Comment Gold Corp et les Cris ont signé une entente modèle, par Jean Gagné

Publié le 05/03/2011 à 00:00, mis à jour le 14/03/2011 à 15:20

Comment Gold Corp et les Cris ont signé une entente modèle, par Jean Gagné

Publié le 05/03/2011 à 00:00, mis à jour le 14/03/2011 à 15:20

Par Suzanne Dansereau

La minière Goldcorp vient d'annoncer un investissement de 1,4 milliard de dollars dans le projet Éléonore, qui vise l'exploitation d'un gisement d'or près du réservoir Opinaca, à la baie James. L'avocat Jean Gagné, leader du groupe de pratique en droit minier chez Fasken Martineau, nous explique comment Goldcorp, son client, est arrivé à s'entendre avec la communauté crie de Wemenji pour réaliser ce projet.

"Je n'avais jamais vu le genre de dispositions utilisées pour négocier cette entente. Ce sont les dirigeants de Goldcorp, en Colombie-Britannique, qui ont mis l'approche au point. La première étape a consisté à élaborer une entente sur des valeurs communes. Si, au cours des négociations, un acteur pensait qu'une de ces valeurs n'était pas respectée, l'équipe était appelée à s'en mêler.

De plus, au début des réunions de négociation, chacun devait parler d'un élément de sa vie personnelle, histoire d'apprendre à se connaître.

J'ai également été étonné de voir que les deux parties ont dû choisir ensemble les consultants qui allaient travailler sur l'étude d'impact, une étude qui allait être faite de façon conjointe. Encore là, l'approche est unique et elle permet de s'assurer de recourir aux meilleurs pour réaliser l'étude et d'être sur la même longueur d'ondes. De toute façon, ce sont eux, les Cris, qui connaissent le territoire, qui savent où peuvent se situer les problèmes, où localiser le site, etc.

Il y avait huit chapitres à l'entente. Au début de chacun d'eux, les négociations commençaient par un brainstorming collectif sur le sujet du chapitre. Le fruit de ce remue-méninges était récolté par un comité mis sur pied pour l'exercice, qui devait ensuite rédiger le contenu de l'entente.

La question financière a été laissée pour la fin. Pourquoi ? Pour permettre de développer de réelles relations entre les parties durant toutes les négociations. L'argent teint les perceptions et amène les gens à mettre l'accent sur autre chose que sur les relations.

Cette stratégie, qui m'était inconnue, fut une excellente décision. Car, en raison de la bonne entente ayant régné dans les négociations qui ont précédé celles portant sur les termes financiers et de la meilleure connaissance qui a été acquise des cultures de chacun, cet aspect a pu être abordé dans un esprit de transparence et de franchise.

Cela a permis de mieux équilibrer les intérêts de chacun. Au lieu de cacher ses cartes, on met tout sur la table, mais non sans être assuré qu'il y a un réel respect de l'autre. Il est possible alors de mieux recevoir l'information et la traiter. En 30 ans de carrière, je n'ai jamais assisté à un tel niveau de transparence.

Je pense que cette entente, qui est la première à être signée depuis l'entrée en vigueur de la Paix des Braves, servira de modèle aux autres ententes conclues entre minières et autochtones dans le nord du Québec.

Il n'y a plus d'exploitant et de victimes, il y a deux partenaires qui vont travailler ensemble sur des problématiques. D'ailleurs, la terminologie pour cette entente a été modifiée pour refléter ce changement d'approche. On ne parle pas d' " entente sur les bénéfices et répercussions ", mais d'entente de collaboration. Cela veut tout dire. "

Propos recueillis par Suzanne Dansereau

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