garderaient la même position concurrentielle sur le marché américain (en excluant les variations du taux de change canado-américain).

«Comme le Canada est en situation de libre-échange, nous partons de zéro, car nous ne payons pas de tarifs sur nos exportations d’aluminium aux États-Unis. Par conséquent, nous aurions seulement un tarif de 7,7%», explique Jean Simard.

Cela ne serait pas le cas des autres pays qui exportent de l’aluminium aux États-Unis. Ces derniers paient déjà actuellement des tarifs qui peuvent grosso modo osciller de 2,5 à 6,5%, voire plus dans certains cas, selon l’AAC.

Il faudrait donc ajouter un éventuel nouveau tarif de 7,7% à ces tarifs existants.

Quotas: 2017 est une année record pour le Canada

Quant aux scénarios de quotas par rapport à l’année 2017, le Canada s’en sortirait aussi relativement bien, selon Jean Simard.

En 2017, les exportations canadiennes d’aluminium aux États-Unis se dirigent vers une année record depuis au moins 10 ans, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Les données pour l’ensemble de l’année 2017 ne sont pas encore disponibles.

Cela dit, de janvier à novembre (inclusivement), les expéditions d’aluminium sous forme brute du Canada sur le marché américain ont totalisé 6,5 milliards de dollars canadiens.

En 2016, elles se sont élevées à 5,7 G$. Et la meilleure année en dix ans est 2015, avec des exportations de 5,9 G$.

Et si jamais Washington limitait les exportations d’aluminium des pays à 86,7% de leurs exportations en 2017, le Canada pourrait néanmoins expédier pour au moins 5,6 G$ d’aluminium sous forme brute aux États-Unis.

«Ce ne serait pas la misère», admet Jean Simard.

Reste à savoir si l’administration Trump décidera d’appliquer ou non l’une des trois options envisagées par le rapport du secrétaire Ross.

La Maison-Blanche devrait trancher le 19 avril dans le cas de l’aluminium (le 11 avril pour l’acier).

Le Canada peut certes vivre avec de telles mesures, mais l’industrie de l’aluminium aurait bien pu se passer de cette situation très préoccupante, souligne Jean Simard.

«Il y a trop d’incertitude pour que je puisse me sentir en sécurité», dit-il.

 Avec La Presse canadienne

 

 

 

 

 

 

À la une

Samsung impose la semaine de 6 jours à ses cadres

Mis à jour il y a 14 minutes | Catherine Charron

RHÉVEIL-MATIN. On ne sait pas si la mesure concernera aussi ses dirigeants canadiens.

Les équipes de TI ont moins la cote

Il y a 51 minutes | Emmanuel Martinez

Les équipes des TI sont moins engagées qu’avant dans les décisions de leurs entreprises, selon le rapport «Portrait TI».

Boeing: perte trimestrielle moins importante qu'attendu mais les livraisons affectées par les incidents

Il y a 3 minutes | AFP

Boeing a annoncé mercredi une perte de 343 millions de dollars américains au premier trimestre.