Une certification favorable aux alumineries québécoises


Édition du 25 Février 2017

Une certification favorable aux alumineries québécoises


Édition du 25 Février 2017

Par François Normand

[Crédit photo: Getty]

À compter du second semestre de 2017, les producteurs d'aluminium et les utilisateurs industriels pourront demander la certification ASI (Aluminium Stewardship Initiative), qui garantit le respect de standards élevés en matière d'environnement, d'acceptabilité sociale et de gouvernance. Une certification qui permettra à ses détenteurs d'avoir un avantage concurrentiel, surtout au Québec.

À l'heure actuelle, des producteurs garantissent déjà à leurs clients un métal blanc ayant une faible empreinte environnementale. Par exemple, avec sa marque RenewAl, Rio Tinto Aluminium offre un métal blanc à près de trois tonnes d'équivalent CO2 par tonne métrique d'aluminium.

Toutefois, ce repère ne va pas aussi loin que la certification ASI (qui n'est pas obligatoire), souligne Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada (AAC), qui est membre de l'initiative ASI.

«Non seulement la certification ASI inclut-elle des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance, mais elle couvre aussi l'ensemble de la chaîne logistique, et ce, depuis l'extraction de la bauxite jusqu'aux entreprises qui transforment par exemple l'aluminium en feuilles pour des utilisateurs finaux comme Apple», dit-il.

Les alumineries du Québec demanderont la certification

Les grands producteurs d'aluminium - pensons à Alcoa, Rio Tinto Aluminium, Hydro (Norsk Hydro) ou Rusal - sont membres de l'ASI, tout comme les grands utilisateurs de métal blanc que sont BMW ou Nespresso et les downstream supporters comme Apple.

C'est donc sans surprise que les trois alumineries du Québec, Alcoa, Rio Tinto Aluminium et Aluminerie Alouette (elle n'est pas officiellement membre de l'ASI, mais elle s'est engagée dans les travaux), ont indiqué à Les Affaires leur volonté de respecter la nouvelle certification.

«Oui, nous avons l'intention de demander cette certification», déclare au bout du fil Roland Dubois, directeur général marketing et développement chez Rio Tinto Aluminium.

Dans un courriel, Aluminerie Alouette (dont Rio Tinto est l'un des actionnaires) et Alcoa ont indiqué qu'elles feraient aussi les démarches afin d'obtenir la certification ASI.

Pourquoi cet intérêt ?

Parce que, sur le plan strictement commercial, détenir cette certification permet aux Rio Tinto, BMW et Nespresso de ce monde d'affirmer que leurs produits respectent les plus hauts standards environnementaux, sociaux et de gouvernance dans le monde. Un critère qui a de plus en plus de valeur sur le marché auprès des entreprises et des consommateurs.

Pas d'impact anticipé sur les prix

Cette demande accrue pour l'aluminium durable ne devrait pas faire monter son prix sur le marché, estiment les sources de l'industrie à qui nous avons parlé.

Bref, la certification ASI ne sera pas LA solution à la baisse de plus de 40 % des prix de l'aluminium depuis la grande récession de 2008-2009, et ce, en raison de la surproduction de la Chine, qui produit plus de 50 % de l'aluminium dans le monde et exporte ses surplus.

Par contre, la certification ASI pourrait permettre aux producteurs d'aluminium des pays développés comme le Canada de se démarquer par rapport à la Chine.

Actuellement, les alumineries chinoises utilisent du charbon dans leur processus de production. Or, ce procédé émet 17 tonnes d'équivalent CO2 par tonne métrique d'aluminium, selon l'AAC.

Ce niveau est deux fois plus élevé que celui qu'exigera la certification ASI à compter de 2030, soit huit tonnes d'équivalent CO2 pour les fonderies d'aluminium.

Au Québec et en Norvège, les alumineries respectent déjà ce niveau - et de loin - en raison de l'hydroélectricité, souligne M. Simard.

Elles émettent environ deux tonnes d'équivalent CO2 par tonne d'aluminium. Au Moyen-Orient, où les alumineries utilisent du gaz naturel, on parle de huit tonnes d'équivalent CO2.

Techniquement, certaines alumineries chinoises pourront demander la certification ASI. Par contre, cela impliquerait de changer leurs sources d'approvisionnement énergétique ou de réduire radicalement leurs émissions de CO2 si elles continuent à brûler du charbon.

Les 11 piliers de la certification ASI

Gouvernance

01.Intégrité commerciale

02.Politique et gestion

03.Transparence

04.Gestion du matériau

Environnement

05.Émissions de gaz à effet de serre

06.Émissions, effluents et déchets

07.Eau

08.Biodiversité

Social

09.Droits de la personne

10.Droits du travail

11.Santé et sécurité au travail

Source : ASI

20 ans de réflexion

La certification ASI s'appuie en fait sur 11 piliers regroupés en trois grands thèmes, soit l'environnement, le social et la gouvernance. Elle est le fruit d'une longue réflexion. L'industrie mondiale de l'aluminium travaille depuis 20 ans au sein de forums comme l'International Aluminium Institute (IAI), l'European Aluminium Association (EAA) et l'Aluminium Association (AA) afin d'améliorer la durabilité du métal blanc vendu dans le monde. Au fil des ans, elle a ajouté aux enjeux environnementaux des préoccupations liées à l'acceptabilité sociale des projets (y a-t-il eu du travail d'enfants ?) et à la bonne gouvernance (y a-t-il eu des cas de corruption dans les pays où la bauxite est extraite ?). Obtenir la certification ASI ne sera pas une partie de plaisir pour les entreprises, estime M. Simard, car une tierce partie devra garantir que la chaîne d'approvisionnement d'une entreprise demandant la certification respecte tous les critères, sans exception. Ce processus très rigoureux ressemble d'ailleurs en plusieurs points à celui pour obtenir la certification internationale FSI (Forest Stewardship Council) dans l'industrie forestière ou la certification Fairtrade dans le commerce équitable (café, chocolat, etc.).

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