Sans tambour ni trompette, Métaux BlackRock est en train de placer ses pions pour financer son projet minier à Chibougamau et sa future usine de transformation au port de Grande-Anse, sur la rivière Saguenay.

Ce mercredi, l’entreprise à capital fermé a annoncé que Orion Mine Finance Group, un groupe d'investissement spécialisé dans le secteur minier, injectait 40 millions de dollars dans son capital. À ce jour, il reste donc environ 950 M$ à financer pour la phase 1 de ce projet évalué à un milliard de dollars.

«Le financement supplémentaire proviendra des actionnaires de Métaux BlacRock, sans exclure un nouvel investissement d’Orion», dit le président et chef de la direction, Jean Rainville, en entretien avec Les Affaires.

Parmi les actionnaires de Métaux BlackRock, on compte Investissement Québec, la nation Crie et le fonds souverain d’Oman, un pays du Golfe persique.

Ce projet minier consiste à extraire environ 4 millions de tonnes de minerais à la mine de Chibougamau afin de produire de la fonte de fer brute et du ferrovanadium à l’usine de transformation, à Grande-Anse.

L’investissement dans la mine est évalué à 400 M$, celui dans l’usine à 600 M$.

La fonte de fer brute est utilisée par les fonderies et les aciéries pour fabriquer différentes choses, dont des tuyaux. Le ferrovanadium est quant à lui un alliage qui rend l’acier plus flexible et léger, et qui est notamment utilisé dans l’aéronautique.

En production à partir de 2020-2021

Métaux BlackRock a les permis pour la mine, mais les travaux de construction n’ont pas encore débuté. En fait, la mine entrera en production quand l’usine de transformation sera fonctionnelle.

«Les études d’impact environnemental sont en cours, et elles devraient être terminées dans un an. Si tout va bien, la construction de l’usine pourrait débuter au deuxième trimestre de 2018, pour une mise en service à la fin de 2020 ou au début de 2021», précise Jean Rainville.

La grande majorité de la production de l’usine (80%) sera vendue aux États-Unis, tandis que le reste (20%) sera écoulé sur le marché européen.

Il y aura sans doute certaines ventes au Canada, mais elles resteront marginales, confie Jean Rainville. «Le marché canadien est très restreint, car il reste peu d’aciéries.»

De un à deux navires par mois quitteront le port de Grande-Anse pour exporter la fonte de fer brute et le ferrovanadium sur les marchés américain et européen.

Métaux BlackRock a dans ses cartons une seconde phase (un projet évalué à 250 M$) pour produire du titane.

Conditions de marché favorables

Les astres sont alignés pour la phase 1 du projet minier, selon Métaux BlackRock.

Les prix de la fonte de fer brute et du ferrovanadium sont relativement élevés sur les marchés, tandis que le taux de change est favorable pour les futures exportations de la minière aux États-Unis et en Europe.

Le huard s’échange actuellement à 0,74$US, tandis qu’il se transige à 0,66 euros.

Inversement, la faiblesse du dollar canadien par rapport à la devise américaine et à l’euro fait bondir les coûts d’importation de Métaux BlackRock pour acquérir de la machinerie.

«Sur notre projet de près de 1 G$, de 400 à 500 M$ sont des dépenses pour acheter des équipements aux États-Unis et en Europe», dit Jean Rainville.

La mine de Chibougamau emploiera 200 travailleurs quand elle atteindra sa vitesse de croisière.

Pour sa part, l’usine à Grand-Anse en comptera 300.