La Presse : ultimatum pour le 1er décembre

Publié le 03/09/2009 à 00:00

La Presse : ultimatum pour le 1er décembre

Publié le 03/09/2009 à 00:00

Par Denis Lalonde

La direction du quotidien La Presse met encore plus de pression sur son personnel syndiqué et se donne jusqu'au 1er décembre pour en arriver à une entente qui lui permettrait de renouveler son modèle d'affaires, sans quoi la production de l'édition papier et Cyberpresse seront suspendues.

«Comme vous le savez, les journaux d’ici et d’ailleurs font face à un défi réel. Avec sa structure de coûts élevée et confrontée à l’effondrement de ses recettes publicitaires, La Presse ne fait pas exception. Son modèle d’affaires actuel n’a aucune chance de survivre», a déclaré l’éditeur Guy Crevier dans une note à ses employés et dont LesAffaires.com a obtenu copie.

Afin d’accorder aux négociations en cours les meilleures chances de réussite, la direction a accepté de donner à la société MCE Conseils un accès à ses données financières entre le 1er janvier et le 31 aout 2009. La direction soutient que ces données permettront d’établir les revenus et dépenses de l’entreprise ainsi que les pertes qu’elle subit actuellement.

MCE Conseils est la firme mandatée par les huit syndicats de La Presse pour analyser les données financières du quotidien.

«Vous conviendrez qu’il est peu commun qu’une entreprise dévoile ses données financières à une société qui tire l’essentiel de ses revenus des mandats des syndicats. Il serait normal de s’interroger sur leur indépendance. Mais puisque l’avenir de La Presse est en jeu et que le temps presse, nous avons choisi de faire confiance», écrit M. Crevier.

Ce dernier explique que les vérificateurs mandatés par les syndicats requièrent quatre semaines après la fermeture des livres le 15 septembre pour examiner les résultats financiers. «C’est donc dire qu’à compter du 15 octobre prochain, MCE Conseils devrait être en mesure d’en faire l’analyse et de remettre par la suite son rapport, ce qui nous conduirait éventuellement au 1er novembre», ajoute l’éditeur du quotidien de la rue Saint-Jacques.

«À ce moment, nous serons près de la date critique à laquelle le plan de réduction de dépenses devra être mis en place afin d’atteindre les objectifs fixés pour le maintien de notre emprunt bancaire», dit-il.

Guy Crevier ajoute qu’à compter du 1er décembre prochain, La Presse ne pourra tout simplement plus poursuivre ses activités sans changements importants dans ses coûts. «À défaut d’un règlement à cette date, la publication de La Presse sera suspendue, sur papier et sur Cyberpresse. Il est de mon devoir de vous en informer dès maintenant», dit-il.

La direction se dit consciente que les concessions demandées au personnel sont importantes, il est entre autres question d’une réduction de salaire de 6% et d’un ajout de 3 heures de travail par semaine. Au total, La Presse demande à son personnel des concessions totalisant 13 millions de dollars par année dans un plan global de réduction des dépenses de 26 millions de dollars.

«Notre objectif, c’est la survie de La Presse. Il manque un élément pour compléter l’équation et c’est la contribution des employés. Il nous reste trois mois pour nous entendre. Nous sommes confiants d’en arriver à des ententes avec nos syndicats, mais le temps presse», déclare la vice-présidente aux communications de La Presse, Caroline Jamet, en entrevue.

Cette dernière soutient que la direction est ouverte aux discussions pour trouver le moyen de réduire ses dépenses. «Toutefois, la fin de la semaine de 4 jours, donc le passage d’un horaire de 32 à 35 heures par semaine sur 5 jours, est inévitable», dit-elle.

Aucun rapport avec le Médac

La direction de La Presse se défend d’ouvrir ses livres pour l’exercice 2009 au lendemain d’une décision de la Cour d’appel en faveur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (Médac). L’organisme souhaite avoir accès aux états financiers de Gesca, propriétaire de nombreux quotidiens dont La Presse, ce que lui refuse Power Corporation, qui contrôle Gesca.

«Ces deux dossiers là n’ont aucun rapport. Nous donnons des chiffres parce que nous voulons donner une meilleure chance à la négociation. Le dossier du Médac n’a aucun lien avec la situation interne de La Presse», explique Mme Jamet.

Les syndicats condamnent l'ultimatum

La présidente du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse et de Cyberpresse, Hélène de Guise, a dénoncé l’ultimatum lancé par la partie patronale: «Cela ne favorise pas une saine négociation. Les représentants syndicaux ont toujours été prêts à négocier et sont disponibles à le faire 24 heures par jour et 7 jours par semaine», a-t-elle affirmé en point de presse.

Mme de Guise est également porte-parole de l’intersyndicale du quotidien, qui regroupe huit syndicats. «Nous allons proposer un calendrier de négociation à l’employeur cet après-midi. Ultimatum ou pas, c’est là où nous en étions rendus. Pour ce qui est de la promesse de M. Crevier de fournir d’autres informations financières, nous attendons d’avoir les conclusions de nos experts financiers avant de nous prononcer sur la pertinence de ces chiffres», a-t-elle ajouté.

La Presse compte environ 700 employés et une centaine d'entre eux pourraient devoir quitter le quotidien une fois les négociations terminées.

 

 

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