Adéquat, le modèle pétrolier québécois ?


Édition du 01 Mars 2014

Adéquat, le modèle pétrolier québécois ?


Édition du 01 Mars 2014

Le gouvernement du Québec fait-il fausse route en s'engageant dans l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti ?

Deux questions principales sont au coeur de la discussion : l'environnement et la hauteur des engagements financiers.

La question environnementale

Plusieurs environnementalistes ont condamné la décision de l'État. C'est surprenant.

La perception est qu'en s'engageant dans l'exploration, et éventuellement dans l'exploitation, Québec renforce l'utilisation de l'énergie pétrolière et le fait au détriment du développement d'énergies vertes.

Voici une autre façon d'envisager la question.

L'arrivée des États-Unis (et du Québec) dans la production devrait dans quelques années changer la donne du secteur pétrolier. Avec l'explosion de l'offre, l'OPEP devra réduire sa production pour permettre aux prix de se maintenir. Si elle ne le fait pas, les prix chuteront et les installations de production dont les coûts sont les plus élevés fermeront.

Au final, la situation sera la suivante : si le Québec ne figure pas dans le marché comme producteur, quelqu'un d'autre occupera sa place. Il y aura surcapacité et l'absence du Québec ne changera pas la dynamique mondiale. Le pétrole continuera d'être partie intégrante de l'équation énergétique.

Ne vaut-il pas mieux s'y trouver, tout en contrôlant les méthodes d'exploitation ? Personne ne connaît mieux les risques d'une exploitation que l'exploitant lui-même. Le Québec pourrait bientôt faire évoluer les normes d'exploitation de l'industrie. Il pourrait surtout éventuellement affecter une partie de l'argent tiré de celle-ci au développement d'énergies vertes. Alors que le trésor public a actuellement peu de moyens pour le faire, c'est davantage sur cette avenue que devrait porter le discours environnemental.

La hauteur des engagements financiers

Québec injectera 115 millions de dollars dans deux projets sur l'île d'Anticosti. Le premier est celui de Pétrolia, le second, celui de Junex. Ce dernier est cependant conditionnel à ce que Junex se trouve un partenaire exploitant, comme l'a fait Pétrolia avec Maurel & Prom.

Voilà une situation où prévaut une forme de loterie. Même si les probabilités nous sont favorables, il n'est pas sûr qu'avec l'état des finances publiques (il faut emprunter cet argent) on doive aller aussi loin.

Dans le contexte actuel d'incertitudes réglementaires et géologiques, il est nécessaire que le gouvernement embarque pour faire avancer les choses. À défaut d'être rassuré par la présence de l'État au capital, un gros joueur ne viendra pas. Il préférera mettre son argent dans des juridictions où la réglementation est neutre et où la géologie a déjà fait ses preuves.

La participation au projet Pétrolia et l'injection des 68 M$ peuvent donc se justifier. Il faut faire avancer les travaux suffisamment pour installer le cadre réglementaire et constater le potentiel géologique, deux éléments qui amèneront d'autres producteurs à s'intéresser à l'île d'Anticosti.

Si on peut faire tout cela avec Pétrolia, pourquoi alors promettre 45 M$ à Junex ? Probablement parce qu'on se dit que le partenaire exploitant demandé à Junex ne se présentera que si les résultats de Pétrolia sont bons. On aura du coup acquis une participation à faible prix. Si les résultats ne sont pas bons, personne ne se présentera, et l'on n'aura pas à mettre les 45 M$.

Ce n'est pas fou. Souhaitons seulement que Junex ne trouve pas de partenaire avant que Pétrolia n'ait obtenu de résultats probants. Sinon, on sera forcé de mettre à risque 45 M$, somme qui aurait pu servir à autre chose. Ou ne pas être empruntée.

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