Pénurie de main-d'oeuvre: l'industrie de la mode sonne l'alarme

Publié le 23/04/2018 à 12:00

Pénurie de main-d'oeuvre: l'industrie de la mode sonne l'alarme

Publié le 23/04/2018 à 12:00

Photo: Jimmy Hamelin, pour Festival Mode et Design 2017

Il n’y a pas encore péril en la demeure. N’empêche, la pénurie de main-d’œuvre serait telle dans le secteur québécois de la mode et du vêtement, qu’elle menacerait carrément son développement.

«Je ne vous mens pas! Si trois avions de 200 passagers chacun atterrissaient aujourd’hui à Montréal, nous pourrions tous les embaucher demain matin», soutient sans rire Debbie Zakaib, directrice générale de Mmode, le secrétariat de la Grappe métropolitaine de la mode, à Montréal.

À l’instar du reste de l’industrie manufacturière, les industries de la mode et du textile traversent une période de grande mutation. Alors que les années 1980, 90 et 2000 furent marquées par la délocalisation d’usines de textile dans les pays du sud et d’Asie, on assiste aujourd’hui à un lent mouvement de retour de ces mêmes activités au Canada et aux États-Unis.

Résultat : Montréal, laquelle fut autrefois un haut lieu de l’industrie du textile et de la fourrure en Amérique du Nord, peinerait aujourd’hui à combler les postes à pourvoir dans le secteur.

Combien de postes ne sont pas créés actuellement par seul manque de candidats pour les occuper? À cette question, Mmode soutient ne pas avoir de chiffres pour appuyer ses prétentions. Idem, lorsque questionné sur les perspectives de création d’emplois dans le secteur pour les prochaines années.

Qu’à cela ne tienne, Mme Zakaib maintient que l’emploi constitue un problème pour l’industrie. «Il n’est pas rare, dit-elle, que des membres nous appellent désemparés. Ils ont des projets, mais ne trouvent pas la main-d’œuvre pour les réaliser».

Le hasard faisant bien les choses, l’ex-présidente de Montréal Mode, défunte filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) des années de Jean-Claude Scraire, abondait dans le même sens récemment, à l’occasion d’une table ronde organisée par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD). Chantale Lévesque, présidente de Shan, spécialisée dans la confection de maillots de bain et vêtements de plage, soutenait alors que le manque de main-d’œuvre constituait actuellement le plus important frein à sa croissance.

Un problème d’image

Un des problèmes de l’industrie, reconnaît Mme Zakaïb, en est un d’image et d’attraction pour les jeunes générations de travailleurs. Ces derniers se montreraient plus attirés par les métiers plus directement associés aux technologies, comme la conception de jeux vidéo, ou le développement d’applications nouvelles dans le secteur des fintech par exemple.

Photo: Jimmy Hamelin, pour Festival Mode et Design 2017

Par opposition, l’industrie du vêtement traîne toujours quant à elle, l’image d’anciennes manufactures, emplies de couturières aux conditions qu’on imagine difficiles. Une image qui date, mais maintenue néanmoins d’actualité aujourd’hui par nombre d’enquêtes et reportages produits ces dernières années sur les conditions de vie des travailleurs du textile, en Asie et en Amérique latine.

Par voie de conséquence, soutient la pdg de Mmode, les jeunes n’imaginent pas d’emblée que cette industrie puisse, au même titre que les autres, avoir progressé sur le plan technologique. Peu réalisent, en outre, que l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle ont déjà fait leur entrée dans l’industrie de la mode.

«Et l’on ne peut certainement pas dire, ajoute Mme Zakaïb, que des entreprises d’ici comme Aldo, La vie en Rose, Lolë ou Dynamite, soient archaïques ou n’offrent pas de bonnes conditions de travail à leurs employés.» 

Changer les choses

Pour changer les choses, l’industrie croit nécessaire de mieux faire connaître les occasions d’emplois proposées par l’industrie. Parmi elles, Mme Zakaïb cite au passage la gestion des opérations de production, la gestion de communautés numériques et des responsables de la logistique.

Il lui faut aussi mieux arrimer la formation offerte aux étudiants par les différentes écoles et institutions du secteur et les besoins nouveaux de l’industrie. Les centres de transferts technologiques, de même que les différentes écoles de gestion et de génie de la province devraient aussi faire davantage partie de l’écosystème naturel de l’industrie de la mode et du vêtement, estime la patronne de Mmode. «C'est un secteur en pleine effervescence axé sur l'innovation, les technologies de pointe et le développement de nouveaux marchés »

Montréal, selon Mmode, fait toujours partie des trois principaux pôles en Amérique du Nord de la confection de vêtements, après New York et Los Angeles. Cette grappe regroupe aujourd’hui 1 850 entreprises dans la province et offre du travail à 83 000 Québécois, y compris dans le commerce de détail. 

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