Lino Zambito [Photo : www.ceic.gouv.qc.ca]
Lino Zambito perdra bientôt définitivement sa résidence familiale. Son créancier, le notaire de sa famille, vient de déposer une requête pour évincer l’ancienne conjointe de M. Zambito de leur maison de Sainte-Thérèse, où elle habite toujours.
En novembre, le notaire André Turgeon a obtenu un délaissement forcé de la propriété pour récupérer 465 450 $. Mais Lino Zambito et son ex-compagne Louise Thériault «n’ont pas délaissé volontairement l’immeuble [...] ni consenti à le faire», écrit un juge de la Cour supérieure.
Le magistrat leur ordonne maintenant de quitter la maison «en faveur du demandeur aux fins de prise en paiement […] dans les 15 jours», sans quoi ils seront «expulsés par main de justice», mentionne la décision, confirmée le 29 janvier.
En juin 2013, le notaire André Turgeon avait repris à son compte l’hypothèque de la Banque de Montréal sur la résidence de Lino Zambito, d’un montant de 450 000$. L’ancien entrepreneur avait expliqué à un quotidien montréalais que l’institution financière avait rappelé son prêt après son percutant témoignage devant la commission Charbonneau. Il a reconnu avoir participé au cartel de collusion et de corruption dans la construction des infrastructures publiques.
Lino Zambito avait auparavant contracté un prêt de 40 000$ auprès de sa propre mère, Anna Rizzuto. Taux d’intérêt annuel: 12 %. Le notaire de la transaction était précisément André Turgeon.
La situation financière du témoin vedette a cependant continué de se dégrader. Sans emploi après la fermeture de sa pizzéria et accablé par des dettes d’au moins 1,6 M$, Lino Zambito a déclaré faillite six jours après avoir emprunté 450 000$ d’André Turgeon, le 12 juin.
En juillet, le notaire-prêteur a envoyé un préavis de délaissement forcé à Lino Zambito et son ex-conjointe après qu’ils eurent manqué deux paiements de 4500$.
Les Affaires a joint Louise Thériault à la résidence faisant l’objet du délaissement forcé. «Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je ne comprends pas le but de votre appel», a-t-elle dit avant de raccrocher. En 2011, Lino Zambito lui avait «vendu» 50 % de la copropriété de la maison pour 1$, comme le rapportait Les Affaires.
Nous n’avons pas pu joindre Lino Zambito, qui habite officiellement chez ses parents. L'ancien entrepreneur attend son procès pour collusion, fraude et abus de confiance dans les marchés publics de la Ville de Boisbriand.
Le notaire des Rizzuto-Zambito
André Turgeon connaît bien la famille de Lino Zambito. Il a signé plusieurs transactions immobilières des Rizzuto, sa famille maternelle élargie, sans liens connus avec l’ancien clan mafieux.
Le notaire a notamment paraphé l’achat par les Placements Rizzuto inc. d’un immense terrain de l’avenue Jean-Béraud, vendu par la Ville de Laval en 2010, sous l’administration de l’ancien maire Gilles Vaillancourt, accusé notamment de gangstérisme.
Son successeur, Alexandre Duplessis, avait demandé à la Sûreté du Québec d’enquêter sur cette transaction, enregistrée pour 463 000$. Ce prix était de 35% inférieur à l’évaluation municipale, rapportait le Courrier Laval en 2012. Des médias montréalais ont aussi révélé que la municipalité n’avait pas fait d’offre publique pour le terrain, ni engagé de courtier immobilier pour le vendre, ni commandé d’évaluation indépendante de sa valeur marchande.
La mère de Lino Zambito, Anna Rizzuto, est enregistrée comme administratrice des Placements Rizzuto inc., qui a revendu le terrain près de quatre fois plus cher à Carmine D’Argenio, concessionnaire BMW à Laval.
Joint par Les Affaires, le notaire Turgeon n’a pas voulu commenter les recours légaux qu’il a pris contre le membre le plus connu de la famille Zambito-Rizzuto. «C’est pas de vos affaires, dit-il. C’est ma vie privée.»
