Le Syndicat des métallos (FTQ), qui représente les 780 travailleurs en lock-out de l'aluminerie Rio Tinto Alcan d'Alma, au Lac-Saint-Jean, dénonce vivement les propos du ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, et lui demande de faire preuve de plus de retenue dans le dossier.

Le ministre a fait, dans une entrevue au quotidien Le Devoir, l'éloge de la sous-traitance qui est au centre des demandes patronales de Rio Tinto Alcan, qui a mis ses travailleurs en lock-out il y a deux mois.

Clément Gignac, économiste de formation, a déclaré que la sous-traitance est un phénomène mondial qui stimule la compétitivité des entreprises, prenant pour exemple la sous-traitance effectuée par le fabricant de trains d'atterrissage Héroux-Devtek pour Bombardier aéronautique.

Le syndicat rétorque qu'il n'y a aucune comparaison entre la fabrication de composantes à l'externe pour un avionneur et la stratégie de Rio Tinto, qui cherche à embaucher des travailleurs en sous-traitance pour remplacer les syndiqués qui quittent et leur faire faire le même travail pour la moitié du salaire.

Rio Tinto Alcan soutient qu'elle veut faire appel à de la sous-traitance dans la même mesure que dans ses autres installations et chez ses concurrents.

Les Métallos invitent le ministre Gignac à respecter son devoir de réserve plutôt que d'endosser le discours de l'entreprise et, s'il tient à se mêler du processus de négociation, l'invite à le rencontrer afin de rétablir un équilibre dans son analyse.

Clément Gignac a aussi accusé les dirigeants syndicaux de démoniser la sous-traitance, notamment Marc Maltais, président du Syndicat des travailleurs de l'usine d'Alma, qui fait une tournée mondiale pour rencontrer des chefs syndicaux qui ont eu maille à partir avec Rio Tinto.

Le directeur québécois des Métallos, Daniel Roy, réplique que Rio Tinto est une multinationale qui intervient à travers la planète avec des moyens financiers considérables et qu'il est donc normal que les Métallos, qui sont aussi présents sur la scène internationale, lui livrent bataille sur le même terrain.

Le ministre a par ailleurs repris à son compte les chiffres avancés par le chef des opérations de l'usine d'Alma, Étienne Jacques, qui soutient que le lock-out fait perdre 1 million $ par jour à la multinationale. Cependant, Rio Tinto Alcan vend ses surplus d'électricité à Hydro-Québec ce qui lui permet, selon Daniel Roy, de limiter ses pertes car l'entente lui permet de vendre l'électricité à un prix quatre fois plus élevé que son coût de production.