Le centre-ville boudé par les industries émergentes


Édition du 10 Novembre 2018

Le centre-ville boudé par les industries émergentes


Édition du 10 Novembre 2018

Cinq quartiers en effervescence : 1 - Mile-Ex, 2 - Mile-End, 3 - Cité du multimédia, 4 - Saint-Henri, 5 - Pointe-Saint-Charles, 6 - Quartier des affaires

Une des grandes difficultés de développement de l'immobilier de bureaux à Montréal est que plusieurs de ses industries parmi les plus dynamiques, comme celles liées aux technologies et à l'intelligence artificielle, semblent bouder les tours de son centre-ville.

S'il n'y a pas de mot d'ordre officiel en ce sens dans le milieu, tous les spécialistes de l'immobilier commercial observent qu'une vaste part du développement de bureau ces dernières années, s'est fait en périphérie, parfois même aux dépens du quartier des affaires.

Depuis l'implantation à Montréal du géant français Ubisoft dans une ancienne manufacture du quartier Mile-End, il y a une quinzaine d'années, le mouvement vers les quartiers périphériques ne s'est jamais estompé, confirme Martin Galarneau, associé de TGTA, une des sociétés immobilières les plus actives dans ce créneau par les temps qui courent.

Tablant sur cette tendance, l'entreprise a acheté, il y a quelques années, deux édifices d'une ancienne manufacture de textile, située rue Saint-Urbain, en périphérie de la Petite-Italie, un ancien secteur industriel maintenant baptisé le Mile-Ex (en raison de sa localisation entre le Mile-End, au sud, et Parc-Extension, au nord).

Le moins qu'on puisse dire est que TGTA a eu du flair. Aujourd'hui, ses deux bâtiments de 400 000 pieds carrés sont loués à pleine capacité par des entreprises parmi les plus en vue de la métropole. Parmi elles, la société Element AI, leader dans l'industrie de l'intelligence artificielle, Behaviour Interactive, spécialisée dans la conception de jeux vidéos, et Rogue Research, active dans la neuroscience. Behaviour Interactive a été l'une des premières à s'installer dans cet édifice de la rue Saint-Urbain, aujourd'hui baptisé O Mile Ex. Pour ce faire, l'entreprise a dû se résigner à quitter les bureaux qu'elle occupait en plein centre-ville, boulevard De Maisonneuve Ouest.

«Ça n'a pas été facile, reconnaît son président Rémi Racine. Nous cherchions des bureaux de 40 000 à 50 000 pieds carrés à proximité ou connectés à la ligne verte du métro. Mais on ne trouvait pas. Tout ce qu'on nous offrait, c'était des espaces répartis sur plusieurs étages. C'est là que nous nous sommes tournés vers le Mile-Ex et que nous avons eu un coup de coeur pour l'édifice, puis pour le quartier.»

Les quartiers périphériques de Montréal, accessibles autant en vélo qu'en métro, tout en offrant un lieu de vie urbain intéressant et abordable pour les travailleurs qui souhaiteraient s'y établir, ont actuellement la cote, confirme Sylvain Leclair, vice-président du Groupe Altus.

«Ces espaces manufacturiers des midtowns qu'on convertit en bureaux (avec murs de briques, grandes fenêtres et vieux planchers de bétons polis) plaisent beaucoup aux créateurs des industries du numérique et de l'intelligence artificielle. Il n'y a aucun doute, ces milliers de travailleurs contribuent à la renaissance de plusieurs de ces quartiers.»

Le Mile-End, le Mile-Ex, Saint-Henri et Pointe-Saint-Charles ont tous bénéficié de l'intérêt de ces acteurs du nouvel écosystème économique montréalais. On pense ici aux concepteurs de jeux vidéo (Ubisoft, Behaviour, Gameloft, etc.), aux spécialistes d'effets visuels (Moment Factory, Rodeo FX, Reel FX, etc.) et aux chercheurs de la grappe de l'intelligence artificielle (IA).

Il y a quelques semaines, par exemple, c'était au tour de la multinationale Airbnb d'annoncer le déménagement de plus de 300 employés de sa filiale Luxury Rereats dans un nouvel édifice de six étages (150 000 pieds carrés), encore à construire entre deux anciennes manufactures de Pointe-Saint-Charles, sur le bord du canal de Lachine. De quoi, là encore, transformer le sort d'un quartier longtemps délaissé.

Outre la nécessité de dénicher un espace contigu de 100 000 pieds carrés, la qualité de vie et la proximité des universités ont joué dans la décision de l'Institut québécois d'intelligence artificielle (Mila) de déménager aussi dans le Mile-Ex au cours des prochaines semaines, a expliqué son porte-parole, Vincent Martineau. «Mais je ne vous cacherai pas que la possibilité de créer ici un écosystème où la plupart des acteurs de l'IA seraient regroupés a également joué fortement dans ce choix.»

D'ailleurs, l'arrivée du Mila dans le quartier sera rapidement suivie par d'autres. Et non les moindres. Microsoft, notamment, a décidé d'implanter son nouveau laboratoire de recherche en IA tout près, rue Marconi, à quelques rues voisines seulement.

Refusant de jeter la serviette devant une tendance qui semble jouer contre les immeubles du centre-ville, Jean Laurin, président de Devencore, tâche de se faire philosophe. «Avant, les entreprises quittaient le centre-ville pour s'installer en banlieue : Île-des-Soeurs, Longueuil ou Laval. Aujourd'hui, lorsqu'elles quittent, c'est pour s'installer à mi-chemin, dans des quartiers qui, sans être près, ne sont pas non plus éloignés. On peut au moins se réjouir qu'elles ne quittent plus l'île de Montréal.»

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