Vivre de la bédé: trois cas d'exception


Édition du 02 Août 2014

Vivre de la bédé: trois cas d'exception


Édition du 02 Août 2014

Par Pierre Théroux

Les personnages des Nombrils de Maryse Dubuc

Michel Rabagliati

Michel Rabagliati avait 11 ans quand il a commencé à vouloir faire de la bande dessinée son métier. «J'étais abonné aux journaux Spirou et Tintin et je m'amusais à en copier les dessins», dit l'auteur de la série des Paul. Il aura toutefois attendu près de 30 ans avant de réaliser son rêve, avec la parution d'un premier album en 1999, et encore plus longtemps avant de pouvoir en vivre. «C'est assez récent. J'ai longtemps continué à faire du graphisme et de l'illustration à la pige», dit M. Rabagliati, 53 ans, qui a d'ailleurs réalisé des illustrations pour Les Affaires dans le passé.

Malgré l'engouement pour la bande dessinée québécoise, «rares sont les auteurs et dessinateurs d'ici qui peuvent en vivre», dit Christian Chevrier, qui dirige Glénat Québec. En effet, si un nouvel album d'Astérix se vend à plus de 100 000 exemplaires au Québec, «des ventes de 1 000 à 2 000 albums sont considérées comme un grand succès», ajoute-t-il.

La plupart d'entre eux arrondissent les fins de mois avec «un emploi connexe, comme travailler dans les jeux vidéo ou en tant qu'illustrateur ou graphiste», souligne François Mayeux, propriétaire de Planète BD.

Personnages des Nombrils: Maryse Dubuc

Maryse Dubuc, 36 ans, est un autre cas d'exception. L'auteur des Nombrils a fait des études en lettres françaises tout en travaillant comme coloriste pour un mensuel de bandes dessinées. Elle a ensuite coloré quelques albums des deux côtés de l'Atlantique, aux Éditions 400 Coups et Vents d'Ouest, et s'est aussi consacrée à l'écriture de romans jeunesse.

Les Nombrils ont fait leur apparition en 2004 dans le magazine québécois Safarir avant leur publication deux ans plus tard aux éditions Dupuis, d'abord dans le journal Spirou puis en albums. «Ils ont adoré notre ton irrévérencieux, contemporain et québécois», souligne Mme Dubuc.

Aujourd'hui, plus de 1,5 million d'albums des Nombrils ont été vendus. Lors de sa parution l'automne dernier, le sixième tome, qui s'est vendu à 170 000 exemplaires, a figuré au top 10 des plus gros tirages de l'année parmi plus de 5 000 nouveautés.

Tristan Roulot

Le Français Tristan Roulot, qui s'est récemment installé au Québec, apprécie que ses séries «se vendent suffisamment bien pour me permettre de vivre de mes droits d'auteur et des avances sur mes prochains livres».

Alors qu'il se destinait à une carrière d'avocat, l'auteur de 37 ans opte pour la bédé. Mais il devra faire différents boulots, notamment en comptabilité et comme journaliste, tout en écrivant des scénarios à temps perdu. Sa nouvelle carrière s'amorcera en 2007, avec le premier tome de la série des Goblin's aux éditions Soleil, qui compte à ce jour plus de 200 000 exemplaires vendus.

Tristan Roulot s'intéressera ensuite aux dessous de la crise financière et publiera chez Lombard en 2011, le premier tome de Hedge Fund, qui raconte l'ascension d'un petit courtier en assurance, Franck Carvale, jusqu'au plus haut niveau de la finance internationale !

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